Chapitre 17

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    - Mon dieu...

Alek n'avait rien trouvé de plus à dire après avoir lu le dossier détaillé. Il se frotta les yeux et se frotta le bout du nez pour faire retomber lourdement sa main sur le bureau.

Pour la première fois de sa vie, il se sentait assailli par la culpabilité.

- J'ai aussi là les photos de l'orphelinat.

Thomas posa les anciens journaux datant d'il y a des années juste devant lui.

Il n'avait pas la moindre envie de faire perdurer la sentence qui venait de s'abattre sur lui comme un impact de foudre.

- Merci pour tes services Thomas. Murmura-t-il en saisissant le bout du vieux journal entre ses doigts.

Thomas s'éclipsa pour le laisser seul. Le petit bout de femme dont l'apparence paraissait à la fois fragile et farouche cachait un lourd passé. Alek se leva et enfonça nerveusement ses mains dans ses poches en exhalant un soupir. Que pouvait-il y avoir de pire d'être abandonné à côté d'une poubelle dans un rue ?

Ravagé par la honte d'avoir profité de cette jeune femme, Alek reconsidérait à présent son idée de l'avoir impliqué dans cette histoire. Cependant quelque chose de bizarrement fort lui interdisait de la renvoyer chez elle...

Avait-elle au moins un toit ? Se demanda-t-il en crispant son visage de tristesse. Il se mit à arpenter son bureau personnel comme un lion en cage, puis attrapa au vol le dossier pour le relire. Beaucoup de chose lui enserra le cœur, mais l'une d'entres elles étaient presque une énigme pour lui. Pas de scolarité, aucun dossier, ni d'inscription dans une faculté. Comme si Mira Ludington avait disparu des radars pendant toute son enfance. Alek se mit à réfléchir à toute vitesse...puis la réalité accordé aux récents événements lui apportèrent toute la lumière sur cette énigme. Au lieu de s'en réjouir, Alek sentit de nouveau son cœur se serrer. D'ordinaire, rien ne parvenait à l'atteindre, mais cette fois-ci, Alek murmura en grec avant de sortir de son bureau. C'est d'un pas décidé qu'il marcha à toute hâte jusqu'à ses quartiers en espérant qu'elle ne soit plus avec sa mère. Quand il la trouva, c'est plus désirable que jamais qu'elle se présenta à lui. Ses cheveux roux étaient sublimés par la pince doré qu'il connaissait que trop bien. Sa mère venait sans doute de lui en faire cadeau. Un nouveau pincement lui arracha une grimace. Alek resta en retrait pour la contempler silencieusement. Elle époussetait la commode avec sa main valide à l'aide d'un chiffon et s'obstinait les sourcils froncés à préciser les bords.

Alek se racla la gorge pour signaler sa présence.

Elle sursauta, une main sur le cœur.

Ses joues devinrent immédiatement rouge.

- Vous m'avez fait peur.

Il resta immobile, incapable de bouger. Il rassembla ses forces pour allé fermer les deux portes.

À clef.

- Que faites-vous ? Questionna la jeune femme en un rire nerveux

- Je m'assure que vous ne preniez pas la fuite.

- Et...et pourquoi devrais-je prendre la fuite ?

Alek revint se mettre en face d'elle.

- J'ai fait des recherches sur vous. Lâcha Alek de but en blanc.

Immédiatement, son visage pâle devint presque translucide.

- Comment ? Qu'est-ce que vous dites. Balbutia-t-elle en serrant le chiffon dans sa main.

Il vit le désespoir emplir ses grands yeux.

- Je sais d'où vous venez Mira...

Lorsqu'il s'approcha, elle se recula en le dévisageant.

- Pourquoi avez-vous fait ça !

- Pour en apprendre plus sur vous...et je regrette à présent, mais il est trop tard.

Mira aurait voulu tout lire dans ses yeux...sauf cette lueur de compassion qui luisait dans son regard d'acier. L'appréhension noua son estomac. Elle voulait partir loin d'ici et fuir cet homme.

- Je comprends à présent pourquoi vous avez volé mes notes d'hôtels.

Ça y est. Cette fois-ci son cœur se mit à battre sourdement dans ses oreilles. Des petits points dansèrent dans ses yeux. Les larmes montaient peu à peu au creux de ses paupières.

- Pas de scolarité...vous avez disparue des radars pendant des années.

Plus il se rapprochait plus elle se sentait partir lentement.

Il baissa sa tête pour l'incliner vers son regard embué de larmes.

- Vous ne savez pas lire c'est ça ?

Quand sa question avait franchi ses lèvres, Mira hoqueta pour refouler ses larmes. Il posa ses grandes mains sur ses épaules pour les presser dessus. Si ce geste paraissait apaisant, Mira n'arrivait plus à contrôler ses sanglots.

- Allez-y...cracha-t-elle dans un murmure presque inaudible. Moquez-vous, tout le monde le fait.

- Jamais je ne ferai une chose pareille ! Gronda-t-il gentiment en dénouant sa cravate.

Il la plia et tamponna ses yeux humides pour essuyer ses larmes. Elle tentait en vain de refouler l'afflux d'émotions contradictoires qui montait en elle. Les gens se moquaient d'elle en général. Alors pourquoi cet homme qui avait jusque-là éprouvé envers elle que du mépris semblait affecté par son histoire.

- Mira. Vous seriez surprise par le nombres de personne qui ne savent pas lire. Murmura-t-il en séchant ses larmes. Allons, ne pleurez plus, ça abîme votre visage.

Mira se recula, le front plissé. Elle se demandait s'il se jouait d'elle. Pourquoi son problème suscitait en lui un tel intérêt pour elle.

- Qu'est-ce qui vous prend ? Vous êtes souffrant ?

Il faillit éclater de rire.

- Je me sens parfaitement bien. Dit-il en posant sa cravate sur la table. Je pourrais vous apprendre à lire ?

Bouleversée, Mira dut s'armer de forces pour réagir à ce qu'il venait de dire.

- J'aurai préféré que vous me riez au nez plutôt que de subir votre pitié !

Elle se retourna violemment incapable de supporter plus longtemps son regard sérieux. Le fait de le savoir juste derrière elle, l'a déstabilisé. La naissance de ses doigts se posa juste à la l'extrémité de son cou pour dégager ses cheveux en désordre. Sa colonne vertébrale en fût électrifiée...Mira ne put s'empêcher de fermer les yeux.

- Pourquoi refuser mon aide ? J'ai vraiment envie de vous aider Mira. Insista-t-il en l'obligeant à se retourner.

- Pourquoi vouloir m'aider ? Vous savez que mon passé va engendrer beaucoup de problèmes. Je suis peut-être analphabète mais pas stupide. Si jamais les journalistes apprennent que votre fiancée est le fruit d'une union de deux drogués à l'héroïne et que je n'ai reçu aucune éducation, le monde va trembler !

L'homme parut soudain en proie d'une vive colère. Mais Mira n'avait pas l'intention de se voiler la face. Dès l'instant où elle avait naviguer sur internet, elle avait su distinguer les deux premières lettres de son prénom. Alek Kaïros était l'information du moment. Sur les photos qu'elle avait vu, sa tête rousse était un peu partout. Si lui avait réussi en quelques heures à détenir toutes les informations sur son passé, un journaliste futé ne mettrait pas longtemps à trouver de quoi remplir les magasines de presses.

- Venez avec moi, je veux vous montrer quelque chose...

Un bouleversant chantageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant