Un mort au P'tit Troquet

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Par une journée bien triste pour un 25 Décembre, la pluie fouettait les pavés de la ville de Lyon. La ville semblait vide, le bruit des pas des passants étant le seul son audible dans cette morne journée. Dans le brouillard qui recouvrait la place Bellecourt, un homme marchait silencieusement en direction du restaurant "Le P'tit Troquet". Il s'arrêta un instant, scrutant la forme fantomatique de la statue de Louis XIV qui sortait du brouillard. Soudain il entendit un cri. Il se rua dans la brasserie en poussant la porte précipitamment. Une femme surgit dans le hall en courant comme si sa vie en dépendait et se jeta sur l'homme :

« Monsieur le cuisinier ! C'est terrible ! Le-le-le-le patron !

- Le patron quoi ?

- Il est mort ! Il a été assassiné ! Appelez la police !

- Mort ? Mais que racontez-vous là ?

- Je vous le jure ! Je viens de le trouver attaché sur sa chaise, mort ! MORT!

- Lisa, enfin calme-toi ! Je vais appeler la police ». La jeune femme s'effondra en larmes. Elle ne pouvait d'arrêter de hoqueter. Ses sanglots ne cessèrent qu'à l'arrivée de la police sur les lieux, et surtout à la présence d'un d'un enquêteur de renom : Erayld Cole.

Vu la mine sérieuse qu'arborait son visage, il était évident que cela n'était pas son premier jour sur une scène de crime. Le limier était vêtu d'un long imperméable gris et d'un chapeau de la même couleur. On aurait dit un journaliste des années soixante. Il prit la parole, donnant des ordres à ses subordonnés :

«Vous ! Venez avec moi inspecter la scène de crime ! Vous ! Commencez l'interrogatoire de ces messieux-dâmes !

- Bien monsieur ! »

Cole se tourna ensuite vers Lisa, l'employé qui avait retrouvé le mort. Elle semblait choqué mais lucide. Ses pleurs s'étaient taris.

« Mademoiselle, pourriez-vous m'indiquer l'emplacement de la dépouille s'il vous plaît ?

- En haut des escaliers, troisième porte à gauche dans le bureau Mr Cole.

- Merci ! Je reviendrai vers vous plus tard. »

Il monta les escaliers suivi de deux agents de police, en direction du bureau de la victime. Une odeur putride régnait dans le couloir. Il ouvrit la porte et découvrit une scène d'horreur : du sang tapissait les meubles et les murs. Des bouts de vêtements déchirés étaient éparpillés dans les coins. Une violence inouïe se dégageait de cette scène de crime. Et le plus troublant était tout de même le cadavre. Son visage paraissait terrorisé, figé dans une expression de peur abyssale ; son ventre était ouvert à de multiples endroits, comme si l'assassin s'était acharné sur lui.

« Oh mon dieu... quel est le monstre qui a osé faire ça...

- Au lieu de pleurer comme une femmelette, prends le corps et aide moi à l'amener à l'autopsie. » Cria l'enquêteur, visiblement en colère.

Aidé de quelques policiers, Cole prit le cadavre et le mit sur la civière qui l'emmènerait chez le médecin légiste. Après que le corps fut envoyé chez le médecin légiste, Cole emmena les témoins au commissariat pour les interroger.

Cole demanda alors à l'un de ses policiers s'il avait pu tirer quelque information aux témoins. « Eh bien pas grand-chose, la ménagère est toujours en état de choc mais elle nous a rapporté des informations intéressantes : apparemment la victime et le cuisinier ne s'entendaient pas très bien. Ils se disputaient souvent et en sont presque venus aux mains lors d'une dispute assez violente hier soir. Quant au commis de cuisine, il dit qu'il venait d'arriver quand mademoiselle Conors a découvert le cadavre et qu'il n'a donc aucune information à nous donner.

- C'est louche, laissez-le dans la salle, je vais m'occuper personnellement de l'interrogatoire. »

Cole entra alors dans la salle d'interrogatoire où se trouvait le cuisinier :

« Bonjour monsieur, je suis Erayld Cole, l'enquêteur chargé de cette affaire. Je suis là pour vous interroger.

- Bien. Que voulez-vous savoir ?

- Quel est votre nom ?

- Je m'appelle John Drow. Je suis le cuisinier du restaurant.

- Quels étaient vos relations avec la victime ?

-Et bien... Celles d'un employé à son patron. On ne se voyait que dans le cadre du travail.

- Donc vous vous entendiez plutôt bien ?

- Oui on peut dire ça ... ».

L'inspecteur lui lança alors un regard noir et vociféra :

« Vous vous foutez de moi ! Lisa Conors nous dit tout le contraire ! Il parait que vos rapports n'étaient pas ceux de bons amis ! Vous vous disputiez régulièrement et, en parlant de dispute, celle d'hier était particulièrement violente non ?! Madame Conors nous dit que vous en êtes pratiquement venus aux mains ! »

Le cuisinier suait à grosses gouttes, le stress se lisant sur son visage.

« Je ne l'ai pas tué ! Ce...ce n'est pas moi ! C'est vrai que nous ne nous entendions pas bien mais je n'aurais jamais voulu le tuer !

- Votre interrogatoire est maintenant terminé, veuillez regagner votre domicile. Mais pas de petit voyage lointain tant que notre enquête n'est pas terminée bien sûr... »

 L'enquêteur parla d'un ton sec, un ton qui ne laissait pas le choix à son interlocuteur. John, voyant qu'il n'avait pas le choix, sortit rapidement de la pièce. Peu après le départ du cuisinier, le sous-chef de la préfecture de police entra dans la salle d'interrogatoire où se trouvait encore Erayld Cole et lui demanda quelle conclusion il avait pu tirer de cet interrogatoire. 

« Et bien j'ai l'impression que John Drow n'est pas responsable de ce meurtre. Il a vite avoué la dispute et avait l'air vraiment contrit. Mais rien n'est à exclure. Demain, nous retournerons au restaurant à la recherche d'indices qui pourront peut-être nous aider à y voir plus clair... »

Crime en Cuisine [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant