Chapitre 7: Le retour.

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Nous revoilà devant la chambre de Sargas. Delta s'acharna frénétiquement sur la porte, à croire que son seul désir était de la fracasser en mille morceaux.
-Arrête ça ! criais-je en lui attrapant le bras.
Il se débattit d'abord, puis, voyant que je ne le lâcherais pas, il arrêta et prit un air bougon. Sargas ouvrit la porte à ce moment. Ses cheveux en bataille lui donnaient un air rebelle qui lui allait à ravir. Mais qu'est-ce qui m'arrive ?! Je dois vraiment me calmer.
-Eh, mec, calme-toi ! Au cas où tu ne le saurais pas, je ne souffre pas de surdité. Par contre, si tu continues à frapper aussi fort à la porte, ça ne saurait tarder, plaisanta Sargas.
Je me mordis la lèvre pour ne pas rire. Quant à Delta, il serrait les poings. Je réprimai un sourire en voyant l'air amusé de Sargas.
-Ouais, c'est bon. On doit descendre pour le souper, aboya sauvagement Delta.
Sa hargne soudaine me fit frémir. Je venais de découvrir une autre facette de mon copain. Je dois avouer qu'elle ne me plaisait pas particulièrement, voire pas du tout. D'autant plus qu'il n'avait aucune raison d'agir ainsi envers Sargas... à moins que...

La salle à manger du palais était une grande pièce aux murs couleur saumon. Des tentures de velours bordeaux ornaient les fenêtres et de grands lustres en cristal pendaient au plafond. Ils diffusaient une douce lueur. Au centre de la salle trônait une longue table en chêne blanc garnie de mets qui semblaient aussi succulents les uns que les autres. De confortables chaises entouraient celle-ci. Delta, Sargas et moi avons pris place autour de la table. Je me retrouvai entre Delta et Sargas. Au moins, avec moi pour les séparer, ils ne risquaient pas de se battre. Au lieu de me préoccuper d'eux, je lorgnai plutôt les plats disposés sur la table : de magnifiques saumons en belle-vue, des pêches au thon, des pilons de poulet, des pommes de terre rissolées aux herbes aromatiques, des brochettes de légumes et j'en passe. Chaque plat était décoré de radis découpés en étoiles. C'était tout simplement splendide. Une fois tout le monde attablé, je ne me fis pas prier. Je me servis généreusement, étant donné que mon estomac criait famine. Je jetai un regard en direction de mon voisin de gauche. Sargas avait fait la même chose que moi. Apparemment, lui aussi avait une faim de loup. Quant à Delta, il n'avait pas grand appétit. Il agissait bizarrement depuis l'arrivée du mystérieux Sargas...

Le repas s'était plutôt bien passé. Enfin, si on omet le fait que Delta ait tiré la tête toute la soirée. En fin de soirée, nous sommes remontés dans ma chambre. Sargas a rejoint la sienne, toujours sans me quitter de son hypnotisant regard ambré. Son côté mystérieux était de plus en plus intriguant. Je tentai de le faire sortir de mes pensées. En vain. J'étais trop curieuse à son égard pour ne pas penser à lui. Il y a une question qui me hante depuis des heures: Pourquoi Sargas ne cesse-t'il pas de me regarder ? Il le fait dès qu'il en a l'occasion.
-Delta ? chuchotais-je.
-Mmmm... oui ?
-Embrasse-moi.
Il s'exécuta sur le champ. J'avais un besoin urgent de me changer les idées, et seul Delta était capable de me "transporter" ailleurs, loin de tous ces tourments qui m'envahissent.
-Je t'aime ma belle, murmura-t'il tendrement au creux de mon oreille.
-Moi aussi, répondis-je dans un souffle presque imperceptible.
Il me caressa doucement les cheveux. Ses yeux profonds se posèrent tout d'abord sur mon visage, puis descendirent tout le long de mon corps en le détaillant méticuleusement. Je regardai Delta et vis que ses muscles se dessinaient parfaitement sous son t-shirt moulant. Je sentis le coin de ma bouche s'humidifier. Mince, ça recommence !
-Et dire que c'est moi qui te fais cet effet ! me taquina mon copain.
-Faux, c'est Wezen qui provoque cette réaction ! ripostai-je.
Et je fis mine de bouder. Je n'avais rien trouvé d'autre à répliquer, mais ça fera l'affaire. Pour avoir eu cette idée, il m'avait suffit d'entendre Wezen aboyer.
-Tu râles ?
Je ne répondis rien.
-Elena, je rigolais !
Toujours aucune réaction de ma part.
-Bon, si tu ne veux pas me parler, je vais tenter autre chose.
Et il plaqua ses lèvres sur les miennes sans que j'aie le temps de comprendre de quoi il parlait. Le pire, c'est que je ne pouvais plus faire semblant de lui faire la tête. Quand il m'embrasse, je perds tous mes moyens et je me focalise sur une seule et unique chose: lui. Je m'éloignai prudemment et le fixai avec insistance, m'attendant à ce qu'il se vante d'avoir raison. Mais il n'en fit rien. Il se contenta de me sourire et de me serrer dans ses bras. Est-ce seulement permis d'aimer autant ? Bah, de toute façon, peu importe. Il m'aime, je l'aime, n'est-ce pas tout ce qui compte ? Si, évidemment. La fatigue commençait à me gagner petit à petit. Je me mis à bailler. Encore une fois, la journée avait été éprouvante. Delta me jeta un regard compréhensif. C'est à ce moment que je me rendis compte qu'il avait les yeux rougis par la fatigue, lui aussi.
-Je vais me changer, dis-je d'une voix ensommeillée.
-Moi aussi, répondit-il.
Je me dirigeai vers ma salle de bain d'un pas traînant et enfilai un pyjama couleur lavande. Je retournai dans ma chambre et me laissai tomber lourdement sur mon lit. Delta entra à cet instant, sans frapper. Il portait un simple short noir et un t-shirt blanc moulant. Je le soupçonnai de vouloir me faire baver à sa vue. Mais il ne m'aura pas cette fois ! Bien qu'il soit affreusement sexy, je n'allais pas me laisser avoir. Il me rejoignit sur mon lit et nous nous sommes glissés sous les draps.
-Repose-toi ma belle, me dit-il dans un murmure.
Je hochai la tête en signe d'approbation avant de me rendre au pays des rêves.

Le matin. Mon ennemi juré depuis ma plus tendre enfant, sans nul doute. Delta ronflait doucement à côté de moi. Il ouvrit un œil, puis l'autre, comme si il avait senti que le dévorais des yeux. Il est tellement beau quand il dort ! Il arborait un large sourire et avait l'air d'une humeur radieuse. Allez savoir pourquoi, je me le demande.
-Alors ma belle, bien dormi ?
-Comme une marmotte, répondis-je, toujours à moitié endormie.
Il m'embrassa doucement. Je ne pouvais espérer un meilleur réveil !
-Bon, je vais peut-être aller me changer, annonçais-je.
-Oh, dommage. Je suis bien ici, juste avec toi, fit Delta d'un air déçu.
Je me dirigeai d'un pas traînant vers ma penderie. Les robes qu'elle contient sont magnifiques, mais personnellement, ce n'est pas ce que je mettrais quotidiennement. Je fouillai donc au fin fond de ma penderie et y dénichai...des jeans et des t-shirts ! Je crois que ma mère se doutait que les tenues que j'avais l'habitude de porter me conviendraient tout aussi bien ici. Je choisis donc un jeans bleu marine et un t-shirt crème avec "Universe" inscrit en turquoise. Je pris aussi une paire d'escarpins noirs. Je pris ensuite la direction de ma salle de bain afin de prendre une douche bien chaude.
C'est la douche qui eut raison de ma fatigue, qui me quitta instantanément. Je pris mon gel douche aux agrumes et commençai à me savonner. Ce parfum enivrant s'empara de mon odorat. Cette sensation de douceur sur ma peau me fit un bien fou. Une fois rincée, je saisis mon peignoir de bain et m'en enveloppai. Puis j'enfilai mes vêtements.
Delta m'attendait, lui aussi tout habillé. Il portait un t-shirt noir et un jeans.
-Tu viens ? me demanda-t-il. Je commence à avoir faim.
-J'arrive, c'est bon ! répondis-je.

Nous sommes entrés dans la salle à manger. Tout à coup, je vis le sourire de Delta se décomposer. Je compris enfin pourquoi il était d'humeur si joyeuse en se levant. Il savait que Sargas repartirait chez Cassiopée dès le petit matin. Pourtant, Sargas était toujours là, installé à la table en mangeant un étrange croissant blanc. À notre entrée, il nous adressa un sourire radieux. Je le lui rendis timidement. Je me dirigeai vers ma mère pour lui dire bonjour. Après cela, j'allai m'installer près de Delta, qui avait soigneusement évité de se mettre près de Sargas. Je pris tranquillement mon petit déjeuner en compagnie de Delta. Ses parents n'étaient pas présents. Sargas se leva.
-Je vais retourner chez Cassiopée, annonça-t-il. Je devrais être de retour ce soir.
Il me glissa un regard complice. Qu'est-ce qu'il mijotait encore ? Je ne m'en préoccupai pas pour l'instant.

La journée se déroula calmement. Je passai le plus clair de mon temps avec Delta. Wezen nous avait accompagné chez Sophia. Elle m'avait regardé avec des yeux ronds comme des billes quand j'eus fini de lui expliquer les évènements de ces derniers jours, puis elle a reporté toute son attention sur Wezen, qui nous attendait patiemment. Sophia a toujours adoré les animaux, en particulier les grands chiens. Après notre petite visite, nous sommes rentrés à Denegaïr. Delta et moi nous sommes promenés dans les jardins, en amoureux.

Le soir commençait à tomber. L'air se fit plus frais, et je frissonnai. Delta me passa sa veste pour me réchauffer. Pour lui montrer ma gratitude, je l'embrassai. Bien qu'il fasse sombre, je le vis très nettement m'adresser un sourire conquis. Au loin, j'aperçus Sargas qui arrivait. Il n'était pas seul. Il soutenait un homme dont je ne distinguais pas le visage. Je n'avais pas besoin de le voir pour comprendre de qui il s'agissait...

***
Voilà voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! J'en profite pour vous faire une petite annonce : j'ai commencé à écrire une nouvelle histoire intitulée "King Dragon". Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à jeter un œil ! Le prologue est déjà disponible et le premier chapitre est en cours d'écriture ! Bonne lecture !

L'enfant des Étoiles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant