Chapitre 8

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Kaito n'avait pu se résoudre à partir et redescendre la nuit dernière. Emi avait une bouille vraiment adorable lorsqu'elle dormait. On aurait dit une petite fille de huit ans, avec ses petits cheveux emmêlés, et sa petite bouche en coin.
    Alors, Kaito, déterminé comme il était, s'était installer sur le sol froid et dur, et s'était endormi à ses côtés, comme s'il s'agissait bien sûr d'un acte tout à fait naturel.
     Ce ne fût que le lendemain matin que la jeune fille le remarqua. Elle ne put d'ailleurs s'empêcher de rougir. Lui aussi, lorsqu'il dormait, avait une bouille vraiment à croquer. Il respirait fort et ses mains étaient jointes d'une telle manière qu'on aurait cru qu'il priait. Cela n'échappa pas à l'adolescente, qui ne put s'empêcher de sourire.
    D'ailleurs, ce dernier comment le décrire ?
    Quand il se réveilla à cet instant et que son regard croisa ses fines lèvres, ses dents blanches et ses yeux brillants. Il en fut bouché bée. Emi resplendissait comme un diamant. Il n'avait jamais vu un pareil sourire, une pareille beauté.
    Les joues rouges et le cœur battant, c'était dans cet état qu'ils s'étaient tout deux retrouvés lorsqu'ils avaient compris qu'ils n'avaient cessé de se bouffer des yeux pendant quelques minutes, dans un silence total.

- « Je vais descendre, fit-il, en se dirigeant vers la porte, nerveusement. Je pense que les garçons sont réveillés.»

Emi acquiesça timidement. Elle était morte de honte, mais ses joues étaient rosies par la gaieté.

    « Tu devrais t'habiller, déclara-t-il, doucement. Et, venir en bas. Ça ferait beaucoup de bien à ton frère, et puis, tu devrais grignoter quelque chose aussi, je suis sûr que tu en meurs d'envie ! »

    Elle baissa la tête anxieusement et laissa paraître un petit sourire gêné. Il avait raison, son frère devait être malheureux de ne plus la voir sortir de cette pièce, et son ventre, quant à lui, ne comptait pas refuser l'invitation.

- « C'est d'accord, dit-elle. Je vous rejoint. »

Kaito lui fit un grand sourire et la laissa seule, elle en profita pour enfiler un t-shirt.
    Cela la rendait un brin anxieuse au fond de revoir tout le monde, car après tout, cela faisait longtemps à présent. Mais, elle ne pouvait le nier, elle en avait aussi énormément envie. Elle descendit donc les escaliers et les rejoignit au salon.
    Le premier qui la remarqua fût bien sûr son frère, il ne put d'ailleurs s'empêcher de lui sauter dans les bras. Les autres garçons, quant à eux, furent d'une gentillesse incroyable, et le reste de la journée se passa dans une ambiance conviviale.

- « Merci pour tout les gars, annonça Yuki, quand sa troupe d'amis fut sur le seuil de la porte, et sur le point de partir.

- De rien, c'est normal mec. À lundi, firent-ils, en cœur.
 
- Oui, à plus ! »

Yuki avait une chance inestimable d'avoir des amis pareils. Tous sans exception avaient été là pour lui. Il était vraiment heureux de savoir qu'il pouvait compter sur eux, et que jamais ils ne le laisseraient seul.

- « Emi ! S'exclama Kaito, en revenant sur ces pas. J'allai oublié quelque chose d'important ! »

    La jeune fille était encore près de la porte avec son frère, elle fut donc surprise de constater que Kaito n'avait aucune crainte devant ce dernier, après tout ce qu'elle avait pu imaginé. Il n'y avait réellement aucune gêne et s'était mieux ainsi.

- « Voilà mon numéro, dit-il, en lui glissant un petit morceau de papier dans la main. Envoies-moi un message quand je serai parti, je t'écrirai en rentrant ! Et bien sûr, par la suite, écris-moi quand tu veux.»

Ils se regardèrent dans les yeux pendant un instant, les mains toujours liées et le cœur battant.    
L'un comme l'autre mourraient d'envie de réagir, de bouger, mais ni lui ni elle ne parvint à faire quoi que ce soit.
Kaito repartit donc chez lui et Emi retourna à l'intérieur.

- « Tu as passé une bonne journée ? Demanda Yuki, sans évoquer ce qu'il avait pu voir dehors.

- Oui, ça m'a fait beaucoup de bien, avoua l'adolescente, un petit sourire aux lèvres. J'espère que toi aussi ?

- Bien sûr, c'était vraiment génial ! Je suis heureux que tu sois sorti de ta chambre petite sœur ! »

Elle ria doucement. Elle était aussi réellement heureuse de l'avoir fait. Elle ne regrettait rien.

- « Tu veux manger quelque chose ? Proposa Yuki, gentiment. Une pizza, par exemple ? Ça te dit que j'aille en chercher une en vitesse ? On pourrait se faire une soirée Disney comme avant ?
   
- Avec joie, affirma Emi, souriante. Je vais aller prendre une douche en attendant !
  
- C'est d'accord ! »

L'adolescente s'exécuta rapidement. Une soirée avec son frère, il n'y avait rien de mieux. Elle se dirigea vers sa salle de bain et se déshabilla rapidement.
    Sous la douche, la jeune fille était face à son miroir. Tout son corps était représenté sur celui-ci, on y voyait ainsi ses quelques cicatrices et ses bleues, ces petites choses dont elle essayait de ne plus se souvenir.
    Cependant, c'était bien trop difficile. Elle repensait donc à Kaito, à ses yeux bleus polaires et à sa bouille endormie. Elle essayait de tout faire pour ne plus avoir de pensées négatives. Mais, malgré ses efforts, les images de ce que Hirokazu lui avait fait, la façon dont il l'avait touché, l'acte irréparable qu'il lui avait subir, tout cela lui revint à l'esprit, comme-ci elle venait de s'être pris une grosse claque en pleine figure.
    Elle sortit de la douche en panique et s'assit sur le tapis de la salle de bain, en se recroquevillant sur elle-même. Elle avait beau se répéter milles choses positives pour ne pas sortir les mots durs qui lui traversait l'esprit, elle n'y parvint pas. Elle murmura doucement, la voix brisée, « Je ne le mérites pas, je suis répugnante », et se leva.
    Elle avait cru qu'elle pourrait être heureuse, mais c'était impossible. À ses yeux, elle était sale et n'était plus une fille bien, et cela depuis bien longtemps.
    Elle regagna sa chambre en panique, remplit son sac des premières affaires vitales qui lui traversait l'esprit et sortit de chez elle, rapidement.

« Je suis désolé grand frère, mais je ne peux plus rester ici, tu seras mieux sans moi », pensa-t-elle, en se dirigeant vers la rue suivante, toute seule, dans le noir.

Comme deux étoiles inséparablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant