Trapped in Hell

Encore... et encore... et encore...

"Illusion" du Ranch du Bouleau Blanc, Décembre 1977

Venusia approcha la tête tandis qu'Alcor déchiffonnait le morceau de papier.

"Rend-... Musé Nassio-... Tōkyō".

Le bas de la feuille avec la signature avait dû être déchiré, mais l'écriture en hiragana encore un peu hésitante était celle de leur fille.

Les yeux pleins de larmes, le jeune homme esquissa un pauvre sourire et poussa un soupir de soulagement.

- Le... le professeur les aura emmenés là-bas... ils seront en sécurité..., balbutia-t-il, la voix vacillante.

Le cœur de Venusia, brisé, sembla se reformer un peu.
Elle était soulagée, ils étaient sûrement sains et saufs!
Elle essaya de dire quelque chose mais des hoquets l'en empêchèrent.

Elle se traîna vers son mari, glissa ses doigts entre les siens et embrassa sa main.

- A... Alors nous pouvons m-mourir en paix...

Elle ferma les yeux et s'allongea à son côté, sans même prendre la peine de pousser les débris sous elle.

- J'aurais... J'aurais tellement aimé les voir grandir...! articula-t-elle avec peine entre deux sanglots, en fermant ses yeux gonflés par les larmes.

Elle sentit Alcor l'enlacer et, désespérée, elle se mit à prier pour qu'il n'arrive rien à leurs enfants.
Pour que quelqu'un s'en occupe et les rende heureux maintenant qu'eux, leurs parents, ne le pouvaient plus.

La jeune femme enfouit son visage dans le cou d'Alcor et pria avec toutes les forces qu'il lui restaient, tandis qu'elle se sentait glisser lentement vers le néant, pour que leur mort ne soit pas vaine.

~

Giudecca, Monde Souterrain, Février 1989

Elle savait.

Venusia savait que ce n'était pas réel.

Elle se souvenait des paroles d'Ikelos.

"Tu vas revivre ton pire cauchemar."

Elle avait beau se répéter qu'elle était plus forte, qu'elle pouvait résister à une illusion, que l'Alcor sur lequel elle était appuyée était lui-même faux... elle y sombrait de nouveau à chaque fois, et de tout son être.

Ça faisait trop mal...

Elle savait que Maria, Sayaka et Seiya étaient encore vivants, très loin d'ici, au Sanctuaire d'Athéna.
Le mystérieux adolescent en armure, dans sa vision, le lui avait juré.

Mais il lui avait aussi affirmé qu'il ne pouvait rien faire.

Et elle non plus.

La souffrance était si grande qu'elle ne sentait même plus les battements de son cœur.
Juste ses blessures, tant physiques comme psychologiques.

Elle était si faible.

Les Dieux des Rêves avaient gagné.

Elle revivait pleinement le cauchemar, encore, et encore, et encore.