Une douce nuit de juillet, une robe rouge, un anniversaire. Le mien ? Apparemment. La musique est est trop forte, je ne peux plus. Qui sont ces gens qui emplissent leurs veines de ce feu brûlant d'éthanol ? Je ne les connais pas tous, je devrais sûrement faire un effort pour m'intégrer à leurs jeux. Nos amis s'amusent, toi aussi Eole je le vois bien. C'en est trop pour moi, bruit, corps moites, relents alcoolisés, lointaine odeur de cigarette. J'étouffe. Je me dégage de ton étreinte Eole, et m'engouffre dans le escalier pour échapper à ce qui me paraît une foule. Tu ne tentes pas de me retenir, peut-être as-tu compris, compris que j'avais besoin d'air. C'est ma soirée - en partie du moins - mais pourtant je ne m'y sens pas à ma place. Je n'aime pas tout ça, je me sens vulnérable.
Arrivée sur la terrasse déserte, je ne me sens pas mieux pour autant. Putain ! J'ai dix-sept ans ce soir et je suis incapable de m'amuser comme tout le monde. A ce moment précis Eole, j'ai envie de descendre et de prendre un verre, juste pour voir. Après tout, pourquoi pas ? Ça ne les tue pas les autres si ? Rien qu'un, ça me désinhiberait sûrement un peu pas vrai ? Allez quoi, juste un verre. Non. Non. Non. Je ne suis pas comme ça. Je ne veux pas l'être. C'est vraiment pas le bon soir pour faire ce genre d'expérience. Je ne sais même pas pourquoi j'ai besoin de retenir mes larmes Eole, je n'ai pourtant aucune raison de pleurer. Une main enlace ma taille en silence, et je sais que c'est toi sans avoir à te regarder. Longtemps je ne bouge pas, lorsque je rouvre les yeux les étoiles me narguent, elles sont plus belles que moi. Doute. Ça faisait longtemps tiens. Pourquoi t'es là hein Eole ? Qu'est-ce-que tu fous avec une fille qui met trois mois à t'embrasser et qui en plus de ça préfère être seule ?
« J'étais sûr de te trouver là. Tu ne veux pas revenir ? On va bientôt amener le gâteau. Eh... s'il te plaît, descend au moins de ce mur tu veux ? »
Je ne sais pas quoi te dire Eole. Si je descend de là je craque, et je ne sais toujours pas pourquoi je suis comme ça ce soir. Je veux être capable de danser comme si personne ne me regardait, je veux t'embrasser jusqu'à être à bout de souffle, je veux tourner dans ma robe rouge comme je le faisais à cinq ans, je veux rire à en pleurer. Toutes les conditions sont réunies mais je reste là, sur ce mur qui me rappe l'arrière des cuisses, en silence. Tu finis par repartir et je ne peux pas t'en vouloir, après tout je ne suis pas de très bonne compagnie n'est-ce pas ? Je lève les yeux, retour aux étoiles.
« Tiens, tu auras ton vrai cadeau plus tard mais je voulais déjà te donner ça. C'est un peu nul hein... Enfin... je l'ai écrit pour toi, et le bracelet aussi, j'ai demandé à ma sœur de me montrer. Je crois qu'il sera un peu grand. Je lui ai dit pourtant que tu n'avais pas un gros poignet, je crois que ça la faisait marrer de me voir galérer, elle a bien précisé que je devais continuer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de fil. »
Dans l'enveloppe je trouve le récit de notre premier baiser. Un peu romancé certes mais les éléments y sont. Effectivement ta sœur s'est un peu foutue de toi, le bracelet est bien trop grand pour ma frêle articulation. Malgré tout il ne quittera plus mon poignet, je t'en fais le serment. C'est adorable Eole, si tu savais, si tu savais tout ce que je voudrais te dire à cet instant. Je vois dans tes yeux que tu voudrais que je les dise ces mots, mais je ne peux pas. Si au moins je savais pourquoi... Hein ? Dis-moi toi, pourquoi je n'y arrive pas, pourquoi je suis muette dès que nos cœurs sont en jeu, pourquoi je me sens enfermée dans mon propre corps. Dis, pourquoi tu m'aimes ?
« Pourquoi t'es pas en bas ? J'vais aller souffler tes bougies moi hein si tu viens pas ! C'est vrai c'est pas mon anniversaire mais si la concernée est pas là elle peut bien partager quoi... Je sais plus trop mais il paraît que les absent ont toujours tort de toute façon. Oh putain ça tourne là »
Une fille. Val ? Oui son nom me revient maintenant. Qui a manifestement un peu abusé des boissons alcoolisées, en témoignent son élocution difficile et les guirlandes flamboyantes qui entourent sa taille. Mais qu'est-ce qu'on fait là Eole ? Je ne la connais pas, je ne veux pas faire l'effort de la connaître. Pourtant son allure ridicule m'arrache un sourire, et je descends enfin de mon perchoir. Tu me prends par la taille et me fais descendre les escaliers, m'entraînant vers le l'attroupement bruyant. L'air est brûlant et je m'embrase en embrassant tes lèvres sèches.
Fini la nostalgie, je dois m'amuser, je dois rire et danser, je dois, je dois, jedois, jedoisjedoisjedois. Assez. Je veux t'aimer comme toi tu m'aimes Eole, mais comment le faire si je ne m'aime pas moi-même ? Tu vaux mieux que moi, tu veux me comprendre mais je ne t'en laisse pas l'opportunité, je ne te mérite pas. Si. L'amour ce n'est pas qu'une question de mérite. L'amour que tu me donnes est simple et pur mais je complique tout.
Tombe la pluie (qui dévale mes joues sans raison).
VOUS LISEZ
Eole
Short StoryEole, c'est le genre de personne qui voit que tes bases ne sont pas solides même si tu prétends le contraire. Alors il te pousse. Et tu tombes. Et ça fait mal. Mais Eole c'est aussi le genre de gars à te prendre par la main ensuite et à te relever p...