Et cette visite signa leur fin.
❄
Il l’avait rencontrée au coin d’une rue, dans ce petit tabac-presse. Ce genre d’endroit où vous n’êtes de passage que pour une poignée de minutes à peine. Mais vous y passez, et il l’avait rencontrée.
Il marchait rapidement, en cause de cet air frais ambiant, plutôt froid. Il avançait dans cette allée tapissée d’une lumière douce, les mains enfoncées dans ses poches de son éternel jeans brut, les yeux plissés, et le menton enfoui dans son tee-shirt. Le jeune homme n’avait pas voulu se couvrir, étant trop appliqué à cette apparence printanière ou automnale, selon le point de vue. Le bois dur de ses bottines fauves fouettait le sol neigeux d’un pas agile et pressé. Il tourna sèchement à l’angle de la rue et déboucha sur une petite rue peu fréquentée. Il aperçut cette porte rougeâtre, ce qu’il en restait tout du moins, éclairée par une multitude de guirlandes scintillantes, il voulut sourire face à cet air enchanté mais pourtant il ne le fit pas et accéléra légèrement pour atteindre la poignée. Il glissa rudement ses longs doigts contre la barre de métal glacée, la saisit fortement avant de contrebalancer sa force sur l’épaule, ouvrant brusquement l’entrée, enclenchant les tintements aigus du carillon. Le chanteur pénétra dans le petit commerce chaleureux, se faisant saluer poliment par le bonhomme qui devait être le gérant, frotta frénétiquement ses deux paumes de mains l’une contre l’autre, essayant de vaincre le froid qui s’était initié sous sa peau et sortit son visage du tissu clair de son chandail, se trouvant maintenant au chaud. Un nouveau bruit clair se fit attendre, suivi de quelques mots joviaux mais il n’y prêta pas attention et se dirigea vers ce qu’il était venu chercher dans ce tabac-presse : ses précieux chewing-gum à la chlorophylle. Ils étaient simplement disposés dans ces étagères en bac blanc, entourés de pleins d’autres indispensables mais ils ne l’intéressaient pas tant que ceux-ci. Alors qu’il s’apprêtait à prendre le dernier paquet en papier vert, une autre main s’en empara rapidement, générant l’agacement du brun qui se retourna d’un coup sec.
Il se trouva face à une femme châtaine. Il l’examina de haut en bas avec des yeux furieux, détaillant chaque centimètre de son être. Le brun releva son regard rouge sur son visage amusé. Elle n’avait pas eu l’air gênée de ce scanner qu’il s’était permis d’expérimenter. Elle afficha un sourire ironique. Elle faisait une demi-tête de moins que lui, avait de courts cheveux clairs frôlant en pagaille sa nuque et une frange épongeant son front fiévreux, possédait deux noisettes en guise de vision, un nez futilement droit, de fines lèvres. Agacé par cette manifestation, il lui cracha avec colère :
« Il me semble que je les avais vus avant vous. »
« Insinuerez-vous que je vous les ai piqués ? » demanda-t-elle sarcastiquement, jouant avec son énervement.
« Je crois que c’est le cas, oui. Alors si vous pouviez me les rendre », lâcha le jeune, espérant avoir été compris.
Elle sourit de nouveau, le narguant de ses yeux marron.
« Non », déclara-t-elle d’un ton catégorique restant enjoué.
« Vous ne m’arrangez pas ma journée, alors si pouvais juste me les donner », répondit-il en fronçant ses sourcils, impatient de repartir de cet endroit.
« J’aurai aimé, seulement ils me sont essentiels également. Désolée », dit la jeune femme avant de tourner les talons, avec un petit rire fluet, et de partir en direction de la caisse.
Il la retint d’une pression autour de son poignet, l’obligeant à lui faire face. Il décida de la prendre par les sentiments, souhaitant absolument ses dragées mentholés.
« C’est mon anniversaire », lança-t-il en papillonnant des paupières, essayant de jouer de son charme.
« Oh », dit-elle attendrie, « vous êtes seul ici ? »
« Oui », répondit-il sèchement voyant qu’elle détournait le sujet.
« Eh bien, pour me faire pardonner je vous invite à un sympathique resto un peu plus loin ? » proposa-t-elle gentiment.
« Et pourquoi ? » grogna-t-il irrité, la fixant méchamment.
« Ce n’est pas grave ; laissez faire », assura-t-elle gênée par ce regard furibond ; « ce n’était qu’une proposition, mais ce n’est pas grave. »
Elle baissa les yeux au sol, dérangée de cet air coléreux qu’avait le brun.
« Ok… » susurra-t-il finalement, vaincu par cette moue attristée de la fille.
Elle lui montra son visage une nouvelle fois, et lui offrit un sourire tendre.
Dans quoi ils s’embarquaient ?
C’était donc grognon que le jeune homme était revenu quelques heures après leur première rencontre à cette boutique en mur de pierre. Il n’avait pas eu besoin de l’attendre, elle était déjà présente et souriante surtout. Elle abordait des converses blanches, qui avaient l’air trempées par la neige, soit, des jeans bleus moyens, une veste chaude marron qui laissait apercevoir un col roulé blanc cassé ; en fait elle n’avait pas pris la peine de se changer, le brun non plus d’ailleurs. Elle avait la simplicité dans la peau, et puis lui, eh bien, il était lui.
Elle l’accueillit avec un de ses énièmes sourires chaleureux, replaça rapidement sa mèche de cheveux châtains lui tombant dans les yeux, et ne dit pas un mot. Le vieil adolescent suivit les pas de la jeune fille, sans rien dire non plus ; il n’en avait pas envie. En fait, il ne savait même pas pourquoi il était venu, peut-être parce qu’il ne voulait pas se retrouver seul le soir de son anniversaire à se morfondre, ça devait être ça. Ou bien, il voulait juste échapper rien que le temps d’une soirée à ses pensées envahissantes et bien trop pesantes. Il gardait ses mains dans ses poches de pantalon, le regard rivé sur la neige qui craquait sous ses pieds et sa bouche entre-ouverte dû à son nez bouché. Elle regardait cette personne à côté d’elle, elle paraissait de mauvaise humeur ou alors c’était un trait de son caractère. Mais elle n’abandonna pas pour autant le garçon, décidée à passer une bonne soirée. Elle étira ses coins de lèvres innocemment en observant le désordre de ses cheveux bruns, et continua à marcher en direction du petit bistrot.
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décombres // h.s
Fanfiction« Pour la première fois, depuis qu'elle l'avait rencontré en cette froide après-midi de février, il lui sourit. Ce fut une révolution. »