Flash back

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PDV Nast :

J'ouvre les yeux. Je suis couchée, sur un canapé. Un canapé blanc, en cuir. Une douce odeur de madeleine emplit mes narines. Une larme, puis deux, coulent sur mon visage. Je suis chez moi. Avant toute cette histoire. À en juger l'odeur, on est dimanche. Ma mère fait toujours des madeleines le dimanche. Enfin, elle faisait. J'essaye de faire venir mon foulard, pendu au mur de l'entrée, mais sans succès. Donc je dois en déduire que mes pouvoirs sont absents. Jamais là quand on a besoin d'eux, ceux là... Un détail attire mon attention. J'ai un pansement autour du doigt. Un petit pansement bleu. Étrangement, ce bleu me fait penser aux pouvoirs de Sans. Je le retrouverai. Enfin, je l'espère... Voir ce pansement me fait grincer des dents. Exactement comme ce jour-là​... Sur le plan de travail, il manque une madeleine. La madeleine en bas à droite. Exactement comme ce jour-là... Donc, je suis condamnée à revivre ça toute ma vie. Un hurlement provient de la cave. Exactement comme ce jour-là... J'ai déjà essayé de résister, dans mes rêves, mais ils terminaient tous de la même façon. J'approche, tremblante, des escaliers qui mènent à la cave, enfin au laboratoire de mon père. Je prends un air blasé. Je sais déjà ce que je vais voir. À force de revivre la même chose, encore et encore, on ne jauge plus la gravité des actes qu'on voit. Je pousse la trappe qui est étrangement ouverte. Oh bah tiens, comme si c'était un surprise. Je la referme et me prépare à revoir la boucherie.

Mon grand frère, en train d'hurler sur la table d'opération, le ventre ouvert en deux. Mon père, un sourire béant sur le visage, tenant une hache. Enfoncée dans mon frère. Il relèvera la tête et me chantera cette chanson qui berce mes cauchemars.

"Gare à ce que vous voyez, petits yeux,
Gare à ce que vous voyez, petits yeux,
Car le Père est tout là-haut, vous regarde avec amour,
Gare à ce que vous voyez, petits yeux."

Je reculerai de quelques pas, voulant appeler ma mère a l'aide. Mon père refermera la trappe en appuyant sur un bouton, me prendra dans ses bras. Ses mains toucheront mon cou. Ses mains pleines de sang. Il les resserrera, étouffant mon petit cou fragile d'une fillette de 5 ans. Un cou si facile à briser... Puis il continuera sa chanson maudite.

"Gare à tout ce que vous dîtes, petites bouches,
Gare à tout ce que vous dîtes, petites bouches,
Car le Père est tout là-haut, vous regarde avec amour,
Gare à tout ce que vous dîtes, petites bouches."

La petite fille que j'étais à l'époque se mettra à pleurer. De rage. De peur. De panique. De désespoir. De tout ce qu'il fallait pour perpétuer un meurtre. Ma main glissera sur les seringues que mon frère avait fait tomber pendant sa panique. Je le remercierai en chuchotant. Je lui dirai que j'allais le venger. J'enlèverai le capuchon, et ce sourire sadique qui apparaît si souvent sur mon visage naîtra. Nourrir une soif de sang, c'est comme avoir un enfant. On le berce, on l'élève, on le protège des autres, et un jour il prend notre place dans ce monde. Le cou de ce monstre, et encore l'appeler comme ça serait péjoratif pour les monstres des Souterrains, pour ma vraie famille... Bref. Son cou sera à portée de mes petites mains innocentes. Mais là, il m'arrêtera, me lâchant le cou par ailleurs. Et il reprendra sa sinistre chanson.

"Gare à ce que vous touchez, petites mains,
Gare à ce que vous touchez, petites mains,
Car le Père est tout là-haut, vous regarde avec amour,
Gare à ce que vous touchez, petites mains."

Un hurlement qui brisera mon cœur retentira. Celui de ma mère, les madeleines dans les mains. Elle les laissera tomber dans le sang de mon frère. Ces si délicieuses madeleines... Je donnerai n'importe quoi pour pouvoir en ravoir juste une... Mon père me lâchera, et avancera vers ma mère. La femme reculera, mettra les mains sur le 9mm posé sur le bureau du fou. Elle le pointera devant elle, tremblante. Mon père continuera d'avancer, malgré la menace qui pesait sur ses épaules.
Il fera un grand sourire à ma mère et lui enlèvera le revolver des mains.

"Ce fut un plaisir, Ashley."

Il tirera. Le dernier cri de la seule personne qui m'aimait résonnera dans ma tête pendant de longues années. Prise d'adrénaline, je retirais alors la hache du cadavre de mon frère. J'avancais vers celui qui avait brisé ma famille de l'intérieur, ce même rictus sur les lèvres. Quelques instants plus tard, j'abbatrai d'un coup de hache dans le dos le terrible meurtrier. Cette sensation. Les os qui craqueront sous l'emprise de mon arme. La sensation des muscles qui se sectionneront Tout ça sera jouissif pour moi. Il poussera son dernier râle, mais je ne l'entendrai pas. Je me serais mise à rire, rire comme je n'avais jamais ri. Cette sensation de liberté, de puissance ! Je relèverai la hache et goûterai du bout de la langue le sang de ma victime. Ce goût était immonde. Je recracherai le liquide par terre.

Je souffle. Il va falloir y aller, sinon ce foutu cauchemar ne finira jamais. Je pousse la trappe. Mais rien ne se passe comme prévu. Je ne suis pas dans le labo gris et sans âme de mon paternel, mais dans un couloir. Un couloir sombre, je dirait même plongé dans l'obscurité. J'avance. Mon œil s'éclaire de lui-même.

"C'est un plaisir de te revoir, petite fumée."

Vu que mon œil s'est allumé, je peux commencer à distinguer ce qui m'entoure. Mais les murs et le sol sont lisses, alors ça ne sert à rien d'essayer de voir quoi que ce soit. Un cri retentit au loin. Mais pas le cri de mon frère. Le cri de Frisk. Puis un autre, plus grave. La voix de Sans. Ensuite, la voix d'Undyne perce le silence à la suite des deux autres. Même si je sais que c'est un rêve, je me précipite vers la source des cris. Ces cris... Étaient emprunts de douleur. Comme si on essayait d'arracher leurs âmes. Mais on ne peut pas leur faire ça, pas vrai ? Pfff... J'ai dit ça pour me rassurer, mais ça va plus me faire peur qu'autre chose. Je presse le pas. La lumière ! Je me mets à courir, sans vraiment savoir pourquoi. Un squelette, très grand et famélique, portant une blouse blanche, fait voler des moitiés de coeur en l'air. Sans et Undyne m'ont vu, et me font signe de reculer. Frisk s'est évanouie, à moins qu'elle soit morte. Le squelette de retourne vers moi. Il arbore un large sourire consumé par la folie. Un sourire à en faire pâlir Chara elle-même. J'essaye de reculer, mais des câbles bleus me bloquent les pieds et les mains. J'essaye de me débattre, et de me téléporter. Rien ne fonctionne. Alors, je sens une vive douleur dans la poitrine, devenant vite indescriptible. Je sens comme si mon âme se fissurait. C'était une sensation terrifiante. Je luttais pour ne pas qu'elle parte en morceaux, mais la moitié de mon petit cœur violet s'envolera rejoindre les autres moitiés. Je hurle de rage, de peur, de panique et de désespoir. Mais je ne peux pas tuer.

PDV Sans :

"Merci de me l'avoir ramenée, je commençais à m'inquiéter. Pfff. Foutus bugs de timeline.
-Tu l'as dit.
-En tout cas, j'espère qu'elle s'en remettra.
-T'inquiète, je sens qu'on se recroisera.
-J'aime pas quand tu fais tes énigmes à la con ,Ink.
-Je suis censé être mystérieux, après tout !
-Hm."

L'artiste disparaît, me laissant seul avec la petite. Je regarde ses blessures. Ink n'a pas voulu me dire contre qui elle se battait, ok. Mais il aurait pu la soigner, quand même ! Hmph. Faut tout faire soi-même ici...

{ Comme Des Frères } [ UNDERTALE ] | EN RÉÉCRITURE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant