Malheureusement, ça recommence... Il me suit ?
Un homme d'environ 35 ans, gras comme un cochon, un t-shirt bicolore avec une tache alimentaire, sûrement un burger. Un bas ne valant pas mieux que le reste et une casquette pour dissimuler sa calvitie précoce. Puis pour couronner le tout, un regard qui me dégoûte. Je hais Bill, il m'a toujours fait peur...
Et j'ai de bonne raison ! Étant un camionneur, j'avais la chance de ne pas le voir très souvent. Mais quand il revenait en ville, la première chose à laquelle il pensait... C'était moi.
Au début, je croyais que mon imagination me jouait des tours. Or, ce n'était pas le cas... À chaque fois que je me retourne, il était là, partout, tout le temps, peu importe où je vais. Je suis loin d'être parano - vraiment - puis sans vouloir juger qu'aux apparences, il n'a pas l'air d'un type qui va souvent à la librairie. Je le vois mal ouvrir un bouquin. C'est à la limite si il ne le tient pas à l'envers pour m'observer comme dans les séries télévisées comiques. Sauf qu'il n'y avait rien de comique, au contraire.
Sa présence m'est insupportable, j'accélère le pas en mettant mon portable dans la poche avant de mon pantacourt, je ressers ma dextre sur la anse de mon sac qui était dans mon dos depuis le début. Une fois à bon port, je soupire de soulagement, je ne serai pas seule, le monde me rassure. Et je doute qu'il souhaite passer son après-midi ici voire le début de sa soirée... Enfin, du moins j'espère.
Deux bûches sont taillées en forme de petits personnages, l'un à gauche, est au dessus d'une sorte de casier à plusieurs tiroirs avec gravés "Library" dans le bois. Sur celui de droite, il est assis en train de lire un livre. Elles sont positionnées de chaque côté de l'entrée. C'est d'ailleurs le seul moyen de savoir qu'ici se trouve une bibliothèque. Le revêtement est en ardoise de la même couleur que le trottoir qui rejoint la route, en contraste : la toiture à deux pans avec croupe d'une couleur rougeâtre. Au final, les arbustes entourent tout le bâtiment ramenant un peu plus de verdure même si la pelouse naturelle et verdoyante faisant déjà largement le travail.
J'y entre sans attendre, salue prestement la femme qui s'occupe de l'endroit et vient me cacher entre les étagères poussiéreuses, sur une table près d'une grande fenêtre donnant sur l'église en face, en brique rouge. Je pose mon sac au sol, sortant mes affaires pour travailler comme j'ai l'habitude de le faire. L'odeur de vieux recueils m'enivre les narines. Je compte à peine 45 secondes, qu'il est déjà là. Sur une banquette en tissu bleu, une bd naze de catégorie héroïque fantaisie moyenâgeuse entre les mains. Attention, j'apprécie toute littérature... mais pour l'avoir essayée... ce n'est pas terrible. Du coin de l'oeil, il me jette des regards sous-entendu puis me sourit comme si de rien n'était, ses dents pourries me révulsent au plus au point. Je me concentre tant bien que mal sur mon devoir. Il ne m'avait pas manqué durant les vacances, ça c'est clair.
Les heures se déroulent lentement, trop lentement et ce n'est que vers 18h30 qu'il part enfin. Notre gros Billy. Je referme brusquement mon agenda, attends quelques minutes, place en ordre mon bazar, et me dirige vers la sortie. Seule. La nuit n'est pas encore tombée, je sautille doucement sur le bitume, sans la moindre inquiétude, l'erreur. On m'agrippe sans ménagement le poignet, me faisant passer entre deux maisonnettes. Seule... Je pousse un cri de surprise mais une main se plaque férocement contre ma bouche. Aucun doute sur l'identité de l'individu ... les mains moites et sa transpiration nauséabonde... L'horreur. Mon coeur bat à tout rompre, apeurée, impuissante. Seule... Il parcourt de mon poignet à mon épaule d'un geste qui se voulait peut-être sensuel mais j'avais juste l'impression qu'il essuyait sa moiteur sur moi.
"Ne crie pas sinon..." M'ordonne-t-il. Il hésite un instant, voyant que je ne faisais plus un bruit et retire sa senestre de ma bouche.
Évidemment j'hurle à m'en brûler les poumons, me débattant comme une hystérique. Le griffant à plusieurs reprises. L'erreur. Toujours derrière moi, il m'étrangle avec l'intérieur de son coude et me fait basculer en arrière. Sous le poids de mon cartable et sa force de brute, il n'est pas difficile de me mettre à terre. Ma pince à cheveux se brise en mille morceaux sous le choc. Des larmes me viennent aussitôt aux yeux, embrumant ma vision, soudainement trouble. Puis un poids lourd se met sur moi. Sa main remplace dorénavant sous coude, ses doigts pressent l'autour de mon cou. Seule... je m'agite toujours autant, je cherche à me défendre, l'instinct de survie dirons nous, mais impossible il est trop fort. Il tire violemment sur mon débardeur à fleur et les bretelles s'arrachent dans un craquement. J'halète cherchant de l'air à tout prix. Je gigote mes jambes qui peuvent se mouvoir difficilement. Seule... Je suis en train de m'évanouir... les bruits aux alentours se font sourd. Avant qu'une flopée de paillettes noircisse peu à peu ma vue, je vois son visage bientôt assouvi d'une pulsion malsaine. Seule... Je vais mourir ? Ce jour-ci ? Il fallait s'y attendre... cela fait plus de 3 ans qu'il doit élaborer son plan diabolique. Cette dernière image... je sens mon bas descendre bestialement à mes genoux... Cette dernière sensation. Non... Seule... c'est pire que la mort qui m'attend.

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FAITH
RomanceFaith, 15 ans, petite fille sage allant à l'église Fairview Christian Church vit au États-Unis, dans l'Iowa à Pleasantville qui atteint à peine 1700 habitants au plus, autant dire que tout le monde se connaît. Pourtant elle ne se souvient pas d'avoi...