Au delà des mots

Chapitre II : Les fins tragiques ne plaisent qu'à ceux qui les écrivent. ✔

- Tu te fous de moi Jess !

- Voilà une phrase qui ressemble fortement aux mails que l'on m'a envoyée toute cette semaine. J'en connais une qui a fini mon bouquin. Mais je t'en prie Sara, entre. Fais comme chez toi ! Un petit café peut-être ? Ou alors madame préfère un thé ?

« Encore une matinée froide et morose. Décidément je déteste l'hiver. » ne put s'empêcher de penser Jessica Holmes en ajustant les manches de son gros pull pour protéger ses mains du froid, après avoir fermé la porte derrière son amie. Elle ne cessait de répéter à sa mère qu'un seul coup de vent pourrait emporter au loin cette vielle porte en bois qui protégeait la petite demeure qu'elle habitait avec sa génitrice. Sa maison était, en plus d'être petite, assez mal isolée, si bien qu'en cette période, le froid leur jouait des tours et les tourmentait souvent dans leur sommeil. Vivement l'été, le soleil et la chaleur ! Même si son cœur était de glace, son corps se languissait de la caresse du soleil sur ses joues, et des nuits qui commençaient tardivement. Elle n'aimait pas voir le soleil se coucher avant même que les cours ne se terminent.

Déjà qu'elle ne s'autorisait pas à dormir plus de six heures par nuit, Jessica se levait quasiment tous les soirs pour ajuster sa lourde couverture sur ses membres grelottants. Seulement, elle savait qu'elle n'avait pas le droit de se plaindre ou de jouer les geignardes. Sa mère avait bossé dur pour acquérir ce tas de bois à deux étages qu'elles appelaient maison et qui se situait à proximité du centre-ville, alors geindre pour un confort futile qui pouvait être amélioré par un chauffage et de gros pulls était une mauvaise idée.

- D'abord j'apprends que ma meilleure amie écrit depuis un bail seulement lorsqu'elle m'annonce le succès international de son bouquin. Ensuite je lis ce même foutu bouquin pour me donner une idée, Sara qui avait retiré son manteau pour le balancer comme un vulgaire chiffon sur le canapé gris du salon désigna l'immense livre que Jessica connaissait si bien. Et là, je rentre dans un monde fantastique, avec des personnages extraordinaires et toi, qu'est-ce que tu fais ? Tu les tues ! Tu n'as donc pas le moindre cœur ! Tu es un monstre Jessica Holmes. Tuer Mindy, je veux bien mais Caleb O'Connel ! Mon futur mari, tu l'assassines froidement ! Je ne veux même plus t'adresser la parole.

La seule véritable amie de l'auteure, Sara Rossel se tenait devant elle. Sara était une jeune femme un peu enrobée et même si elle évitait de parler de son physique, Jessica trouvait que cela n'enlevait rien à son charme. Elle retenait souvent ses cheveux bruns en une haute queue de cheval. Elle disait souvent être jalouse des yeux de Jessica et leur magnifique couleur, mais l'adolescente pensait l'inverse. Contrairement au sien, qui était souvent vide et terne, le regard de Sara était brillant et étincelant de vivacité. De plus, tout le monde aimait bien Sara. Elle était gentille avec les gens qu'elle ne connaissait même pas alors que Jess n'adressait presque pas la parole aux personnes qu'elle connaissait.

Son amie croisa les bras sur sa poitrine, mais Jessica ne pouvait s'empêcher de sourire. Elle connaissait sa camarde depuis une éternité, et savait que Sara n'était pas réellement fâchée mais simplement frustrée par l'issue de " Shards Of Darkness ". Elle ne pouvait pas lui en vouloir ! Il fallait dire que Jessica n'avait jamais pardonné la mort de Sirius à J.K Rowling ...

- Tu n'as donc pas aimé ? s'amusa l'écrivaine qui faisait ses premiers pas dans le monde de l'édition, extirpant d'une étagère un gros paquet de chips qu'elle lança à sa compagne. Les régimes attendront, pour l'instant elle voulait fêter la sortie de son bouquin avec sa meilleure amie qui semblait au bord du désespoir. Sara lui décrocha un regard noir et saisit le paquet en plein vol avant de se laisser elle-même tomber lourdement sur le canapé au beau milieu du salon des Holmes :