Décousu

A qui le tour ?

Je n'ai pas de grands rêves, de grandes ambitions ou de grands besoins, je n'ai pas envie de me créer des désirs vains. Commencer à vouloir posséder des choses qui ne m'avaient jamais manqué, je ne veux pas devenir un éternel insatisfait et changer ce que j'ai toujours été. Mais s'il y a quelque chose qui me rongeait, c'était l'envie de gagner. Me prouver, que pour une fois, c'était les bons numéros que j'avais tirés. J'étais un malchanceux heureux. J'avais l'habitude de trébucher sur le trottoir, de finir ma journée trempé car je n'avais pas prévue l'orage qui se préparait. Je me faisais toujours une tâche quand je n'avais plus le temps de me changer. On me choisissait en dernier, je ne suis pas quelqu'un sur qui on pariait. J'étais sans histoires, je ne faisais pas de drames ou de vagues. Je me laissais aller au rythme des jours qui se ressemblait. Mais il me manquait une victoire. Une raison de croire que je n'avais pas été oublié. Alors j'ai joué, j'ai essayé. Un chiffre fétiche, une date d'anniversaire, la fin d'un numéro de téléphone, le nombre de cigarettes fumaient dans la journée. C'était sans compter ses deux grands yeux qui m'interrogeaient. Qu'est-ce que tu ferais si tu gagné ? Je n'en ai aucune idée, la suite je n'y ai pas pensé. Mais je pourrais commencer par t'inviter à boire un café et on en parlerait. Le ticket, je l'ai perdu. Le gagnant on ne l'a pas trouvé. Alors qui sait ? Peut-être que c'était moi, je ne le saurais jamais. Et je saurais m'en contenter. Ce n'est pas l'argent que je cherchais, je ne sais même pas ce que j'en aurais fait. Mais c'est ma douce buraliste que j'ai trouvé. J'ai fini gagnant et c'est tout ce qui est important.