À Arsène,

T'es la cinquième lettre que j'écris, je redoutais ce moment, j'le redoutais parce que pour tout les autres j'arrive à imaginer leurs réactions mais toi non parce que t'as changé, ou p'tet que c'est moi, je sais pas vraiment. J't'adorais Arsène, vraiment. T'étais là quand les gens étaient contre moi, t'étais à mes côtés mais au final il a fallut une seule révélation pour que tu les rejoignes et que tu me craches ta haine au visage, moi j'ai jamais réussi à te détester, je sais pas par quel miracle. J'pensais que tu serais compréhensif, que tu me dirais "Et alors, t'es gay et puis ? Ça change rien du tout." Mais non ce Arsène là je l'avais peut être imaginé, peut être que je te connaissais pas du tout au final, j'en sais rien et dieu sait que j'ai passé des nuits entières a essayé de comprendre pourquoi mon orientation te dérangeait autant et puis j'étais même pas amoureux de toi, p'tet que c'est ça qui te faisais peur, je sais pas non plus. En tout cas j'étais toujours le même Martin, celui avec qui tu faisais des photos, avec qui tu rigolais, que t'attendais tout les jours sur ce vieux banc qu'on avait proclamé notre mais du jour au lendemain j'étais devenue Martin la pédale, celui à qui on crachait au visage parce que malheureusement pour lui il n'aimait pas les filles comme il le devrait. J'étais pas normal pour vous enfaite mais je n'ai pas choisi ça, je n'ai pas choisi d'être un jour attiré par le sexe masculin, c'était comme ça, ça l'avait toujours était, ça faisait parti de moi. C'était pas une tare ni une maladie ni toutes autres sortes d'atrocités que vous appeliez synonymes de mon homosexualité. J'ai réussi à m'en vouloir, à me dire que j'étais pas normal mais bordel c'est quoi la normalité au final ? C'est pas moi en tout cas, enfin à vos yeux. Au début je repoussais cette amour envers les hommes, je n'y croyait pas, je n'avais rien d'une personne gay parce que oui pour moi avant les homosexuels avaient des manies qui leur étaient propres, un homosexuel ayant des préjugés sur l'homosexualité, c'est ironique comme situation, non ? Je sais pas si tout ces mots qui te racontent mes maux serviront à quelque chose, je sais même pas si c'est une bonne idée de l'écrire pourtant j'aimerais partir avec l'idée que si j'ai réussi à m'accepter tu peux toi aussi accepter l'homosexualité.

- Martin.

Le jeune homme pleura doucement tout au long de la lettre, il pleura son ami, son manque d'ouverture d'esprit et se détesta de ne pas avoir compris avant, d'avoir été obliger d'en arriver là pour réaliser qu'il avait abandonner Martin.

MartinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant