Sixième chapitre

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(Précédemment...

Esther avait réussi à s'enfermer dans une cabine de toilette, et avait lu le dernier message qu'avait reçu sa meilleure amie, Léa. Un message auquel on avait joint le screen d'un tweet qui l'avait consterné. La question sur laquelle on était restée était : Que dit ce tweet?)

Mary:

Vous vous souvenez de la petite pétasse en primaire? Celle qui ne parlait jamais et qui  est partie en France parce qu'on la "persécutait" ?  Et bien l'autre jour à mon voyage en France, je l'ai retrouvé dans la rue, par terre en train de pleurer! Ca lui apprendras à aimer les français à celle-là. Quelle conne!

J'ai vraiment envie de casser quelque chose! Que l'on dise du mal de moi, ça, ça me passe au-dessus de la tête. Mais que la personne visée soit ma meilleure amie, et que ses paroles lui fassent du mal, ça, je ne le cautionne pas. Puis cette Mary, comment peut-elle dire du mal de Léa? Elle est passionnée pour les autres langues, et alors? Qu'est-ce que ça change? Elle est différente, tout le monde est différent. Mais à ce que je vois, en primaire, il faut que tout le monde se ressemble, ait les mêmes goûts, les mêmes vêtements. En fait, ils veulent avoir des clones! Des clones, qui disent les mêmes choses, qui ont les mêmes notes, qui s'habillent de la même manière.

Mais la vie, ce n'est pas ça! La vie, c'est la différence. Etre différents, c'est comme ça qu'on est heureux, et pas en ayant la même philosophie que les autres, le même avis. Ce n'est pas en étant un autre. C'est en étant soi-même, sans rôles ni mensonges. Que des gens puissent penser l'inverse, ça me révolte. Mais le pire, c'est que ces gens ont tort, et insultent ceux qui ne leur ressemblent pas. Car bien sûr, les plus différents sont souvent les plus vulnérables. Puis, après les moqueries, les coups, les insultes, ils veulent cacher leur différence et se ranger dans le rang de petites personnes sans personnalité. Mais il est trop tard, et tout la monde à présent n'accepte plus notre différence. Et les moqueries, les coups, les insultes, tout ça ne fait qu'augmenter.

Le téléphone reçoit un nouveau message. Toujours de l'inconnu.

Et puis il faut dire qu'il y en a eu des réponses à ce tweet. Y'a même Chris, ton mec, qui a répondu "Bien fait pour cette connasse!".

Lui, par contre, jamais entendu parler!

Je regarde les précédents messages de la conversations, et j'en vois une bonne dizaine, tous reçus aujourd'hui. Ils disent plein de choses du genre "Tu es exclue, et tu le seras toujours", "Jamais quelqu'un t'aimera, tu es trop inintéressante et remplie de défauts" ou encore " Tu ne mérite pas d'exister". Et à chaque fois, Léa répondait "Laisse-moi tranquille...". Pour ma part, je trouve ces messages sans importance, mais j'imagine bien que ceci dure depuis longtemps, et qu'à force, Léa a commencé à croire à certains, puis à tout le reste. Elle a seulement effacé ceux d'avant. Mais pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé? Je suis sa meilleure amie il me semble, alors pourquoi je ne l'apprends que maintenant? Et encore, il a fallu lui tenir tête! Pourquoi c'est sur elle que ça tombe? Jamais, en tout cas à ma connaissance, elle n'a fait quelque chose qui ferait qu'elle mérite ce qui lui arrive!

Léa n'a jamais rien fait pour blesser les gens. Clément et elle sont pareils au final!  Ils feraient tout pour aider quelqu'un. Je l'ai déjà vue aider des gens, alors que ces personnes ne l'aimaient pas particulièrement. Et, les seules fois où elle a fait du mal, ça n'était pas intentionnel. Elle aide tout le temps, et jamais on ne pense à la remercier, ou à l'aider quand c'est elle qui en a besoin. Beaucoup  de personnes se fichent de ce qu'elle peut ressentir, ou de comment elle va, alors qu'elle, elle s'en préoccupe. Je le lui ai déjà fait remarquer, je m'en souviens.

_ Léa, tu es trop gentille, et les gens ne te rendent jamais ce que tu fais pour eux. Comment peux-tu l'accepter, lui ais-je demandé.

Elle relève les yeux de son livre de maths, et me fixe comme si je venais de dire une ânerie. Mais je suis très sérieuse! Léa aide tout le monde, tout le temps, à ses risques et périls, et elle ne dit rien quand des gens lui crient dessus, ou refusent de l'aider, quand c'est elle qui ne va pas bien. Comment fais-t-elle pour tout le temps avoir la volonté d'aider les autres, sans attendre quelque chose en retour. Il n'y a que très peu de monde qui lui tends la main quand elle est tombée. Il n'y a que très  peu de monde qui la remercie de son aide. Léa se démène toujours pour les autres. Mais eux non. Qu'elle puisse les aider, et au final se retrouver au fond du trou, par leur faute en plus, ils s'en moquent totalement! Elle peut se sacrifier pour eux, jamais une seule marque de reconnaissance. Un merci, ça ne coûte rien quand même!

_ Je ne sais pas, me répond-elle.  Je me dis que... quand ils seront au plus bas, et qu'ils n'auront personne pour les aider cette fois-ci, ils penseront à moi, et qu'à ce moment-là ils regretterons leur comportement.

Et elle baisse à nouveau la tête vers son cahier pour reprendre son exercice. Je vois très bien de quoi - ou plutôt de qui - elle parle. Un garçon, en cinquième, du nom de Hugo. Il se faisait racketer, mais par la bande d'amis de la fille qu'il aimait. Léa avait prévenu la proviseure, et les élèves s'étaient fait renvoyés du collège. Le garçon partit je ne sais plus où lui aussi, mais avant de partir , il lui avait dit que c'était de sa faute, et que c'était une peste.

Je prends enfin conscience de ce qu'elle vit. Elle est en train de se faire harceler! Ma meilleure amie, qui se fait harceler! On croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres, ces choses-là, mais apparemment, c'est faux. H-A-R-C-E-L-E-M-E-N-T . Je me le répète plusieurs fois avant que ça enfin clair dans ma tête. 

J'éteins soudain le téléphone, et retire mon postérieur du trône. J'ai les fesses toutes endolories. J'ai dû rester longtemps sur ce "siège" très désagréable. Je pose ma main de livre sur la poignée et la tourne. La porte s'ouvre, et une furie brune qui semble être ma meilleure amie me fonce dessus. Elle me tends la main, grande ouverte, pour que j'y pose son fameux téléphone. Je le fait, mais retiens son poignet et lui dis:

_ Tu te fais harcelée.

C'était plus une affirmation qu'une question, mais elle hoche quand même la tête, doucement. Son regard a changé, et j'ai l'impression que ça lui fait plus de mal de le dire que de le subir. Je lâche son poignet, et ouvre les bras pour la prendre, mais elle recule, et part.

***

Après son aveu, elle est parti, et m'a laissé en plan. Elle n'est pas venue en cours l'après-midi. Ni mardi, ni mercredi, et ce pendant trois semaines. Je suis venue plusieurs fois la voir, mais elle ne voulait pas me voir.

Aujourd'hui, je rentre des cours, et quand j'arrive dans ma chambre, elle est ici. Elle est assise sur mon lit, le regard dans le vague, et cette tristesse infinie présente sur tous les traits de son visage.

~~~

Coucou!!!

Je tiens d'abord à m'excuser de la fausse publication de jeudi. J'ai publié eux parties, avant de les retirer, parce qu'elle n'allait pas dans le déroulement de l'histoire. J'avais écrit quelques chapitres en avance, mais pas celui-ci, ni les quelques prochains chapitres. Je ne me suis rendue compte de mon erreur trop tard, et je m'en excuse.

Bref, comment trouvez-vous ce sixième chapitre? Est-il à la hauteur de vos attentes?

Sinon, pour l'histoire de la couverture, j'ai décidé de garder celle-ci, car, en y réfléchissant, j'ai trouvé une autre utilité pour celle de Vikitchi. Elle  servira toujours de couverture, mais pas pour ce livre. Mais bon, je vous en reparlerais une fois que mon idée aura éclos.

Merci de me lire.

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