Filature et Nouveaux suspects

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Les mois passèrent sans que le détective ne trouve la moindre petite piste pour éclairer différemment son enquête. Erayld Cole était plongé dans une pile de documents. Il ne sortait plus de son bureau, qui était devenu une véritable décharge. Des boites de pizza et des canettes de bières jonchaient le sol. Une atmosphère lourde et pesante régnait dans la pièce. Il travaillait jour et nuit, ne se laissant pas un seul jour de répit tant il était concentré sur son travail. Il avait listé toutes les personnes qui avaient été en contact avec Louis Winston, que ce soit la famille ou les simples connaissances au bar. Il les avait toutes interrogées minutieusement.

Il n'avait rien trouvé d'intéressant à part le fait que, après la mort de Louis Winston, son cousin Richard Gerland avait hérité de son restaurant. Chose assez étrange : cela n'avait pas été mentionné dans son testament... Gerland avait ensuite lui-même cédé ce restaurant à un certain Jules Darty avec qui il n'avait apparemment aucun contact. Cole trouva cela encore plus étrange, venant d'un homme apparemment apathique, possessif, manipulateur et bipolaire. Le parfait profil d'un assassin sans pitié. Poussé par son instinct, l'inspecteur avait enquêté plus profondément sur Gerland et l'avait interrogé lors d'un interrogatoire poussé ; il n'avait obtenu que des réponses floues, et son alibi le soir du meurtre restait pour le moment inconnu.

Décidé à en apprendre plus, Cole sortit pour la première fois depuis des mois d'Interpol, où se trouvait son bureau, pour se renseigner sur Gerland. Il marcha d'un pas rapide dans le parc qui entourait le bureau de police pour atteindre sa voiture, garée sur le bord de la route du Quai Charles De Gaule. Il se mit en route en direction de la place Bellecourt. Il roulait sur la route, en regardant vaguement d'un air désintéressé les vaguelettes qui s'échouaient sur la berge du Rhône, plongé dans ses pensées. Alors qu'il traversait le pont de la Guillotière en direction de la place où il se rendait, il vit avec surprise Mr Gerland, à pied, marchant sur le trottoir du pont. Cole ralentit alors son véhicule et se gara sur le bas-côté, s'apprêtant à aller à la rencontre du suspect. Alors qu'il allait sortir de la voiture, il croisa le regard de Richard qui le figea sur place, sa main posée sur la poignée. Dans son regard il vit de l'excitation, de la joie et de la... folie ? Tout le contraire du regard des hommes en deuil, tristes d'avoir perdu un proche, qu'il avait pu croiser jusqu'à présent... Cette vision le cloua sur place pour une raison inconnue. Richard tourna alors la tête et partit d'un pas pressé vers la place, comme si il était en retard à un événement important. Le détective, sortant de sa transe paralytique démarra, et se mit à suivre doucement le suspect. Il ne le quittait pas du regard, cherchant à ne pas le perdre de vue. Soudain, au détour de la rue Simon Maupin, Richard disparut dans un bâtiment. Cole, surpris, gara sa voiture non loin dans une allée et rentra dans l'immeuble. Il monta les étages, à la recherche du suspect. Arrivé au troisième, il vit une porte entrouverte d'où s'échappait la voix de Gerland et d'un autre homme qu'il ne connaissait pas. Il risqua un œil curieux à travers l'entrebâillement de la porte et aperçut son suspect en grande discussion avec un homme dont le visage lui était familier. Perturbé, il était tant plongé dans ses réflexions qu'il ne sentit pas ses clefs s'échapper de sa poche. Leur tintement lorsqu'elles tombèrent sur le sol retentit dans l'appartement, perturbant la discussion des deux hommes. Se sentant observé l'un des deux individus sortit de la pièce pour vérifier les alentours mais ne vit personne. Il crut alors à une hallucination, et troublé, retourna aux côtés de son « ami ». Le détective, caché dans une armoire à proximité, écoutait la conversation. Jusque-là, rien d'intéressant, jusqu'à ce que le mot « meurtre » ne parvienne à ses oreilles. L'homme mystérieux prit alors la parole :

« J'ai entendu dire que John Drow est en maison d'arrêt pour le meurtre de ton cousin. Tu as su couvrir tes traces, je t'en félicite.

-Merci, mais je sens que Erayld Cole n'en a pas fini avec cette enquête...

-Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

-Je l'ai vu sur le pont tout à l'heure, dans une voiture. Il m'a vu, et j'ai bien l'impression qu'il m'a suivi.

-Il t'a suivi ? Mais alors il sait où j'habite !

- Allons Jules, calme-toi. Il te suffit de déménager.

-Tu as raison. Je vais me retirer dans ma maison à la campagne le temps que cette affaire se tasse. Tiens, voilà l'adresse, ainsi nous pourrons continuer nos réunions. »

Le dénommé Jules prit alors un bout de papier et griffonna l'adresse dessus avant de la donner à Gerland. Ils se dirent au revoir et Richard décampa de l'appartement. Après le départ de Richard, Cole sortit de l'armoire et se reprit sa voiture en direction d'Interpol.

Crime en Cuisine [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant