Chapitre 25

3.5K 563 52
                                    

« Jouant un ténébreux concerto,

Tous imposent leur embargo

À cette symphonie

Qui les maudit.


Mais l'oiseau ne peut se taire

Face à ses chaines solitaires.

Déployant de nouveau ses ailes,

S'envole l'oiseau vers l'éternel.


Et je ne peux qu'écouter cet appel

Chanté pour moi, l'oiseau rebelle. »


Et je ne pouvais que chanter, encore. Un chant odieux dérobant jusqu'à la plus pure des vies. La perfection était idéale et l'irréprochable utopique.

La vérité ? Elle n'existait pas, elle se créait. Rien n'était éternel. Tout avait un début et une fin. Le Phénix, oiseau merveilleux et cruel, en était la preuve la plus évidente. Et durant la vie, la vérité se modelait en chacun de nous. Voici la seule vérité qui pouvait exister.

Le Bien ou le Mal ? Rien n'était si manichéen.

Puissant ou faible ? À nous de choisir notre force.

Nous étions ce que nous étions. Ce que nous étions ne dépendait que de nous. Aucune excuse ne serait acceptée, nous étions seuls responsables de notre mensongère vérité.

Mes yeux s'ouvrirent délicatement alors que ces mots incompréhensibles me restaient en tête une fraction de seconde. Mes rêves étaient vraiment uniques et étranges.

Voulant bouger, j'eus soudainement l'impression d'être prise en étau. Que m'arrivait-il ? Mon corps, restreint dans ses mouvements, ne sentait que la froideur du sol. On avait changé mes vêtements.

Ils ont pris la peine de me déshabiller...

Compréhensible. Cela pourrait m'intimider, me priver d'intimité ou me déstabiliser. Technique classique, mais peu efficace sur une pécheresse.

On m'avait allongé là, au milieu de nombreux cercles et symboles, les mains liées dans le dos, au centre d'une pièce que je ne connaissais que trop bien. Il s'agissait de la salle du Conseil. Ma cheville gauche était attachée par un fer relié à une chaîne attachée au sol de pierre.

En fouillant dans mes souvenirs, les raisons de mon enchainement me revinrent. Une sorcière nous avait fait obstacle et avec son aide, les Gardiens avaient maitrisé Abi. Et Lysandre...

Mon cœur rata un battement alors que je m'imaginais le pire.

Je me relevais précipitamment, ce qui eut pour effet de me faire tourner la tête. La salle était désertée. Une pièce vide dans laquelle on pouvait prendre l'habitude d'enchainer des créatures à la place que j'occupais en cet instant. Pas un seul Gardien pour me surveiller. Pas un Chasseur pour garder un œil sur moi. Pas un Ancien attendant de pouvoir me juger.

Il n'y avait que moi, enchaînée comme une vulgaire prisonnière. Comme un de ces monstres que j'avais chassés toute ma vie. Je grognais de frustration. J'étais Triple V. Il était impoli et déplacé de me traiter avec aussi peu de respect. C'était une erreur que de me sous-estimer.

Mes doigts commencèrent à défaire, non sans peine, la corde qui liait mes poignets. Fort heureusement pour moi qui avais horreur de souffrir, je parvins à me libérer sans avoir à subir une luxation pour m'aider à l'entreprise. Pas de luxation du pouce pour aujourd'hui.

Veni Vidi Vici 1 - IndésirableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant