Échec au roi (sous contrat d'édition)

Chapitre 5

Cooper et Simon marchaient sur le campus pour quitter celui-ci et aller au Barnabeer. Ce dernier se faisait du souci pour sa copine. Il la trouvait de plus en plus silencieuse, mais il était tout aussi tracassé pour son pote qui ne prononçait aucun mot. Il l'avait vu observer Emma, même s'il avait fait mine de rien. Le retour de la demoiselle devait remuer complètement Cooper, Simon en était certain. Surtout qu'Emma agissait comme si elle ne les avait jamais connus. Lui-même en était vexé. Lui qui l'avait côtoyée puisqu'elle avait été l'une des amies proches de sa tendre sœur.

Cette dernière marchait d'ailleurs en sens opposés, vers eux et le cœur du jeune homme s'affola. Elle lui manquait. Horriblement. Il était loin le temps où ils étaient complices et partageaient des moments qu'il adorait.

Sa relation avec sa cadette avait changé après la séparation de Cooper et Emma et il n'avait rien fait pour empêcher cela. Il en avait voulu à Cooper, même s'il avait continué à le côtoyer. Pour cause, Cate ne lui parlait plus, ne le regardait presque jamais. Il s'en souvenait comme si c'était hier, le jour où sa moitié, sa sœur lui avait tourné le dos.

C'était le soir de la rupture de Cooper et Emma. Personne n'avait revu cette dernière de la journée. La bande de Cooper et celui-ci avaient entendu qu'elle avait été amenée à l'infirmerie et puis plus rien. Cooper était resté impassible, comme s'il se moquait de ce qui avait pu arriver à son ex. Du moins, c'était ce qu'il avait essayé de laisser paraître. Toutefois, Simon avait aperçu cette douleur insoutenable et ce chagrin qui brillaient dans ses yeux. Il n'avait cependant rien dit, n'avait pas été surpris non plus que sa sœur ne soit pas avec eux. Parfois, elle traînait avec ses copines ou passait son temps à la bibliothèque du lycée. Le jeune homme avait déposé Lucy chez elle sans qu'un mot ne soit échangé, puis il était allé chez lui.

Cate était rentrée plus tard ce soir-là, et lorsqu'il l'avait entendue dans le couloir, Simon était sorti de sa chambre, mais s'était arrêté net en voyant les yeux de sa sœur si tristes, vides, perdus.

— Cate ! Mais qu'est-ce qui ne va pas ?

— Tu oses me demander ce qu'il y a ? avait-elle chuchoté en détournant les yeux.

— Je ne comprends pas...

La jeune fille avait redressé la tête et le cœur de Simon avait manqué un battement. Jamais il n'avait vu un tel regard chez sa sœur, dur, sévère, méprisant, haineux.

— Qu'est-ce qui vous a pris, franchement ? Vous vous croyez tout permis, car vous êtes des mecs ? Parce que vous êtes en bande ?

— Cate...

— Tu me dégoûtes, je ne te reconnais plus, Simon. Vous me donnez tout bonnement envie de gerber ! avait-elle lâché hargneusement sans élever la voix.

Le jeune homme avait avalé sa salive difficilement, l'excès de colère qu'il voyait chez sa sœur était une chose qu'il avait l'habitude d'apercevoir en Lucy. Il en avait tremblé de tous ses membres, mais il n'avait pu répliquer ni se justifier, car elle avait continué sur sa lancée.

— Je pensais qu'elle était votre amie, qu'elle était ton amie, Simon ! Sais-tu dans quel état est Emma au moins ? Le mal que vous lui avez fait ?

— Attends, laisse-moi t'expliquer...

— Épargne-moi tes salades ! avait-elle coupé, levant la main vivement. Dorénavant, ce n'est plus la peine de m'adresser la parole. Pour moi, vous n'existez plus. Je n'ai plus de frère, je n'ai plus rien avoir à faire avec vous. Si vous me croisez dans les couloirs, je ferais comme si je ne vous connaissais pas. Si vous osez me parler, je ferais en sorte de ne pas vous entendre, et ce, jusqu'à la fin de ma vie. Je suis peut-être puérile, mais ce que vous avez fait ce matin à mon amie, je ne pourrai jamais vous le pardonner. Encore moins à toi, Simon.