Prise au piège

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La route fut longue, pour ainsi dire une éternité. Être assise dans la même position avec l'impossibilité de bouger et les mains menottées dans le dos n'est pas vraiment une position confortable. Le trajet avait duré au moins deux heures. Deux heures interminables. Quand nous arrivâmes, je m'apprêtai à me lever, quand une main me força à me rasseoir. Il était en face de moi.

" C'est pour ton bien... ou pas. En fait, on s'en fout. "

Il me mit quelque chose sur les yeux. Une sorte de bandeau. Il prit ma chaîne et la détacha du mur. Il me tenait le bras tout en me guidant vers l'extérieur. Je n'entendais que des bruits de pas. Je savais que nous entrâmes dans un bâtiment, mais je n'y voyais rien.
Quelques instants après, je me sentis basculée vers l'arrière. Une chaise me rattrapa. Quelqu'un retira mon bandeau.

" Enfin ! Ce n'est pas trop tôt ! ", soufflai-je en m'exclamant.

L'homme me dévisagea. Il souriait. Pas un sourire gentil, non. Un sourire empli de malice et de malveillance.

" J'aime les courageuses. On n'en trouve pas souvent en ce moment. "

Il toucha mes cheveux, puis laissa une mèche tomber sur mon visage. J'étais toujours fixée. J'avais beau essayé de me convaincre que je n'avais pas peur, mon corps n'était pas d'accord. L'homme qui était en face de moi était blond platine, rasé sur les côtés. Il portait des lunettes rectangulaires, et était de grande taille. Je le voyais en train de réfléchir. Il m'examinait de la tête au pied, ce qui me gênais horriblement. Je me forçai à le regarder dans les yeux et à ne pas détourner le regard lorsque ceux-ci se croisèrent. Son ton posé m'apeurait plus que tout.

" Et bien c'est parfait ! Il faudra juste la former. Tu t'en chargeras, Zarayn. Mais oui, bien sûr que tu t'en chargeras. "

Je vis quelqu'un dans la pénombre, adossé contre le mur. Je pus observer un mouvement de tête venant de sa part, poussant en même temps un grognement. Tout le monde quitta la pièce, mis à part moi. Je restais là, coincée sur cette chaise.

" Oh ! Et bonne nuit ! "

Je ne sentis que trop tard le coup que l'on me porta à la tête, ne m'y attendant pas. Je m'évanouis.

Froid. C'était froid et humide. J'entrouvris les yeux, comprenant que j'étais affalée sur le sol. J'étais dans une sorte de prison, une cellule faite de pierre. Il y avait beaucoup d'humidité, et un courant d'air passait par la fissure qui se trouvait sur une des parois. Je me sentais compressée, seule et frigorifiée. Si je restais une minute de plus, je serais congelée en moins de deux ! Il n'y avait personne, à part le bruit sourd d'un lourd silence.
Je m'appuyai contre une sorte de banc en bois vieilli, retenu par des chaînes et faisant ainsi un angle droit. Je me relevai et m'assis dessus. J'attendis un bon moment avant d'entendre un son. Comme des pas. Deux voix se rajoutèrent. Elles causaient. J'entendis des mots, mais ne comprenais pas de quoi ces personnes parlaient, ni même si je les avais vues dans le fourgon. Je me souvins alors d'une chose. Je n'étais pas venue directement ici, mais juste après... un coup. Je sentis à ce moment précis une douleur au niveau de mon crâne. Le visage du blond à lunettes me revint comme un coup de fouet. Je me rappelai de tout. Les pas s'étaient arrêtés, mais les voix continuaient de se répondre. Elles devaient être à quatre ou cinq mètres minimum. J'en profitai pour examiner la pièce. Peut-être trouverai-je une issue cachée, une sortie secrète... Je me redressai, et commençai à tâter les murs. La pierre était moins humide que tout à l'heure. Mon corps avait dû s'habituer. Je fis le tour de ma cage en très peu de temps. Je me dirigeai vers le banc qui servait de couchette. Il était dur, et dormir dessus était un calvaire pour le dos et la nuque. Je me penchai, puis me baissai, afin de vérifier en-dessous. Rien. Nada. Déçue et tourmentée, je me laissai tomber sur la structure en bois, m'étalant sur le mur. Je les entendais toujours. Je ne savais pas ce qu'il allait se passer. "Former", "anges", "arme", "poison", "pouvoir",... Ces mots ne cessaient d'être répétés, s'ancrant presque dans ma tête. Puis le calme retomba, tel une massue. Les pas furent moins nombreux, comme si la deuxième personne était partie. La porte de métal me séparant de l'extérieur, entrouverte de dix centimètres par des barreaux, s'ouvrit lentement, poussant un dur gémissement. Une silhouette apparut, en face de moi. Je ne vis pas de suite son visage. À vrai dire, je ne voyais presque rien à cause la faible intensité de lumière qui éclairait péniblement la petite pièce. Il s'avança.

Si seulement tu savaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant