2 MAI, Caesar Palace, Las Vegas
point de vue : Hazel Rock
Imaginez que vous deviez, par n'importe quel moyen, enlever un fragment de balle de l'épaule droite d'une personne presqu'inconnue. Enfin, inconnue, tout est relatif, bien entendu. Donc, enlever fragment dans un milieu hostile, d'une manière ou d'une autre ça risque de – AH ENFOIRÉ CA BRÛLE – Désolé, désolé – faire mal, très mal. Et ceci n'est pas un pourcentage qu'on a dans un graphique circulaire, qu'on étudie dans la théorie, non on est déjà dans la pratique, et ça fait mal, très mal, et au mieux, tu crèves. Mais le vrai problème, reste celui-ci : allez-vous au plus vite, ou vous faites trainer l'affaire pendant une heure, si ce n'est plus, en procédant à de minuscules pincettes avec les ongles, ongles souillés par le cambouis sortant tout droit du capot d'une voiture vintage des années soixante ; en exerçant ces petits gestes, vous laissez forcément la personne agoniser, souffrir le martyr jusqu'au point de la faire gueuler tel un poulet se faisant égorger vif. Entendez-vous ces cris à présent, le bruit de ses débattements, en laissant ses plumes sur la table à couper ?
Bien sûr, pas besoin de réfléchir à cela pour conclure que oui, la rapidité est la meilleure solution, c'est peut-être bien la seule chose à faire, en finir au plus vite, et ça, pour toutes les étapes de la vie puisque forcément, elle finit, cette vie, par une mort incertaine, puisque jamais la personne décédée ne saura de quoi est-elle morte, pourquoi, comment, d'autres questions cupides de la vie menant à la mort. Alors, enlevez cette putain de balle, ou son fragment du moins, payez la tournée, soyez un bon citoyen.
Mais, un problème en amène un autre : et si, de n'importe quel façon, vous doutiez de la personne au-dessus de cette épaule ouverte ? Et si, plus précisément, vous doutiez grave d'elle ?
Je pouvais maintenant y réfléchir convenablement, méditer là-dessus. Je dis convenablement, mais en fait, je suis pratiquement droguée, dans les vaps, inconsciente et en même temps, au taquet, agressive, tout ça avant que mon épaule parte en fumée à cause de l'éclairage et le désinfectant, le tout improvisé. Comprenez qu'un briquet près d'une épaule ouverte désinfectée à la vodka pure, c'n'sera pas que mon épaule qui brûlera, mais mon corps entier !
Parce-que l'épaule qu'on discute, c'est la mienne. Pas l'épaule droite abstraite d'un philosophe mort et enterré, ou même une épaule droite d'un mec blanc qui s'est pris un coup de soleil en se pavanant sur une plage de St. Tropez sans oublier qu'il s'est fondu dans la masse, entre tous ces nudistes. L'os, la peau, le cartilage, la cicatrice brune à l'intersection du cou suite à l'accumulation de coups de ceintures, étranglements, griffures et morsures – tout ça, c'est bel et bien à moi.
Ce moment où je me demande comment la superstar a bien pu m'échapper. C'est vrai quoi, je le suivais, je l'avais vu, reconnu depuis le balcon du hall du palace d'où j'avais une vue d'ensemble. Puis, il était entré dans l'ascenseur sans faire attention, j'avais vu qu'il était monté au vingt-septième étage, j'étais montée juste après, à croire qu'en fait, il est monté au vingt-huit ou vingt-neuvième. De retour au rez-de-chaussée, un mec m'avait abordé, je l'avais ignoré. Une porte, un papier m'interdisant d'entrer pour cause, la peinture était soi-disant fraiche, que faisais-je ? J'entrais, pas par simple curiosité ce qui s'avère être un avantage selon moi, ou parce-que je déteste les interdits, et les enfreins toujours ; mais surtout parce-que, je me demandais si ce message n'était pas un prétexte pour qu'aucune groupie n'essaye d'entrer quand monsieur Bieber réserva la salle de restaurant. Mais non, c'était vraiment la peinture qui était fraîche, et pourtant une silhouette à, à peine, cinq mètres, se dessinait devant moi, dans le noir. J'avais levé mon revolver camouflé sous ma robe rouge, histoire de me fondre dans la masse parmi toutes ces mondaines liposucées ; tout en marchant, tiré, raté, juré, esquivé. Je pense que le fait qu'il faisait noir avait joué sur le fait que j'avais raté ma cible même si je suis assez habituée au sombre. Mais surtout, le string – pour se fondre dans la masse jusqu'au poil, si vous voyez ce que je veux dire – me rentrait dans le fin fond du fion, comme actuellement, sauf que je ne peux pas bouger, je vous rappelle que je risque ma vie là en étant entre les mains d'un incompétent ; toutes ces petites choses avaient fait que, ouais j'avais raté ma cible. J'avais beau avoir réussi à esquiver la balle, je me rendis compte en le cherchant, croyant encore que c'était monsieur Superstar, que mon épaule me brûlait, puis du sang, du bruit, un mur contre lequel je m'assis, et enfin une odeur familière. Une odeur entre le Candy Prada et Le Mâle de Jean-Paul Gautier. Un mélange étrange même que je renifle actuellement, envoûtant, écœurant, puis hypnotisant, et nauséabond. Un parfait équilibre entre la douceur d'un chien charognard, et la virilité d'un gosse voulant à tout prix un chewing-gum alors qu'il lui reste que cinq cents en allant chercher le pain. Comme tout enfant modèle le ferait.
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WE ARE BAD : TOME 1
Fanfiction« Je voulais comprendre pourquoi elle me haïssait autant, au final j'ai compris qu'elle voulait plus que me cambrioler. J'ai répondu à son annonce. J'ai appris que le destin fait bien les choses puisqu'on s'est vu dans l'heure qui a suivi. J'ai auss...