Love Song | SM

Chapitre 3

Toronto, maison des Rossi, dimanche 17 décembre, 22:22

Je regarde mon horloge; il est 22:22. Dans ma famille, lorqu'il est 7:07 ou 11:11 ou même 17:17, on fait un vœu, ça a toujours été comme ça. Je fais donc le vœu de bien m'intégrer et de ne pas blesser les personnes avec qui je m'entendrais bien, comme j'ai l'habitude de le faire.
Je sors de ma chambre pour aller dans la salle de bain.
J'attrape ma brosse à dents et y dépose du dentifrice mentholé, en appuyant au bout du tube pour ne pas répandre le dentifrice partout dans le tube, je déteste ça. Voilà encore une autre raison pour laquelle je suis bizarre.
Je retourne dans ma chambre une fois mes dents brossées.
Je me couche, réfléchissant à plusieurs choses; à ma nouvelle vie, aux personnes qui seront dans mon lycée, à la petite tâche noire sur le plafond, à Flora et à tant d'autres choses.
Je m'endors quand je ne pense plus à rien, quand mon esprit est vidé et quand mes questions sans réponses s'effacent progressivement.

Toronto, maison des Rossi, lundi 18 décembre, 7:18

Je suis réveillée par une chanson d'Adele; Someone Like You. J'aime beaucoup cette chanson. Elle compte énormément pour moi parce qu'avec ma sœur c'est notre chanson.

Je m'habille puis descends pour prendre mon petit déjeuner.
Quand j'ai terminé, je monte pour aller dans la salle de bain.
Ce que j'aime dans cette salle de bain, c'est qu'il y a des toilettes. Pourquoi est-ce que j'aime quand il y a des toilettes dans les salles de bain ? Tout simplement parce que j'adore me brosser les dents pendant que je suis aux toilettes, j'ai l'impression de gagner du temps. Encore un autre élément qui s'ajoute à la bizarrerie quotidienne.

Je prends mon sac dans ma chambre, jette un coup d'œil à cette fameuse petite tâche noire sur le plafond, prends mes clés et sors de ma chambre. Je descends les escaliers en courant pour ne pas être en retard. Ma sœur m'attend déjà devant la maison. Je la rejoins et nous partons en direction de l'arrêt de train de banlieue.

Toronto, train de banlieue de la ligne Lakeshore East, lundi 17 décembre, 8:21

Laura me regarde. Elle cherche quelque chose à dire pour combler le blanc. Moi, ça fait longtemps que je ne me casse plus la tête pour trouver quelque chose d'intéressant à dire parce qu'à chaque fois je sors une phrase du genre : "Ça va ? Ça se passe bien le lycée ?" ou alors "Tu as quoi comme cours aujourd'hui ?". C'est quand je me fais cette réflexion qu'elle trouve une phrase à dire.

Laura: Alors, pas trop stressée d'aller dans un nouveau lycée et être dans une nouvelle classe ?

Moi: Non ça va. C'est pas ça qui m'inquiète le plus.

Laura: Ah bon ? C'est quoi ?

Moi: J'ai peur que si des gens viennent vers moi, je les repousse.

Ma sœur ne dit rien. Elle sait comment je suis.

Toronto, lycée, lundi 17 décembre, 8:33

Ma sœur et moi rentrons dans le lycée. Nous passons cinq bonnes minutes à chercher le bureau du proviseur qui va nous remettre nos emplois du temps, nous indiquer notre salle, et nous donner tous les papiers administratifs.

Une fois notre entrevue avec le proviseur terminée, il est déjà 8:57 et les élèves commencent à 8:45. Cela veut dire que nous arriverons dans nos classes alors que le cours aura déjà commencé. Je sais que lorque je rentrerai dans la salle, tous les yeux seront posés sur moi. Je déteste ça, être au centre de l'attention.

Toronto, lycée, lundi 17 décembre, 8:57

J'arrive devant la porte de la salle A27, accompagnée du proviseur. Il frappe et ouvre la porte, l'air sûrle de lui. Il me laisse entrer la première - ce que je hais - et rentre à son tour. Comme je l'avais pensé plus tôt, tout le monde me regarde. Et maintenant tout le monde se met à parler.
À ma grande surprise, j'aperçois un visage qui m'est familier; c'est celui de Flora. Elle semble surprise également. Elle est assise à côté du garçon qui a renversé son thé sur moi. En fait, plus j'y pense, et plus je lui en veux d'avoir gâché un bon thé. C'est peut-être bizarre mais je lui en veux plus parce qu'il a gâché du thé que parce parce qu'il ne s'es pas excusé.
Le proviseur toussote pour faire taire les élèves. Ça y est, le moment que j'aime le moins; les présentations.

Proviseur: Je vous présente Verena, votre nouvelle camarade de classe. Elle est arrivée de Suède vendredi dernier.

Prof: Enchantée Verena. Je serai ta professeure d'Histoire-Géographie et ta professeure principale.

Moi: Bonjour Madame.

Je suis extrêmement mal à l'aise.

Prof d'Histoire: Tu vas aller t'asseoir à côté d'Ashton, là-bas. Lui aussi arrive d'un pays étranger.

Je me dirige vers la chaise vide qu'elle m'a indiquée. Le proviseur sort de la salle pendant que je m'asseois et que je sors mes affaires.

Ashton: Salut. Ça va Verena ?

Moi: Oui merci et toi ?

Je suis encore très gênée.

Ashton: Ouais ça va. Bon alors, tu penses quoi du Canada ? Pas trop froid ?

Moi: J'aime bien. Et tu sais, le froid ça me dérange pas trop. En Suède il fait pas très chaud non plus. Mais tu viens d'où du coup ?

Vous vous rendez compte ??? Je viens de poser une question pour éviter un blanc, et très naturellement en plus ! Je m'étonne sur ce coup.

Ashton: Je viens des États-Unis. Au fait, tu peux m'appeler Ash.

Je passe la matinée à discuter avec Ashton, enfin Ash. Je ne sais pas pourquoi mais avec lui j'arrive à parler ouvertement et dire ce que je pense.
Il m'a même trouvé un surnom: Vee.