« - Papa, tu ne survivras pas.
Sean O'Connell n'avait jamais imaginé avoir à prononcer cette phrase aussi tôt. Il venait tout juste de sortir de l'adolescence, commençait à peine à entrer dans la vie adulte et son monde pourtant si parfait était en train de se détruire petit à petit.
- Si je ne te tue pas maintenant, alors c'est le chauffard qui t'a renversé qui héritera du Médaillon papa. Je t'en prie, il faut que tu me donnes ton feu vert, sans quoi je m'en voudrais tout le restant de ma vie.
La transpiration de Sean dégoulinait le long de sa nuque et rendait ses cheveux noirs comme la nuit, collants. Le pauvre jeune homme suait à grosses gouttes, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Tant de fois, il s'était demandé comment aurait-il le courage d'enlever la vie à son propre père lorsque l'heure serait venue. Son rôle d'ainé O'Connell l'obligeait à commettre ce crime immonde comme ses ancêtres l'avaient fait avant lui, seulement il s'était toujours dit avoir le temp. Il n'avait jamais imaginé que son devoir, en tant que fils aîné, de tuer son pauvre père se présenterait si tôt à lui.
- Non ... Son géniteur mourant, branché à milles et unes machines lâcha à bout de souffle : Tu n'as pas encore d'enfants mon fils. Tu ne peux pas risquer d'en procréer lorsque tu deviendras le nouveau propriétaire du Médaillon. C'est trop dangereux.
Sean O'Connell haussa doucement les sourcils. La main de son père dans la sienne, le jeune homme dévisagea son pauvre géniteur. Le soir même, l'homme d'affaire multimillionnaire, détenteur du Médaillon des O'Connell et père de trois enfants s'était fait heurté par une voiture qui l'avait laissé grièvement blessé sur le trottoir. Il passa une main affectueuse sur le visage agonisant de son père. Il n'était pas si âgé, mais la voiture qui l'avait fauché avait endommagé toutes les parcelles de son corps. Si l'ambulance avait réussi à le transporter vivant à l'hôpital, c'était un miracle. Les médecins avaient fait de leur mieux pour le maintenir en vie, mais celle-ci ne tenait qu'à un fil. Il y avait un épanchement de sang incontrôlable au niveau de son cerveau, et ce n'était plus qu'une question de temps. Sean ne pouvait pas empêcher la perte de son père, mais il devait récupérer le talisman familial avant tout :
- Je ... Je ne comprends pas papa.
Le Médaillon des O'Connell, étincelant en permanence d'une sublime lumière fluorescente, avait des pouvoirs qui en faisaient rêver plus d'un. Il exhaussait les rêves les plus fous de son propriétaire, malheureusement il ne pouvait rien faire contre la Mort. Personne ne pouvait faire quoique ce soit face à la Mort et en ressortir indemne. Elle venait vous chercher, et elle ne faisait pas le déplacement pour rien.
- Papa, tu dois être en train de divaguer, murmura le jeune homme attristé. Mais tu dois comprendre l'urgence de la situation. Je dois me dépêcher si nous voulons que le Médaillon reste au sein de notre famille, expliqua doucement Sean à son père agonisant, sa main toujours dans la sienne et l'autre sur sa joue.
Il n'était pas plus enjoué que cela à l'idée de débrancher son père, au contraire le jeune homme était mort de trouille. Seulement, le Médaillon fonctionnait de cette façon. Ça avait toujours été ainsi et c'était la seule solution pour que le talisman reste dans la famille O'Connell.
Le Médaillon n'avait qu'un seul maître et pour le devenir, il fallait impérativement tuer l'ancien propriétaire de celui-ci. Chez les O'Connell, l'enfant aîné, homme ou femme, grandissait avec l'idée même qu'un jour, il tuerait celui de ses parents qui détenait le talisman magique. Si le détenteur du Médaillon mourait d'une mort naturelle alors celui-ci serait détruit à tout jamais. Ce n'était pas le but des O'Connell qui voulaient perpétuer les traditions et garder ce pouvoir au sein de leur famille, ainsi les aînés s'étaient toujours arrangés pour pouvoir tuer leurs propres parents le moment venu, et ce depuis la nuit des temps.
VOUS LISEZ
Au delà des mots
ParanormalJessica Holmes savait manier les mots. Elle avait le pouvoir de les aiguiser et de s'en servir comme un bouclier, une arme contre la froideur du monde qui l'entourait. Elle façonnait un univers merveilleux avec sa plume trempée dans de l'encre noire...