Chapitre 10

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Nous venions d'être réveillés par des gardes qui patrouillaient, et qui semblaient parfaitement savoir qui nous étions.

-Vous êtes sûr que c'est lui..? Dit l'un en pointant S'Rathra avec son épée.

-Ouais, y'a pas de doute. Répondit l'autre.

La lumière de début de journée m'aveuglait, et je ne pus me lever qu'une fois que mes yeux se furent habitués.

-Debout ! S'empressa de me dire un des soldats, en m'attrapant par le col.

Je risquais d'aggraver mon cas, si je me débattais, alors je me contentai d'exécuter ce qui m'était demandé. Les gardes étaient...à peu près sept. Nous étions quatre, donc si nous devions nous battre, ça serait inégal. Je soupirai quelques fois, avant de me rendre compte que Rath'irä essayait d'attirer mon attention : elle avait les mains dans le dos, et un bâillon lui recouvrait le museau, mais elle tentait, malgré tout, de mimer quelque chose. Elle me montrait le sergent devant moi. Il était suivi par deux gardes, puisque les quatre autres nous tenaient fermement. Rath'irä poussa discrètement une de ses dagues, qui était à présent à mes pieds. J'avais beau ne pas vraiment comprendre ses indications, une idée commença à germer dans ma petite tête.

-A-attendez ! Criais-je. J'peux...j'peux tout expliquer !

Ma voix tremblait et c'était bien loin d'être crédible, comme me le montrait le sergent, qui ricanait.

-Expliquer quoi ? Y'a rien à expliquer !

Je m'efforçai d'approcher mon visage de l'oreille de l'homme, et prononçait un simple mot, qui le fit s'arrêter net.

-Fus...

L'homme, effrayé, recula d'un pas, comme s'il savait ce qui l'attendait.

-FUS RO DAH !!!

Les trois soldats valsèrent si loin que je ne pus que les perdre des yeux. Aaah, que c'est bon, ce sentiment de PUISSANCE !

Mes compagnons réagirent au quart de tour : S'Rathra avait assommé le garde qui le retenait d'un grand coup, tandis que Rath'irä avait défait ses liens - sans que je ne sache comment elle avait accompli cet exploit, et à cette vitesse - . Elle avait ramassée une épée, et semblait faire durer son combat aussi longtemps qu'elle le pouvait. Je voulus venir en aide à Ma'Rakha, mais un bruit de déflagration suivi d'un cri m'en dissuada. Il s'en sortait sans problème; et en quelques minutes, le dernier garde fut mis à genoux par Rath'irä.

-Nan !! Nan, j'vous en supplie !! Bégayait-il. J'vous promets, j'vous promets qu-...

-Foutaises. Répondit celle-ci.

Elle trancha le cou du malheureux soldat de toute sa longueur, comme on couperait la couenne d'un vulgaire porc, et le cri strident qui s'en suivit fit fuir les quelques animaux aux alentours.

S'Rathra s'apprêtait à réprimander l'Ombre, cependant...

-Chut ! Dit-elle.

-...Quoi..? Grommela le khajiit.

-C'était le bruit du pardon. Répondit Rath'irä.

-C'était le cri d'une personne MOURANTE, espèce de-...

-C'est bien à ça que ressemble le pardon : des cris, puis le silence. Ricana la jeune femme de façon malsaine.

S'Rathra soupira longuement.

-T'es monstrueuse...Ajouta t-il.

Pour une fois, j'étais d'accord avec lui. A vrai dire, j'avais l'impression de regretter, d'avoir accepté qu'elle vienne avec nous. Quoique je n'aurai pas tellement aimé être à la place du soldat...

Nous nous dépêchâmes de ranger nos affaires, et repartîmes aussi vite que nos pattes nous le permettaient, et en à peine une heure, nous fûmes arrivés devant les portes de Faillaise. Étrangement, personne ne guettait à l'entrée, mais je ne cherchai pas plus longtemps à m'en étonner. Par précaution, S'Rathra avait enfilé un manteau en tissu très léger, parsemé de trous, et en avait mis la capuche. C'était peu, et pourtant il fallait espérer que cela suffise pour qu'on ne le reconnaisse pas, puisque, étrangement,  les soldats d'ici semblaient bien le connaître. Ma'Rakha nous recommanda un sort d'invisibilité, mais je ne préférai pas trop m'intéresser aux sorts d'illusion. Des broutilles magiques, si vous voulez mon avis. Ça sert pas à grand-chose, et ça ne marche que la plus part du temps.

-Ah, le voilà ! Dit S'Rathra.

Ni une, ni deux, il fila dans un recoin, et nous arrivâmes dans une sorte de petit cimetière; là, il appuya sur ce qui semblait être l'ornement d'une tombe, et elle s'ouvrit, ce qui me surprit : il s'agissait d'une "deuxième entrée" pour la Guilde des Voleurs. Mon père m'en avait un peu parlé, mais semblait avoir omis quelques détails. Ou peut-être qu'il ne voulait pas que j'en sache plus ? Au fond, qu'importe.

Nous nous engouffrâmes dans le tunnel, et la tombe se referma derrière-nous. Étonnant...

-Où est-ce que vous nous emmenez ? Demanda mon frère.

-Tu ne sait pas ce qu'est la Guilde des Voleurs, petit ? S'enquit S'Rathra.

Les yeux de Ma'Rakha s'agrandirent d'étonnement.

-La Guilde des Voleurs se trouve à Faillaise ?! Dit celui-ci, qui n'avait jamais vraiment vu le monde, à part dans ses bouquins.

-Et grâce à votre père, elle existe encore... Murmura Rath'irä, songeuse, en longeant les murs en pierre avec sa main.

Nous avancions lentement, et alors que nous arrivions à la "Cruche Percée", la taverne où se rassemblaient la Guilde des Voleurs, une voix retentit :

-B'jour chef !

S'Rathra fit un signe de la main à celui qui l'avait appelé, en souriant, alors que je portais une main à mon front.

-"Chef", maintenant... Soupirais-je. Et puis quoi, encore..? T'en as combien, des titres comme celui-là ?

-Votre père n'en avait-il pas plusieurs ? Répondit S'Rathra. Et puis, je ne suis pas leur chef à proprement parler. Ils savent qui je suis.

-Le Loup Indomptable. Compléta Ra'thirä.

-Au moins, on sera en sécurité, ici...Commenta mon frère.

Je ne savais pas réellement ce qui nous attendait, mais Ma'Rakha avait raison.

Nous pûmes avoir un lit, et achetâmes un peu de nourriture. Oui, c'était un endroit plutôt sympathique : souligner le fait que je parlais avec des criminels ne servait à rien, ça ne se remarquait même pas. Ils étaient souriants, certains plus que d'autres, et l'ambiance était bon enfant, entre la bière et les jeux de hasard. Ma'Rakha ne s'accommodait pas parfaitement de cette situation, alors que Rath'irä était parfaitement dans son milieu, tout comme moi. Nous enchaînions les chopes en discutant dans le plus grand des calmes puis, fatigués, et probablement un peu saouls, nous allâmes nous coucher.

Ma'isha : Sur les traces d'un Pyro-Barbare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant