chapitre 34 : Kim

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     David m'a énormément  aidé durant les heures  qui ont suivis cette affreuse  nouvelle.  Il m'a tout d'abord calmé puis rassuré.  Cet homme a  écouté  toutes mes  souffrances et tout mes péchés de A à  Z  alors que lui même est en deuil.  C'est un inconnu différent  des autres.  Il est agréable, charmant. Il inspire tout simplement la confiance d'autrui.   On a envie de se réconforter  encore et encore dans cette poitrine puissante. David incarne la protection même. 
Je suis toujours dans cette salle avec lui. Assise par terre et David en face. Nous ne parlons pas forcément. Nos silences suffisent.  Je ne sais pas depuis combien  de temps nous sommes  là mais ... Je m'en fiche ... de tout façon  tout est finis. Que puis je faire d'autre ? Courir après un assassin à  travers le monde ? Être au chevet de Jenny ou de Ben ? Ou être à  la morgue avec le corps de Semir ?

- Kim  ? M'appelle  David  me coupant alors de mes  sombres rêves.

- oui ? Dis je las. 

- et bien ... pourquoi avoir fait ce métier avec tout les inconvénients  ?

- dites moi quel métier n'a pas d'inconvénients David.  Aucun.  Je voulais  aider, me sentir plus forte sûrement et surtout, je voulais sauver le monde pour le rendre meilleur. Mais hélas ... je n'y arriverai  jamais. 

- on peut toujours réussir à  le rendre meilleur un peu plus chaque jour ...

- vous savez ... des corps mutilés, j'en ai vu des centaines. Mon cerveau est comme un appareil photo. Je n'ai qu'à fermer les yeux quelques instants et une série de cadavres  macabres m'envahissent.  Vous devez sûrement connaître notre réputation ...

- la  réputation de dépression  et d'alcoolisme.

- exact.  Il est tellement facile de tomber en dépression  ... il  est  tellement facile aussi de boire un verre  pour oublier quelques instants les horreurs que l'on vois jour après jour. 

- vous êtes commissaire pourtant ? Vous êtes derrière un bureau il me semble ...

- exact ... mais avant j'étais sur le terrain et j'ai perdu mon maris. 

- oh ...

Il ne dit rien d'autre  à  part ça. Nouvel instant de silence.  Un silence reposant  et agréable.

- je ... je vais peut être y aller, commence David, J'ai un peu trop traîné  dans l'hôpital aujourd'hui 

- bien sûr ...

Je me lève avec beaucoup de difficulté . Rester assise pendant des heures entières sur un sol sur, ça  ne fait pas beaucoup de bien à  mes  fesses endormis.

- je vous raccompagne  jusqu'à la chambre de votre ami ?

- je ne vais pas vous déranger  plus longtemps  David. Vous avez déjà fait tellement pour moi.

- vous aussi ...  nous nous croiserons peut être demain ... si vous venez.

- je serai là.

- parfait. À  demain alors.

Il quitte la pièce en me regardant avec un sourire. Peu  de temps après,  je le suis et retourne d'un pas traînant dans la chambre de Ben. Maintenant, je dois lui annoncer la mauvaise nouvelle. Comment lui dire que son coéquipier et meilleur ami est décédé par ma faute. 

Je me mordille la lèvre et hésite  à  rentrer dans la chambre.  Je hoche  la tête négativement.  Je suis incapable de faire ça. 

- commissaire ?

Je me retourne surprise et découvre un Armand plus fatigué que jamais.

- j'ai ... j'ai appris la nouvelle ...Comment  va Ben ?

- je ... je ne lui ai encore rien dit.  Je n'en suis pas capable Armand.

- commissaire ... vous allez bien ? Je ne vous ai jamais vu comme ça  ...

- je suis au bout du rouleau vous savez. J'ai touché le fond.

Il pose sa main sur mon épaule et dit d'une voix solennel :

- non  commissaire ... vous savez quoi ? Je vais venir avec vous pour vous aider.

Qui L'eu Cru. (Alerte Cobra)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant