Septième chapitre

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Même si cette chanson parle d'amour, en y réfléchissant un peu, il y  a quelques paroles qui peuvent aussi être utilisées pour décrire le harcèlement. De mon point de vue en tout cas. Bonne lecture!



(Précédemment...

_ Tu te fais harcelée.

C'était plus une affirmation qu'une question, mais elle hoche quand même la tête, doucement. Son regard a changé, et j'ai l'impression que ça lui fait plus de mal de le dire que de le subir. Je lâche son poignet, et ouvre les bras pour la prendre, mais elle recule, et part.

***

Après son aveu, elle est parti, et m'a laissé en plan. Elle n'est pas venue en cours l'après-midi. Ni mardi, ni mercredi, et ce pendant trois semaines. Je suis venue plusieurs fois la voir, mais elle ne voulait pas me voir.

Aujourd'hui, je rentre des cours, et quand j'arrive dans ma chambre, elle est ici. Elle est assise sur mon lit, le regard dans le vague, et cette tristesse infinie présente sur tous les traits de son visage. )

Je m'avance vers elle et m'assoie sur le lit. Elle se tourne vers moi, et nous nous fixons plusieurs minutes, un silence pesant s'installant petit à petit. Je crois qu'aucune de nous deux ne sait quoi faire ni quoi dire. Nous avons toutes les deux des torts à admettre à l'autre. Moi, pour ne pas m'en être aperçue plus tôt, et elle pour, tout ce qu'elle a fait à son dernier jour au lycée.

Au final, c'est elle qui brise le silence. Je commençais tout juste à m'y habituer.

_ J'aime pas quand on se bagarre.

Je relève les yeux, jusque là fixé sur mes pieds, vers son visage. Alors que les siens menacent de pleurer à tous moments. Je ne m'attendais pas à ça, mais en vérité, je ne m'attendais à rien du tout. Je pensais réellement que le silence continuerait, jusqu'à ce qu'une de nous deux en ai marre, et qu'elle parte. Je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais même pas quoi me dire à moi-même, alors pour elle... Mais sans que je m'en rende compte, je lui réponds :

_ Tu sais bien que tu es ma meilleure amie. C'est normal, que l'on ait quelques conflits. Ca devait arriver un jour...

Au fond, je ne suis pas sûre de ce que je dit, mais je lui donne l'impression que c'est une évidence, en posant délicatement ma main sur la sienne. Je n'arrive pas à croire que j'ai dit ça, en fait, je n'arrive toujours pas à me dire que la situation est bien réelle, que Léa est harcelée. Je vais me réveiller à tout moment, et que ces dernieres semaines ne seront qu'un mauvais souvenir.

_ Mais si un conflit nous détruit, Esther. On fera comment?

_ On fera des compromis, on résoudra toujours les conflits, parce qu'on est amies.

Je n'en avais aucune idée moi-même, mais ces mots me semblaient les mieux, dans notre situation. Je la vois esquisser un léger sourire, mais qui disparaît aussitôt.  Au mois, elle aura sourit, quelques secondes, mais elle aura sourit. Je continue sur ma lancée, voyant qu'elle veut plus, et tente même un peu d'humour.

_ Et si on est vraiment en colère, on se jettera peut-être de la purée au visage, mais on sera quand même amies... Parce que l'amitié, c'est plus fort que tout ça.

Cette fois, elle sourit vraiment. De toutes ses dents, je dirais presque...

_ Donc, c'est fini, murmure-t-elle d'une voix de souris. On a plus de problèmes?

Elle baisse les yeux et triture de ses doigts quelque chose invisible.

_ Non on en a plus... Enfin, si, il en reste un.

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