Chapitre 3

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Mira était assise dans le couloir depuis bientôt quinze minutes à se rejouer mentalement la scène de la veille, en essayant de trouver peut-être un mot ou une phrase qui pouvait laisser croire qu'aujourd'hui son destin n'était pas si périlleux qu'il en avait l'air. Le plus triste dans cette histoire c'était qu'aucun membre du personnel ne l'avait reconnu. Les mains serrées sur les lanières de son sac, Mira avait beaucoup de mal à accepter la robe incandescente qu'elle portait. Bientôt elle allait assurément exploser !

La porte s'ouvrit, son cœur cessa de battre quand deux silhouettes d'hommes quittèrent la suite avec des mallettes. Le duc sortit dans le couloir mains dans les poches en les regardant partir.

Elle cessa de respirer devant cette vue, improbable mais pourtant réel. À la lumière du jour, il était sans fausse note l'homme le plus magnifique qu'elle avait la chance d'admirer, quelque soit les véritables et tristes raisons de sa présence ici.

Le mâle alpha, sûr, dégageant un charisme terrifiant se tenait à quelques mètres d'elle vêtu d'un pantalon noir sur lequel reposait autour de sa taille des bretelles noires remontant sur son torse et ses épaules, serrant sa carrure d'athlète.

Quand il se retourna, son regard accrocha le sien. Ses yeux d'acier trempé s'emparèrent d'elle. Sa mâchoire ciselé se contracta sur son visage typiquement grec avec son nez droit et sa bouche légèrement tordue en un demi sourire cruelle.

Mira déglutit et se leva.

Une main tendue vers la porte, il l'invita à entrer.

- Mademoiselle Ludington, inutile de vous montrer le chemin ?

Elle ignora sa petite note sarcastique et pénétra dans la suite en prenant le soin d'esquiver son regard.

En lumière, la suite était somptueuse et raffinée. Elle fut prise de sanglots en se rappelant ce moment gênant qu'elle avait dû subir lors de son renvoie. Une humiliation qu'elle n'oublierait jamais...

Alek resta un instant en retrait, derrière elle, l'observant avec méfiance. Il avait peu dormi, ressassant les paroles de cette femme aux formes menues, à la robe trop extravagante, au maquillage appuyé. Ce genre de femme ? Il y avait droit tous les jours. Cette Evy Parxon ne lui disait rien, et ses avocats lui avaient confirmé ce matin même, qu'aucune Evy Parxon avait de près ou de loin un quelconque rapport avec lui. Alek venait d'en conclure que cette histoire ridicule était tout bonnement un moyen de mettre la main sur lui et sa fortune. Un chantage...

C'était bien la première fois que l'on usait de chantage sur lui. De surcroît, en envoyant une amatrice, loin d'être la voleuse de l'année. Mais c'est en la voyant que soudain l'idée l'avait frappé.

Sophistiquée, ressemblant à toutes les jet-setteuses qu'il avait l'habitude de côtoyer, cette femme avait une seule particularité.

Si lui ne l'avait pas reconnu, personne connaissait cette femme. Ainsi elle était la parfaite candidate pour tenir le premier rôle de la mascarade qu'il devait mettre en place pour que sa mère abandonne l'idée impensable qu'elle s'était mise dans la tête depuis sa convalescence.

Il avait toujours été maître de son destin, bien avant d'être un duc. C'est lui qui imposait ses règles et non l'inverse. Et bien qu'il aimait sa mère, Alek refusait catégoriquement qu'elle joue les entremetteuse.

- J'ai beaucoup réfléchi mademoiselle Ludington.

Alek s'avança d'un pas tranquille vers elle pour l'examiner.

- Vraiment ?

- Je ne connais pas votre amie, mes avocats me l'ont confirmé ce matin.

- Parce que vos avocats ont une liste des femmes que vous côtoyez ?

La petite note insolente dans sa voix le fit sourire.

- Contrairement à ce que laisse paraître les magasines de presse, quand j'ai une maîtresse elle reste suffisamment longtemps pour que je me rappelle de son prénom, de ses goûts et de ses intentions...

- Evy a les preuves qui...

- Peu importe les preuves. Coupa-t-il en perdant son sang froid. Je vous l'ai dit hier. Pour moi l'avortement est contraire à mes valeurs, mes convictions. Jamais je tuerais mon bébé !

Mira se recula pour venir butter contre le bureau en bois massif.

- Bon sang je n'y crois pas ! S'écria-t-elle soudain, complètement perdue.

- Si c'est une ruse pour obtenir de moi une généreuse sommes d'argent ça ne marchera pas ! Reprit-il en haussant le ton.

Le doute et l'incertitude lui fit perdre le fil de la conversation. Elle ignorait qui croire. Si Evy lui avait menti, Mira ne lui pardonnerait sans doute jamais.

- De l'argent ? Répéta Mira en le dévisageant.

- Oh par pitié n'essayez pas de me faire croire que ce n'est pas ça qu'elle voulait. Cracha-t-il avec un rictus de colère.

Non, il se trompait. Les intentions d'Evy étaient bien plus féroces que ça. Mais comment pouvait-elle le détromper ? Si Evy voulait récupérer le Duc qui semblait avoir une petite amnésie, derrière cet homme, il y avait quand même " De l'argent "

- En attendant, nous devons parler vous et moi. Annonça-t-il en l'invitant à s'installer sur le fauteuil.

N'ayant d'autre choix que de se plier à ses exigences, elle se laissa tomber sur le fauteuil avec un mauvais pressentiment.

- J'ai besoin de vous.

Mira s'attendait à tout sauf à ça. Elle s'imaginait qu'il veuille se venger, qu'il exige réparation, mais certainement pas qu'il lui demande son aide.

Méfiante elle le dévisagea en attendant la suite.

- J'ai besoin de vous pour jouer la comédie...

Un bouleversant chantageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant