5-Une histoire de bad-girl

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Je suis... Ce qu'on appelle une bad girl. Une mauvaise fille. Une thug. Enfin, une meuf dangereuse quoi, vous l'aurez compris.

Mon nom est Brouquline. Ça en jette, je sais.

Ce matin est une matinée spéciale. C'est jour de contre bande.

Oui, vous m'avez bien entendue. J'ai rendez vous devant le « batiment abandonné » pour y retrouver mon gang.

Ouai, mon gang. Parce que je suis une thug, donc j'ai ma team de thug. « Le gang a Brouquline ». Ca en jette, je sais.

Laissez moi vous raconter.

Tous les lundis matin, notre dealeur, Martin, nous fournit pour toute la semaine. Souvent ses marchandises sont diverses et variées, mais nous avons eu une grosse commande de poudre (illégalité oblige, je tairais le nom de cette drogue) et nous aurons donc une livraison uniquement de cela.

Donc, comme je le disais, nous nous retrouvons derrière le bâtiment abandonné.

Le stress commence à monter, le lieu est assez surveillé, nous ne sommes jamais en sécurité, à tous moments nous pouvons nous faire chopper.

D'ailleurs je sens Léo Lacastagne à bout de nerf. Il faut dire que cela commence bien à faire un quart d'heure que nous attendons dans le froid et le danger, mais nous ne devons pas craquer.

Soudain, un bruit. Tout le monde se tend et arrête de respirer, l'angoisse est à son comble... Puis Martin surgit :

« _Voilà la marchandise.

_Merci. »

Et il repart aussi vite qu'il est venu.

Je regarde ma team. On est bons. Maintenant il faut nous dépêcher de revendre.

On se précipite à l'entrée du local ou je sais que les intéressés nous attendent.

Je distingue rapidement trois garçons et une fille.

La fille est plus âgée que nous mais les mecs semblent avoir notre âge. On s'approche d'eux, de notre démarche de thugs impressionnants :

« _Vous êtes là pour la revente ?

_Oui.

_Vous êtes au courant du deal et du prix ?

_Tout est dans l'enveloppe, nous sommes tous les quatre ensemble, donc voilà. »

J'attrape l'enveloppe craft et regarde l'intérieur. Je souris :

« _Vous voulez donc 600 grammes ?

_Oui.

_Tenez. »

Je leur donne la poudre, délicatement. Je les vois regarder la drogue, l'air suspicieux :

« _C'est votre première fois, je suppose ?

_Oui.

_C'est simple. Vous avez la paille, vous avez la poudre. Vous aspirez la poudre avec la paille. C'est tout simple. Mais allez y mollo, c'est de la bonne. »

Alors qu'ils repartent, contents, et que mon gang et moi repartons de même à l'opposé, je vois Léo devenir blême en regardant dans mon dos. Une boule se forme dans ma gorge, et je me retourne lentement.

Derrière moi, un homme en bleu. Nous sommes faits.

"À couvert ! je hurle. À couvert !"

Mon gang s'exécute et se jette au sol. On a de l'entraînement, et puis on est un gang donc voila, on va s'en sortir. Et même si on s'en sort pas on va s'en sortir.

Je sers l'enveloppe kraft contre moi. Elle contient tout ce pour quoi on deal, alors on doit la planquer. Je la fourre sous mon t-shirt. Ça fait une bosse, mais c'est discret.

À côté de moi, Léo claque des dents. Soit parce qu'il stress soit parce qu'il n'a pas eu sa dose. Ou les deux. Si on s'en sort, il pourra prendre sa drogue, mais comme je l'ai déjà dit, on va forcément s'en sortir.

Le mec en bleu s'approche se plus en plus. Je vois ses pieds depuis ma cachette.

"Sortez d'ici ! cri-t-il. Allez !"

Je sens les battements mon cœur accélérer.

"Je ne me répéterai pas, vous savez ce qui vous attend si vous ne vous exécutez pas !"

Léo, à bout, sort le premier. Le traître ! Je sers encore plus fort l'enveloppe contre moi.

"Bon, Brouquline, ça suffit ! Sors de sous ce banc, ou je préviens vraiment tes parents ! Ce ne sont pas des manières !"

Non. Il ose sortir la menace ultime. Il sait très bien que je serais privée de DS jusqu'à la fin du mois si je me fais convoquer.

Je rampe jusqu'à M. Garatoa en boudant.

Qu'est-ce que tu préparais encore ? Montre-moi ce que tu caches, et vide tes poches !

Dans un soupire, j'attrape la drogue du fond de ma poche de jeans et lui tend.

"Du sucre ? Encore ? Mais vos parents ne vous ont jamais expliqué que ça détruisait les dents bon sang ? Il faudra vous dire combien de fois que ce genre de chose n'est pas bonne pour la santé ? Vous voulez tous avoir des carris ma parole ! Je confisque, ça vous apprendras à traîner dans la salle de cours pendant la récréation ! Maintenant déguerpissez et arrêtez de trainer près du local poubelle ! Vous savez très bien qu'on ne vous y voit pas ! Et que je ne vous y reprenne pas !"

Léo part le premier. Je le rattrape vite.

"Comment t'as pu sortir à un moment pareil ? Chuis sûr que c'est toi qu'il a repéré le premier !

_ J'me suis dit que comme ça, il essayerai pas de savoir ce qu'on dealait...

_ Il a pris la drogue, crétin !

_ Oui, mais on a encore l'enveloppe" déclare-t-il en désignant la bosse sous mon t-shirt.

Je souris, sors notre récompense, et l'ouvre.

"Oh punaise ! crit Léo. Y a un Pokémon légendaire ! T'as vu, y a un pokémon légendaire !

_ Ouais mais ils nous ont filé presque que des Evolis et on en a d'jà plein..."

Mais Léo ne m'écoute plus, trop heureux d'avoir enfin une carte rare.

Petits clichés destructurésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant