Néant blanc

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Je m'appelle « Miroire » je déteste ce nom, d'ailleurs la seule à l'aimer c'est ma mère. Je suis née le dernier jour d'une année bisextile, ce qui fait qu'on ne peut pas toujours souhaité mon anniversaire: aujourd'hui, j'ai douze ans. J'habites en ville, dans un petit appartement avec ma mère, mon père et mes trois soeurs. Je n'aime pas aller à l'école car là-bas je ne me sens pas chez moi: je ne suis nulle part chez moi. Ma mère me dit toujours que je suis très jolie; j'ai des boucles blondes qui tombent en bas de mon dos, les yeux turquoises de mon père, et les tâches de rousseur de ma mère. Mes grand-parents me disent toujours que je ressemble à un ange ! Là où je me sens le mieux, c'est en haut de l'érable japonais qu'il y a dans la cour de mon immeuble. Contrairement aux petites filles de mon âge, je n'aime pas vraiment la mode et je ne quitte jamais ma robe blanche, que ma mère m'oblige souvent à enlever pour la laver. J'adorais ma grande-soeur, la plus grande, qui passait son temps à peindre et à dessiner. Un jour, elle fit un croquis de moi, que je garde précieusement dans mon cahier: il ne me quitte jamais. J'aime bien imaginer que l'image se met à bouger et que ma mini-moi s'enfuie enfin dans un monde de rêve. 

Bref, tout a commencé le jour de mon anniversaire, et cette année, ce jour existait. Il y avait des vielles brocantes partout, nous nous sommes exceptionnellement déplacées à Chambord. Des anciennes rues, des vieux quartiers ou des boutiques farfelues trônaient, l'endroit idéal pour ma mère qui trouva des vieilleries :

- Donne-moi ton sac, je te le rends tout de suite. 

Je lui tends, elle choisit alors une vielle cruche qui ne lui servira jamais à rien. Elle s'arrêta alors pour parler à la brocanteuse, ayant reprit mon sac et ne pouvant rester en place je montai dans le grenier de la brocante. Des tas d'incroyables chose : des tableaux, des vases de tout temps, des bougies, des poupées en porcelaines et surtout au centre de la pièce un gigantesque trou.   Je me penche au-dessus mais ne vois rien, et alors que je m'apprêtais  à m'écarter du trou, un cri déchirant me pousse à me re-pencher. Une main se tend désespérément vers moi et je l'attrape, mais elle me tire vers elle. Je tombe dans le trou sans fond. La main était glacée et je m'evanouie dans la peur et le froid. 

Je me réveille dans le néant. Je suis tout simplement horrifiée, je ne vois que du blanc, à perte de vue. J'avance donc dans ce néant, j'ai peur, j'ai soif et faim, je veux rentrer chez moi, je cherche une personne, je ne vois rien, ça doit faire maintenant des heures que je marche sans savoir où je vais. Là ! une silhouette se dessine enfin, je cours vers elle mais mes jambes ne peuvent plus me porter, je tombe dans la poussière blanche, inconsciente. 

 Quand je me lève pour la deuxième fois, je suis dans une sorte de case, une ombre se dirige vers moi : c'est jeune garçon de mon âge avec des cheveux noirs qui lui arrivent jusqu'aux épaules et des yeux d'un joli vert pâle. Il avait une peau très blanche, et regardait à travers une petite fenêtre. Son regard était triste, et semblait fixés sur un horizon inconnu. Il tourna la tête vers moi:

- Viens suis moi. 

Je me lève avec un mal de tête horrible, et nous sortons de la case ... me revoilà dans ce maudit néant. Je lui demande :

- Comment t'appelle-tu ?

- Nuit, me dit-il froidement. 

Nous continuons de marcher, il s'arrêta :

- Regarde, là, me dit-il en pointant du doigt un fragment de miroir. 

Je tends la main pour l'attraper mais il me la tape violement et me crie :

- Es-tu folle ? Si tu le touches, tu tomberas dans un enfer pire que celui-là. 

Je déchirai un morceau de ma robe blanche, et l'enroule autour du morceau de miroir puis je le met dans mon sac. Je cours pour rejoindre Nuit :

- Où-va-tu ? Je peux venir ? 

- Non, retourne à la case, dit-il agacé. 

Je commençais à paniquer:

- Ne me laisse pas toute seule ici, je t'en prie ! 

Il réfléchit quelques instants, et finalement accepta. Je le suivis en silence. Une question cependant me tiraillait: 

- Bon, bon, j'ai une question, comment as-tu construit cette case dans le néant ? 

Ses yeux luisaient de malice. 

- Je n'étais pas seul. 


Rêve ta vie en couleurs, c'est le secret du bonheur !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant