Chapitre 8: Rapprochement.

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Sargas marchait dans notre direction, soutenant toujours mon père, car oui, il s'agissait bien de lui. Delta dut remarquer à mon air qu'il y avait quelque chose, car il me demanda:
-Ça va ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-Oui oui, ça va. C'est juste que...
-Que Sargas a sauvé ton père, termina Delta.
Je me tournai vers lui et hochai la tête en signe d'affirmation. Sargas arriva à notre niveau.
-Regardez un peu qui je ramène ! s'exclama-t-il avec un enthousiasme non dissimulé.
-Oui, on a vu. Peut-on rentrer maintenant ? demandais-je.
-Oui ma belle. Laisse-moi le soutenir maintenant, ou tu ne tiendras bientôt plus debout, proposa Delta à Sargas.
-Ok mec, répondit Sargas.
Et Delta passa le bras de mon père autour de ses épaules pour l'aider à avancer. Je restai plus en arrière, Sargas près de moi.
-Merci, soufflai-je.
-Pour quoi ?
-Pour avoir sauvé mon père.
Il me sourit doucement avant d'ajouter:
-De rien. C'est tout à fait normal que je l'aie fait.
-Je le sais, mais tout de même. Il fallait que je te remercie.
Sargas plongea son regard d'ambre dans le mien, et je ne pus me défaire de sa puissante emprise. Il afficha un sourire empli de satisfaction. J'en étais sûre, il prenait plaisir à produire cet effet sur moi. Ça commençait vraiment à devenir exaspérant. Il se croyait supérieur juste parce que j'étais gênée en sa présence. Il continua encore de me fixer durant de longues minutes. Je soutins son regard, n'ayant aucune autre possibilité... Finalement, c'est lui qui détourna les yeux, une lueur...de honte luisant dans son regard ?! Mais...pourquoi aurait-il honte ? La logique voudrait que ce soit moi, et non Sargas qui ressente une certaine gêne. Après tout, c'est moi qui suis totalement incapable de me détacher de ses yeux couleur de l'ambre.

La rencontre avec mon père se fit dans une joie sans pareil. Ma mère était aux anges et gratifia son sauveur d'un immense sourire où on distinguait parfaitement toute sa reconnaissance. Delta était lui aussi heureux de le revoir, malgré son air plutôt sombre. Il alla parler à ses parents, ce qui assombrit d'autant plus son humeur. Je me demande bien ce qu'ils lui ont dit... Il revint près de moi et me prit par la main. Il m'emmena à l'étage, dans sa chambre. Il s'affala sur son lit et me regarda.

-Il y a quelque chose qui ne va pas, dis-je.
-Non, tout va bien.
-Ce n'était pas une question Delta.
Je le regardai avec insistance, et il daigna enfin m'expliquer ce qui l'avait mis dans un tel état.
-Je ne supporte pas le fait que ce soit Sargas qui ait ramené ton père.
Il avait craché son prénom comme un serpent son venin.
-Autre chose ? demandais-je.
-Mes parents veulent que je travaille avec eux au sujet de Cassiopée. On se verra moins souvent pendant au moins une semaine.
Il afficha une moue dépitée. Je m'approchai et m'assis à côté de lui. Je posai ma main sur sa joue et lui fis tourner la tête vers moi. Il me sourit faiblement et je pressai mes lèvres contre les siennes en un baiser réconfortant. Il posa ses mains derrière ma tête et caressa mes cheveux. Je passai mes bras autour de son cou. Il se détacha de moi et me dit:
-Je t'aime tellement Elena.
-Eh bien, figure-toi que moi aussi je t'aime Delta. Et ce plus que tout au monde.
Il m'enlaça et je nichai ma tête dans le creux de son cou. Il portait un parfum sauvage qui lui donnait un petit côté rebelle.
-Tu devrais aller dormir, je vais devoir me lever très tôt demain matin, m'annonça Delta.
Et voilà, il venait juste de plomber l'ambiance. Je tentai de le convaincre que je pouvais très bien dormir avec lui sans qu'il me réveille par mégarde au matin, mais rien n'y fit. Il restait intransigeant sur ce point. Il m'embrassa sur le front et je quittai sa chambre. Je traversai le couloir à pas lents et entrai dans la mienne.

Dans mon lit, je m'interrogeai longuement sur les raisons pour lesquelles les parents de Delta voulaient qu'il travaille avec eux. Et plus encore la raison pour laquelle je n'étais au courant de rien. Pourquoi diable ne voulait-il pas que je reste auprès de lui cette nuit ? Je tentai de trouver le sommeil, malgré toutes les questions qui torturaient mon esprit. Je finis par m'endormir, épuisée par ma cogitation. Je passai une nuit sans rêves.

Le lendemain, c'est dans un effort surhumain que je parvins à m'extirper de mon lit. J'allai prendre une douche, mais ça ne suffit pas à m'éveiller, et encore moins à me mettre de bonne humeur. Je m'habillai et descendis prendre mon petit-déjeuner. La salle à manger était déserte. Je m'installai à ma place habituelle et pris tout mon temps pour manger. Alors que je terminais mon bol de chocolat chaud, j'entendis la porte s'ouvrir. Je me retournai vivement, pensant qu'il s'agissait de Delta. Le jeune homme qui se tenait dans l'embrasure de la porte n'était pas Delta, mais Sargas. Il était adossé au chambranle, les bras croisés sur le torse. Il me fit un sourire radieux, que je lui rendis faiblement.
-Salut Elena ! lança Sargas.
-Salut Sargas, répondis-je.
-Tiens tiens, ton copain n'est pas là ? fit-il d'un air plutôt satisfait.
-Non, bougonnai-je. Il travaille avec ses parents.
Il s'approcha et vint s'asseoir à côté de moi.
-Ça veut donc dire que tu te retrouves seule.
Ce n'était pas une question, mais une affirmation. Je n'avais aucune envie de rester seule pendant une semaine. La compagnie de Sargas me serait fort agréable...
-Sargas ?
-Oui ?
-Est-ce que...est-ce que tu veux bien me tenir compagnie cette semaine ? demandai-je timidement.
-Mmmmh...laisse-moi réfléchir..., fit-il. Ce serait avec plaisir !
Je soupirai de soulagement et lui adressai un sourire franc, auquel il répondit par un autre sourire. Il paraissait plus que ravi que je lui aie demandé de rester avec moi cette semaine. Évidemment, Delta allait terriblement me manquer. Mais l'idée de passer du temps avec Sargas me réconforta quelque peu.
-Eh, Elena, est-ce que ça te tente d'aller faire un tour à la bibliothèque ?
-Ce n'est pas une mauvaise idée.
-Dans ce cas, suis-moi !
Je terminai en hâte mon bol de chocolat chaud, qui n'était toujours pas vide, et je suivis Sargas dans le couloir.

Nous nous sommes arrêtés devant une immense porte en bois massif, que Sargas poussa. Il me tint la porte afin que je puisse passer en premier. "Quel jeune homme galant" songeais-je. Il entra après moi et referma derrière lui.
-C'est impressionnant ! m'exclamais-je.
-Attends, tu veux dire que tu n'es jamais venue ici ? s'étonna Sargas.
-Eh bien non, je ne suis jamais venue ! Mais toi, comment connais-tu la bibliothèque ? Tu n'es ici que depuis deux jours !
-J'ai passé la soirée ici, presque la nuit !
-Je ne te pensais pas amateur de lecture, lui avouais-je.
-Ah bon ? Que pensais-tu que j'aimais alors ?
-À vrai dire, je n'y ai pas vraiment réfléchi...
Il me fixa, se mordit la lèvre et fut pris d'un fou rire incontrôlable. Bien que je ne trouvais pas en quoi c'était drôle, j'éclatai de rire à mon tour. C'était plus fort que moi.

Après avoir repris notre souffle, nous nous sommes regardés dans les yeux. Sargas arborait un large sourire, ce qui illuminait son visage.
-Ça fait du bien de rire, dis-je.
-Tu l'as dit ! Bon, on s'installe là avec un bon livre ?
Il me désignait un grand sofa moelleux de couleur taupe.
-Excellente idée ! Que me conseilles-tu comme livre ?
-Que penses-tu de "Les constellations et leur origine." ?
-Pourquoi pas !
Pendant qu'il cherchait le livre, j'allai m'installer sur le sofa. Il était en effet extrêmement confortable. Sargas revint près de moi avec un livre épais, relié de cuir avec un marque-pages en soie violette. Il s'assit et nous entamèrent notre lecture, qui s'avéra passionnante. Je sus, à partir de cet instant, que Sargas et moi devenions proches.

L'enfant des Étoiles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant