Toujours allongée sur le canapé et recouverte de cendres opaques et poisseuses, je n'osais pas un mouvement. L'être magnifique à l'origine de la mort spectaculaire du démon ne sembla pas non plus vouloir se déplacer.
Les cheveux mi-longs, d'une couleur aussi sombre que la nuit, lui tombaient sur les épaules. Même la couleur si particulière de ses yeux restait la même que dans mon souvenir. Un nitrate aussi pénétrant qu'un pieu, aussi glacial que le métal. Lysandre restait le même homme que j'avais tué il y avait plus d'un an.
Pas un homme, un ange.
Pourtant, une chose paraissait différente. Son sourire avait disparu. Ce sourire qu'il avait toujours eu l'habitude d'arborer stupidement en me regardant. À présent, sa mâchoire était contractée et la colère se lisait dans son regard.
Nous restions ainsi tous les deux à nous dévisager. Qu'allait-il faire ? Et pourquoi se trouvait-il ici ?
— J'ai réussi à retrouver ta trace grâce au collier que je t'ai offert.
— Le collier ?
— Il me prévient dès lors qu'un danger est proche de toi. Cela m'a mené à un démon qui avait rendez-vous avec une jeune femme ce soir. Ici.
Voilà qu'il lisait dans mes pensées, répondant à mes questions muettes...
Il devait parler du démon qui, à présent, n'était qu'un tas de cendre sur mon corps.
— Je tourne le dos un an et je te retrouve à fricoter avec d'autres hommes.
Fricoter ? Mais il n'était pas bien dans sa tête !
— Le père Jean m'a expliqué que tu étais une pécheresse et il m'a détaillé ton travail. À partir d'aujourd'hui, tout ça se finit. Tu n'iras plus combattre des créatures. Je refuse que tu remues ton derrière devant d'autres personnes.
Cet enfoiré... Je vais le tuer. Une seconde fois.
Comment osait-il m'insulter ainsi ?
Soudain la porte de l'appartement s'ouvrit en grand et des chasseurs entrèrent en trombe. Lysandre détacha ses yeux furieux de moi et j'en profitais pour récupérer ma dague au sol. Aussitôt en main, je sautais sur l'ange. Mais au lieu d'être touché, Lysandre attrapa mon poignet en plein vol et me saisit de sa main libre par la gorge. D'un mouvement rapide et habitué, l'ange me plaqua contre le mur, me forçant à lâcher mon arme.
Le choc de mon dos contre cette dureté créa un frisson de douleur dans tout mon corps. Je n'osais même plus bouger, de peur de me faire plus de mal qu'autre chose. Et en entendant un craquement derrière moi, je me demandais si le mur n'endurait pas plus de souffrance que mon pauvre dos.
Lysandre relâcha ma main, à présent inoffensive sans mon arme, mais garda toujours sa prise sur ma gorge, le bras tendu pour garder une certaine distance de sécurité entre nous. Je n'étais pas sous-estimée, et ça n'aidait pas à me libérer de cette situation épineuse et imprévue. Il se tourna ensuite vers les chasseurs qui armaient leurs pistolets pour tirer contre lui. Sa main libre se tourna vers eux, s'illuminant d'une lumière aveuglante. Je fermais les yeux en poussant le même cri de douleur que les chasseurs.
Mais la lumière était si intense, et ma curiosité sans limites...
Je me risquais à entrouvrir les yeux.
— N'ouvre pas les yeux ! Idiote ! aboya Lysandre alors que je m'apprêtais à commettre l'irréparable pour ma vue.
Gardant les yeux fermés, j'attendis. Finalement, la curiosité était un vilain défaut dont je devais me débarrasser.
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Veni Vidi Vici 1 - Indésirable
ParanormalVirginia Gladio est l'une des meilleures tueuses de monstres du Vatican et de son Conseil. Mise sur la touche depuis sa dernière mission ayant demandé l'exécution d'un ange, elle n'aspire qu'à revenir sur le terrain. Seulement, la mort d'un membre d...