On marchait depuis des heures, Nuit ne disait rien, et répondait très brièvement quand je tentais de commencer un dialogue. Autour de nous, du blanc, du blanc et toujours du blanc. Petit à petit, cette couleur si pâle semblait foncer, devenir grise et bientôt, noire. Étrangement, plus l'obscurité gagnait le néant, plus il faisait chaud: quand il fut totalement noir, je cru que nous étions arrivés dans une serre.
Je remarquais que trois ombres nous suivaient, depuis un moment maintenant. J'avais d'abord pensé que ce n'était que mon imagination, mais non, elles étaient bien réelles, et parfois même, je les entendaient chuchoter. Nui n'avait pas réagit, et je n'osais plus lui parler. Il s'arrêta et dit:
- Nous y sommes.
- Où ça ? demandais-je, ne voyais absolument autour de moi.
- Dans le désert noir.
Les ombres s'arrêtèrent, et l'une d'elle d'une voix chaude :
- D'où vient-t-elle ? De NaoyaÏ ou Chiscou ?
Je ne comprenais plus rien: Nuit les connaissait ? Nao-quoi et Chou-quoi ?
Nuit haussa les épaules puis leur répondit :
- Je ne sais pas, je l'ai trouvé évanouie en plein milieu du désert blanc.
Une autre ombre s'approcha de moi, et me demanda doucement :
- Comment t'appelle-tu ?
- Miroire, dis-je timidement, et vous ?
-Tu peux me tutoiyer, rit-elle. Moi c'est Estelle, lui Azam et elle, Azim. Et lui là, je ne sais pas s'il s'est présenté, il est tellement taciturne ! C'est Nuit, j'espère qu'il n'a pas trop été désagréable ! Ne t'en fais pas, il a un bon fond. Tu n'as rien à craindre de nous, petite.
- Il est l'heure de manger, interrompit Azim, avec une voix de vieille dame.
Nuit était déjà devant, et s'approchait d'une gigantesque case, qui semblait sortir de nulle part: comment avais-je fait pour ne pas la voir avant ? Estelle me demanda alors :
- D'où viens-tu, joli coeur ?
- Euh ... Je crois que j'habite à la ville avec ma famille, et je suis monté au grenier de la brocanteuse et il y avait un trou ... je m'en suis trop approché et je suis tombé dedans, mais je ne sais pas comment je peux rentrer chez moi maintenant ... aidez-moi s'il vous plaît ...
Je sentit que l'ombre, Estelle, me fit un sourire. Je me sentit rassurée: cette dame avait l'air si gentille ! Elle dit:
- C'est bien ce que je pensais, tu ne viens pas d'ici. Les yeux bleus sont rares dans le coin. Avant que je ne me transforme en ... ça ... j'avais les yeux vert ! Comme Nuit, ajouta-t-elle, et comme presque tout le monde ici. Tes yeux sont si beaux, joli coeur, on dirait dirait des petits saphirs !
Je rougis, il était vrai que j'étais fière de mes yeux, puis je lui demandai :
- Sais-tu comment sortir d'ici ?
- Notre monde se nomme Vie, et si tu veux en sortir il te faut ramener les quatres fragments de miroir, elle laissa échapper un soupir puis reprit, et personne jusqu'ici n'a réussi à en trouver ne serait-ce qu'un.
- Mais pourtant Nuit et moi en avons trouvé un, après que je me sois réveillée.
- Comment ! Voilà donc pourquoi Nuit nous visite ! C'est une incroyable nouvelle, je suis heureuse pour toi, ta mission ne sera pas si difficile ! Surtout, ne le perd pas, et tu pourra t'en sortir. En attendant, à table !
- Oui !
Je me sentais de plus en plus à l'aise. Je n'avais plus du peur de ces ombres qui s'agitaient et parlait joyeusement. J'entrais derrière Estelle dans la magnifique maison de terre. Il y avait des fresques de différents motifs qui ornaient les somptueux murs et au milieu de la salle un grand tapis autour du quel Azam, Azim et Estelle prenaient place sur des coussins de velours vert. Nuit s'installa sur un quatrième, et Estelle m'indiqua un cinquième coussin. En face de moi, un couvert était mit et un coussin restait vide. Pour qui était cette sixième place ?
Azim avait posé sur la table des dates, des raisins secs, des olives noires, des vertes et des rouges, sans oublier des piments de toute les couleurs, de l'eau et du thé à tous les gouts.
- Bonne appétit, nous dit Estelle.
Affamée, je me mis à dévoré les victuailles. Je remarquais avec étonnement que j'étais la seule à manger, avec Nuit, qui mangeait à peine. Estelle et Azim rangèrent les couverts dans des petits placards en ébène, et je les aidais. Comme nous eûmes finit, nous sommes sortit tous ensemble dehors, Azam et Nuit avaient allumé un feu. Il crépitait, et l'air s'était brusquement rafraichie: je tremblais à m'asseyant tout près des flammes. Alors, Azim de sa vieille voix, nous raconta des histoires. Nuit était allongé, les mains derrière la tête, et paraissait ne pas écouter, perdu dans ses pensées. Lorsque le feu fut un tas de braises rouges, Azam dit d'une voix grave:
- Il est temps que tu rentres, Nuit. Miroire, veux-tu rester ici cette nuit ?
- Non, interompit Nuit. Elle rentre avec moi.
Personne n'émit d'objections, et je me levais pour le suivre. Après avoir chaleureusement remercié Estelle et sa famille, je rejoint Nuit qui m'attendais avec impatience. En chemin, il me dit :
- Nous les trouverons.
J'étais étonnée qu'il me parle: nous étions presque arrivés. Il avait l'air adoucit, et me sourit avec bienveillance. Je sentis mon coeur battre plus fort.
- Quoi donc ?
- Les miroirs, nous les trouverons.
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Rêve ta vie en couleurs, c'est le secret du bonheur !
FantasyL'Histoire d'une petite fille, Miroire, et de son amour pour le mystérieux et beau garçon, Nuit. Leur aventure extraordinaire dans le néant s'achèvera-t-elle en couleur ?