Jim n'avait pas croisé le chemin d'une fée depuis un éternité. Pour dire vrai, il n'en avait jamais vu en si grand nombre, surtout depuis la mort de ses parents. Cela faisait des années que la magie qui entourait son existence s'en était allée. Cet étrange et soudain événement l'inquiétait quelque peu. Il savait que rencontrer ces affreuses petites créatures volantes ne portait pas toujours bonheur et il n'avait pas besoin de ça en ce moment.
- Monsieur O'Connell ? Vous êtes prêt à me suivre ?
Son protégé lui tapota l'épaule et Jim O'Connell détourna lentement les yeux de l'immense fenêtre derrière laquelle les petites créatures blanches dansaient, laissant ses pensées dans un coin de sa tête. Il espérait que Caleb resterait à l'écart de ces minuscules créatures machiavéliques. Pour une raison qu'il ne connaissait pas encore, les fées le dévisageaient toutes d'un mauvais œil. Dès qu'il se promenait hors du bâtiment, elles lui tiraient les cheveux ou lui lançaient de petits cailloux en plein visage. Elles n'étaient pas dangereuses et ne le blessaient quasiment jamais, leurs corps trop frêles pour lui faire le moindre mal, mais leurs comportements envers lui étaient étranges. Dans ses souvenirs, elles lui semblaient beaucoup moins hostiles, mais peut-être avait-il oublié après toutes ces années.
Jim se tourna vers l'homme qu'il devait protéger la plus grande partie de la journée et de celles qui suivaient :
- Si vous êtes prêt à partir, vous savez bien que je vous suivrai sans rechigner monsieur le Président, déclara l'homme qui, au fil des années était devenu plus épais qu'une baraque à frites. Incroyable d'imaginer ne serait-ce qu'une seule seconde que dans son adolescence, ce robuste jeune homme ait un jour porté le surnom peu glorieux d' « O'Connell le fil de fer » ! Le temps et les épreuves ne laissaient aucun répit et endurcissaient bien souvent les Hommes trop faibles.
L'individu que Jim était censé protéger, semblait réticent à l'idée de quitter sa demeure qui lui servait de confortable cocon. Il dirigeait un pays tout entier et Jim comprenait l'angoisse de son protégé à l'idée de commettre la plus grosse erreur de sa carrière. Et puis avec les fées qui se promenaient dans la ville et l'état d'urgence maximal qui avait été lancée sur tout le continent, le pauvre chef d'Etat était clairement sur le point d'exploser, dépassé par la situation. Jamais ses prédécesseurs n'avaient eu à gérer une telle situation de crise. Des actes terroristes, il y en avait toujours eu, des fées qui envahissaient les rues et présentaient peut-être des risques de contaminations inconnues, ce n'était pas une chose courante.
Jim O'Connell se savait être un des rares humains à avoir déjà vu des créatures magiques et à connaitre leur existence tenue si secrète. Avec un père gardien du puissant Médaillon, ce n'était pas étonnant, mais le commun des mortels n'était pas habitué à ce genre de choses.
- Pensez-vous que ce que je m'apprête à faire est une bonne idée ? Avec tout ce qu'il se passe dehors, je n'ai vraiment pas besoin d'une manifestation des partisans de la paix sur les bras. La peine de mort est déjà bien assez critiquée pour que je prenne partie pour un camp.
Jim fronça les sourcils. Ce n'était pas tous les jours que le Président demandait son avis à un de ses gardes du corps. Et puis, ce n'était pas comme si celui-ci intéressait quelqu'un. Généralement, Jim se tenait des journées entières debout à ses côtes, silencieux comme une ombre. C'était à se demander si son patron connaissait ne serait-ce que son prénom ou son nom de famille. Il n'avait jamais eu besoin de faire la conversation avec son client respecté et respectable. Cela avait toujours été une bonne chose pour Jim et sa tendance à préférer le silence aux mots.
Cet homme de pouvoir devait se sentir réellement démuni face à la situation, pour réclamer l'avis, si peu intéressant, d'un simple garde du corps à qui il n'adressait quasiment jamais la parole. Malgré tout Jim O'Connell se contenta d'hocher la tête et d'affirmer :
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Au delà des mots
ParanormalJessica Holmes savait manier les mots. Elle avait le pouvoir de les aiguiser et de s'en servir comme un bouclier, une arme contre la froideur du monde qui l'entourait. Elle façonnait un univers merveilleux avec sa plume trempée dans de l'encre noire...