Malgré ses tentatives pour garder les yeux ouverts, Riven ne put s'empêcher de fermer les paupières, épuisée par les cris de la victime des geôliers. Elle dormit d'un sommeil de plomb, sans rêve, ni cauchemar. Un de ceux dont on ne se réveille pas plus reposé, mais dont on ne se plaint pas particulièrement non plus.Ce sont des éclats de voix tonitruants qui la réveillent, un temps indéterminé après qu'elle se soit endormie.
Car il est n'est nul chose plus sûre qu'après presque un mois dans ce trou, elle avait arrêté de compter les heures et les jours, si bien qu'elle en avait perdu toute notion du temps.
Jour, Nuit, Lundi, Mercredi... Aucune importance.
De jour comme de nuit, il faisait noir. Pas un noir partiel, percé ici et là par quelques orifices lumineux à l'instar d'hypothétique fenêtres ou meurtrières, non. Un noir opaque, dense, épais, presque palpable. Un noir total. Les seules lumières qu'elle pouvait entrevoir étaient celles des torches mal allumées des gardes quand il passait « lui rendre visite », bien que ce soit relativement rare.
Elle incline son visage vers ses mains, les approchant un peu de ses yeux pour les voir. Elles sont sales. Si elle était honnête avec elle-même, elle s'avouerait qu'elle est dans un état pitoyable. Mais un tel aveu n'est pas tolérable. Pas pour une Noxienne. Quand bien même elle n'est plus à l'heure d'aujourd'hui qu'une ex-Noxienne, elle n'admettrait pour rien au monde sa faiblesse.
Des hommes l'ont torturée avant qu'elle n'atterrisse ici, évidemment. Ils lui ont surement cassée une ou deux côtes, fracturée trois autres. Mais le plus dur ici, ce n'est pas la douleur physique. C'est l'état psychologique dans lequel elle a sombré petit-à-petit. Les vertiges dues au manque de nourriture, la frustration du manque de lumière, l'absence totale d'occupation et l'ennui combinés aux monologues de son voisin l'ont lentement fait chavirer dans un état de paranoïa, autorisant tous les fantômes de son passé à se retourner enfin contre elle, réclamant justice.
Les voix se rapprochent, et les torches font leur apparition en haut de l'escalier qui descend vers les cellules. La jeune femme peut enfin distinguer des mots et comprendre plus ou moins la conversation.
Une conversation d'hommes ivres.
Elle reconnait les trois geôliers, qui ricanent et braillent comme des cochons, complètement saouls. Ils se moquent ouvertement des cris de « gonzesse » de leur victime après tel ou tel traitement qu'ils lui ont infligé. Après encore une bonne dizaine de fou rires et quelques facéties absolument ridicules, ils arrivent finalement au même niveau qu'elle. L'un d'eux déambule maladroitement jusqu'à sa grille, et après deux hoquets sonores et non retenus, fourre une grosse clé dans la serrure, et ouvre la porte.
Sa porte.
Pas celle de la salle voisine.
Si elle n'avait pas été enchainée comme un goret avec ces mailles la reliant au mur, elle n'aurait fait qu'une bouchée de ces trois imbéciles.
A sa grande surprise, elle les voit jeter le corps inanimé de celui qu'elle devine être son bienfaiteur. Les idiots n'ont pas du remarquer sa présence, et se sont trompés de cellule.
Sans savoir pourquoi, elle retient sa respiration. Qui sait ce qu'il pourrait lui arriver s'il la découvrait maintenant. Vu leur état d'ébriété, il est évident qu'ils feraient d'elle leur friandise.
Si seulement elle avait pu naître Homme.
Cela lui aurait épargné bien des soucis.
Mais sa décision de ne pas se faire remarquer incombe à cinquante pour-cent à une autre raison, bien plus égoïste. Après avoir passé des jours et des jours à l'entendre, Riven aurait donné n'importe quoi pour connaître le visage de l'autre prisonnier. Ce moment était l'occasion rêvé, et elle ne va certainement pas rediscuter sur une offre en or telle que celle-ci.
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Cœur Gelé
Hayran KurguRIVEN/YASUO FANFICTION Elle est folle, il est raisonnable. Ou l'inverse? Dans tous les cas, ils auront besoin l'un de l'autre pour se reconstruire.