Chapitre 14

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L'aéroport n'était pas un lieu que j'affectionnais particulièrement, mais avec Lysandre à mes côtés, je venais de trouver un moyen de tout de même m'amuser un peu. Son désarroi était une petite récompense, un rayon de soleil après une tempête. Ou bien le calme se trouvant dans l'œil du cyclone. Le pauvre ange n'avait eu d'autre choix que d'accepter son sort entre mes mains expertes. Un avant-goût des talents de la pécheresse dans l'art du déguisement venait de le transformer en le plus lambda des hommes. À peu près. Le charme d'un monstre restait difficile à dissimuler, surtout lorsque ce dit-monstre possédait une musculature de rêve et un sourire à faire tomber les anges.

Et n'oublions pas sa grande taille !

J'avais fait au mieux avec ce que j'avais pu emmener, et le résultat était assez satisfaisant.

— Tiens, mets ça, l'obligeais-je à continuer de suivre mes ordres.

Lysandre s'empara des fausses lunettes de vue, marmonnant son mécontentement. Il ne fit pas le moindre effort pour cacher son agacement. Un plaisir pour mon cœur un tantinet sadique au contact de l'ange. Le voir m'obéir à contrecœur et suivre toutes mes directives valaient mieux que mon envie de lui poignarder le cœur précédemment.

— Pourquoi est-ce qu'on doit porter tous ces trucs ?

Bien sûr, Lysandre ne fut pas le seul à porter un déguisement. Et pour moi, cela avait été bien plus facile et rapide. Je restais une humaine. Si ma beauté avait tendance à défier les dieux – parce qu'après tout, j'étais désirable et magnifique – la banalité se voulait être d'une simplicité enfantine pour mon apparence.

Mais le maquillage ne plaisait pas à mon ange. Encore moins ma perruque brune.

— Tu es laide, s'entêta-t-il à vouloir me vexer pour me faire céder.

S'il pensait que j'allais retirer ma perruque pour ses beaux yeux...

— Merci pour le compliment, mon ange. C'était le but.

Adorable réaction, l'enfantillage repris de plus belle lorsque Lysandre souffla par le nez, mécontent de ne pas avoir ce qu'il voulait.

— Aller, ce n'est pas si terrible.

— Je n'aime pas me déguiser. Je préfère encore me faire repérer et devoir affronter mes adversaires en face.

— Eh bien pas moi. Moins je me bats devant la foule et mieux je me porte, crois-moi. Je n'ai pas envie que les monstres du monde entier repèrent mon visage. Ma vie serait un véritable Enfer.

Mais Lysandre ne l'accepta pas aussi facilement. Il ne voulait pas sortir de la voiture. Avait-il conscience que ma véritable apparence, ma véritable identité, était inestimable ? Les monstres et le Vatican souhaitaient ma peau. Autant dire, la moitié du monde vendrait père et mère pour connaitre ses informations. Si cela venait à être exposé, je ne donnais pas cher de ma vie. Être fugitive n'avait déjà rien d'amusant, alors jouer à John Wick...

Sans façon.

— Fais comme tu veux. J'irais toute seule alors, déclarais-je avec le plus grand des sérieux, fermant ma portière.

Il n'en fallut pas davantage pour le convaincre de sortir, ses lunettes sur le nez.

— Tu as promis de ne plus m'abandonner.

— Oui, et puisque tu ne veux pas venir, j'estime que c'est toi qui m'abandonnes. Ciao, mio angelo !

Bien sûr, il cessa très vite de résister.

Je fermais la voiture et avançais, vêtue de ma robe de vacancière, en faisant rouler ma petite valise. Un rôle très simple pour aujourd'hui. Deux amis en direction de l'Italie pour leurs vacances. Si j'arrivais aisément à le faire croire, muni de mon sourire charmeur et de mon air innocent ayant été travaillés depuis l'enfance, je sentais bien que ce serait difficile avec Lysandre à mes côtés.

Veni Vidi Vici 1 - IndésirableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant