Chapitre Septième
Un rayon de soleil lui chatouille les paupières. Une douce chaleur s'installe sur toute une partie de son visage, et un léger frisson parcourt son corps. Ses yeux refusent pour l'instant de s'ouvrir mais elle ne s'en plaint pas spécialement. Des chants d'oiseaux atteignent ses oreilles en une agréable mélodie. Au loin, il lui semble entendre un bruit répétitif, proche de celui que feraient deux pierres cognées l'une avec l'autre. Le son n'est pas gênant, au contraire, il raisonne comme les clics réguliers d'une horloge, à la manière d'une berceuse.
Elle inspire profondément. L'air a une odeur de lavande. Toujours les yeux fermés, elle profite de la délicieuse atmosphère dans laquelle ses sens semblent avoir été plongés. L'ambiance estivale, la température agréable et les effluves floraux forment ensemble un exquis cocktail de bien-être, qu'elle savoure jusqu'à la dernière goutte.
Il semblerait que le paradis soit bel et bien réel tout compte fait. Elle bouge lentement ses doigts, comme pour être sûre qu'ils sont encore opérationnels. Ses bras sont allongés le longs de son corps, et reposent, elle le sent, sur un drap d'une grande douceur. Elle prend une grande poignée du tissu et sert le poing pour mieux s'imprégner de sa finesse.
Au fur et à mesure qu'elle sort de son sommeil, elle se fait une raison, et décide finalement d'ouvrir les yeux, pour apprécier visuellement le monde qui l'entoure. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut découvrir à quoi ressemble le monde de la vie après la mort.
Elle est d'abord éblouie par le faisceau lumineux présent dans la pièce. Ses prunelles s'habituent peu à peu à la nouvelle lumière. Elle tente de lever la tête pour analyser le décor qui l'entoure, mais est prise d'un vertige qui la cloue à son oreiller. C'est le regard orienté vers le plafond qu'elle découvre où elle se trouve. Tout autour d'elle s'élève une armature en bois, du sol au toit. A première vue, elle dirait se trouver dans un chalet, ou du moins ce qu'il en reste. Le bois a plutôt très mal vieilli, et il manque ici et là certaines planches, ouvrant des trous béants sur l'extérieur de l'habitation. A sa droite elle aperçoit une fenêtre sans vitre. La lumière y pénètre en un puissant rayon et vient s'étaler tout le long de son corps. Dehors, elle découvre un bois. Des arbres par dizaines si ce n'est plus s'élèvent dans le ciel et lui cachent l'horizon.
Elle trouve finalement la force de se lever et de s'adosser contre le mur près de son lit. L'esprit embué, elle tique en sentant une douleur lancinante lui tordre l'abdomen. Le bandage qu'elle découvre, enroulé sur plusieurs couches autour de son bassin et remontant jusque sous ses seins, finit d'anéantir ses espoirs d'être véritablement morte. Des souvenirs du combat entre elle et l'homme aux cheveux longs resurgissent dans sa mémoire, mais ils semblent si lointains qu'elle ne ressent rien de particulier en y repensant. Elle est étonnée d'être toujours en vie après le coup qu'elle s'est infligée, mais encore groggy de son réveil difficile, elle n'y prête pas plus attention que ça.
Le bruit de coups s'arrête. Riven le remarque et tourne la tête vers ce qui semble être la porte d'entrée. Rien ne bouge, et il lui semble que même les oiseaux se soient arrêtés de chanter. Elle entend un bruit de pas sur du gravier. Le son se rapproche d'elle, pour finalement disparaître à nouveau.
Elle reste un instant figée, comme en transe, attendant avec appréhension que l'inconnu dehors pénètre dans l'habitation. Habituellement, elle se serait sentie vulnérable au point d'en faire une crise cardiaque, mais la légère torpeur dans laquelle son corps est encore plongé inhibe totalement ses peurs.
La porte s'ouvre finalement, et elle regarde sans réagir un homme qu'elle ne connait que trop bien franchir le pallier. Il est torse nu, quelques gouttes de sueurs parcourent ici et là sa musculature ferme, et son pantalon en tissu fin bouffant est serré contre sa taille par ce qui ressemble à un épais cordage en guise de ceinturon. Il referme la porte derrière lui et se passe l'avant-bras sur le front. Puis il se tourne et, comme par habitude, regarde dans sa direction. Il se fige en la voyant. Il plisse imperceptiblement les yeux de surprise et plonge ses iris dans ceux de Riven. Le cœur de la jeune femme aux cheveux blanc rate un battement, mais elle ne bouge pas d'un cil et tient le regard du jeune homme face à elle.
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Cœur Gelé
FanfictionRIVEN/YASUO FANFICTION Elle est folle, il est raisonnable. Ou l'inverse? Dans tous les cas, ils auront besoin l'un de l'autre pour se reconstruire.