À Loup,

Tu me pardonneras mon écriture mal assurée mais tu me connais je suis deja en train de mouiller ta feuille de larmes toutes plus injustifiées les unes que les autres puisque j'ai pris la décision de me tirer cette balle et que chaque jour des milliers de personnes meurent alors qu'elles donneraient tout pour plus de temps. Et puis tout ce que j'ai à te dire est foutrement beau parce que tout ce que j'ai vécu avec toi était brut, on est tellement con tout les deux, on est tout les deux instables, on a tout les deux peur de ce que sera notre "demain", faut croire qu'on se ressemble au final même si t'es plus fort que moi parce que ma faiblesse est ta force, ton homosexualité est bien une des choses dont tu es le plus fière, je comprends maintenant à quel point ça devait être horrible pour toi de voir qu'on s'aimait mais que je m'en rendais malade pour l'unique raison que tu es un garçon et non une fille. Je m'en veux aujourd'hui parce que j'ai gâché des soirées entières qu'on aurait dû passer sur une colline à regarder les étoiles enlacés, à imaginer la Grèce, à refaire le monde. Les moments que j'ai passé avec toi était les plus beaux de ma minable existence. Tu me donnais envie d'vivre, apparement pas assez pour que je me batte mais quand même assez pour me faire véritablement sourire, assez pour que je t'aime à en avoir mal. Tu me faisais ressentir mille et une émotions en même temps, ton souffle dans mon cou, tes blagues douteuses, ta vision révolutionnaire du monde, tes états d'âme. Je m'rappel qu'un soir je t'avais dit que si je venais à me suicider rien ne me manquerait puisque je n'aurais rien aimer assez fort pour vouloir rester et bien je me trompais complètement, parce t'es une raison suffisante et pourtant j'l'ai quand même fait, et ça me détruit d'imaginer que j'vais plus te voir Loup, c'est horrible, j'pourrais plus passer ma main dans tes cheveux bleus, j'pourrais plus te regarder fumer dès le matin ou en plein milieu de la nuit, je pourrais plus regarder tes dessins et j'en suis malade, j'ai envie d'hurler tellement j'ai mal de penser ça et en même temps je souris parce que je m'rend compte de ma chance, la chance que j'ai eu de te connaître et de recevoir ton amour. Je suis désolé de te faire souffrir, de t'infliger ma tristesse, tout les autres en voyant mon état et à quel point j'étais détruit m'abandonnait à mes dépends comme si mon mal être était une maladie que je pouvais leur transmettre mais toi t'es resté, tu m'as fait rire et pleurer, tu m'as fait vivre et je t'en serais éternellement reconnaissant. Tu mérites tellement mieux que ce que j'avais à t'offrir, tu mérites quelqu'un qui sauras t'aimer parce que moi je t'aimais mal parce que je sais pas aimer et j'veux pas apprendre parce que toi je pourrais jamais t'aimer différemment, on s'aime à notre facon alors qui dit apprendre à aimer dit aimer quelqu'un d'autre et je m'en sens incapable. J'suis bien maintenant, je pars apaisé, je ressens enfin ce que tu me faisais ressentir. Merci, Loup, merci. J'taime.

- Martin

Le garçon aux cheveux bleus passa des larmes à un sourire radieux parce qu'il n'était pas triste que Martin soit mort parce qu'il le savait enfin heureux et ça suffisait à le combler. Il murmura doucement "Moi aussi Martin, moi aussi."

MartinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant