épisode 4

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« Hormis son mari, Elizabeth n'avait pas d'autre famille proche. Noël en cette année 1918 s'annonçait bien triste pour elle. Marthe et moi avions eu à cœur de l'inviter à partager notre humble repas, même si face à la peine qui était la sienne, ce serait une maigre consolation.

J'étais sorti pour fumer une cigarette quand j'ai aperçu cette silhouette à une fenêtre de la maison de notre invitée. N'étant pas du genre à croire aux revenants, je me suis précipité dans la rue pour rejoindre la propriété de notre amie.

La rue était déserte. J'ai poussé discrètement la grille fermant l'accès à l'allée de gravillons conduisant à la bâtisse du défunt docteur. J'avançais dans la direction de la vaste demeure quand j'ai entendu des bruits de pas dans l'escalier de service menant au sous-sol. Un homme à la carrure imposante est apparu et a sursauté en me voyant.

Je l'apostrophai avec fermeté et assurance, malgré le fait que, moi non plus, je n'avais rien à faire là. La lune éclairait la cour d'une lumière blafarde, suffisante pour identifier les traits de l'individu.

C'est alors que je reconnu Gilles, un compagnon de troupe ! M'identifiant également, il parut soulagé. Quand je lui ai demandé ce qu'il faisait là, il n'y est pas allé par quatre chemins... Il m'a proposé la moitié de ce qu'il venait de dérober. La moitié de 21 000 francs !

Son regard me fixait, attendant un acquiescement immédiat. « Décide-toi. Tu prends des billets ou tu me laisses passer » chuchota-t-il. Je ne voulais accepter aucune de ces propositions. Je ne pouvais pas le laisser voler notre amie et déshonorer notre engagement de soldat. J'ai essayé de le raisonner pendant plusieurs minutes. En vain.

« Tu es ici avec moi, Georges. Je pourrai dire que tu étais mon complice. Laisse-moi partir ou cela va mal finir ! » avait-il conclu, sur un ton exaspéré et menaçant.

Voyant que je n'étais pas décidé à bouger, il me décocha un direct du droit qui m'envoya au sol. Je m'étais laissé surprendre. J'avais été trop confiant, oubliant qu'il y a parfois des pommes pourries dans une caisse remplie de fruits de qualité.

Le temps de me relever, il était déjà dans la rue, courant vers les sommets des Coteaux de la Citadelle. Il avait soigneusement évité de prendre la direction des 374 marches de la montagne de Bueren tout comme celle de l'étroit escalier menant à Pierreuse. La difficulté de ces deux chemins aurait rendu sa course hasardeuse.

La poursuite en montée dura plus de trois minutes avant que je ne parvienne à le rattraper. C'est alors que Gilles s'est retourné et a sorti un Luger. Il a pointé son arme sans trembler. « Je te laisse une dernière chance. Tu me fous la paix et tu dégages ou je te butte » a-t-il crié.

Sans réfléchir, j'ai lancé une jambe en avant et percuté l'arme qui vola dans les fourrés. Une fraction de seconde plus tard, il me sauta dessus, provoquant ma chute. Il enserra mon cou de ses mains puissantes, me bloquant à terre. Il serrait de toutes ses forces. Il se mit à frapper violemment mon crâne contre le sol.




Le secret de Georges MeunièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant