Petits clichés destructurés

2-Une histoire a parier.

«-Sandraaaa ! Je m'exclame bruyamment dans le couloir.
-Oui June?»

Sandra, mon amie de toujours se retourne vers moi en souriant, impatiente de savoir ce qu'il m'arrive.

«-Sandraaa, ô mon dieu, je hurle, Frank m'a invité a la soirée de Berniiiiiiiiie ce sooooir !
-Ah... vraiment? me répond-elle, platement, en détournant le regard.
-Ouiiii ! Je pense qu'il va enfin me demander de sortir avec lui !»

Alors que je continue a m'extasier sur le fait que le plus beau mec du lycée (badboy sur les bords et physique de mannequin) m'ai invité a LA fête qu'il ne faut pas rater, je remarque la gêne de mon amie. Ce n'est pas vraiment normale, venant de la fille la plus souriante que je connaisse.

«-Sandra? Qu'y a t'il? je lui demande. Tu ne te réjouis pas pour moi?
-Si, si, juste... euh... tu devrais te méfier de lui... »

Elle est hésitante et je vois bien que quelque chose la met mal a l'aise. Reste à savoir quoi. Après tout, c'est l'occasion de l'année pour enfin sortir avec Frank !

«-Mais, pourquoi?!
-Bah... je sais pas, j'ai pas confiance...»

Je me met a rigoler, de mon beau rire si cristallin et agréable aux oreilles, celui-là même qui fait se retourner tout le monde autour de nous.
Ce qu'elle me dit n'a aucun sens, je connais bien Frank, il est le garçon en qui j'ai le plus confiance. C'est un super ami.

… Bon, d'accord, c'est faux. Je suis folle de lui. Il a conquit mon coeur au premier regard, la semaine dernière.
D'abord je me suis dit qu'il ne pouvait pas m'aimer, parce que je ne suis pas parfaite. Puis je me suis regardée et je me suis dit que en fait j'étais quand même très très belle (je suis blonde, avec de longs cheveux lisses, parfaitement disciplinés, des yeux bleus (tirant sur le arc-en-ciel), un corps avec des formes généreuses là où il faut, et un ventre magnifiquement plat, sur lequel se dessinent six abdos).

Donc j'en suis parvenue a la conclusion que c'était normal qu'il soit fou de moi. Qui ne le serait pas ?
Et nous avons passés la semaine à nous fréquenter, et sans me vanter, je sens qu'il va bientôt me demander d'être sa petite amie.
D'ailleurs, je pense que si Sandra se comporte bizarrement, c'est qu'elle est jalouse. Elle ne veut pas se retrouver seule, quand je serai avec Frank.
Elle me regarde, toujours hésitante.

«-June, ma chérie, je dois t'avouer quelque chose...»

Soudain, la cloche retentit, coupant mon amie. Et comme je n'ai pas envie qu'elle m'avoue qu'elle aime Frank (ca briserait notre amitié), je file en lui lançant:

«-On se retrouve ce soir, a la fête !»

La sonnerie qui annonce la fin de ma dernière heure de cours sonne comme une délivrance. Enfin ! J'attends ça depuis le début de la journée – ou plutôt, depuis que l'amour de ma vie m'a parlé.

Une foi chez moi, je me prépare à manger – un fruits, et des amandes, pour bien faire attention à ma ligne, si parfaite soit-elle – et je commence à me préparer.
Après une longue hésitation, je me décide pour une robe d'un rouge écarlate m'arrivant au dessus du genou, des chaussures à talons – du douze centimètres, il ne faut non plus qu'elle ne soit trop hautes, de manières à ce que je puisse marcher avec – et une pochette noire, avec une chaîne dorée parfaitement assortie à mes bijoux.
Je me maquille légèrement – rouge à lèvre, contouring, blush, fard à paupière, mascara eye-liner, fond de teint, poudre, bref, le strict minimum – de manière à obtenir un rendue naturel. Je suis sûre que Frank va m'a-do-rer. Enfin, plus que d'habitude, si c'est possible !

Sandra passe me chercher. Sa robe bleue nuit ne lui va pas trop mal, et ses mèches brunes relevées en chignon ne sont pas horribles. Elle affiche toujours le même air préoccupé que plus tôt dans la journée, mais j'y fais abstraction. À mi-chemin, elle essaye tout de même de relancer notre dernier sujet de conversation.