En plein délire

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Une douce odeur de madeleine emplit mes narines et me fait me relever doucement. Un des mes yeux s'ouvre, puis l'autre le suit rapidement. Je suis couchée, sur un canapé blanc. Un canapé blanc en cuir. Superbe, je suis de retour dans le passé ! Maintenant que je m'en rends compte, il y a un seule issue que je n'ai pas testée. Courir et me barrer de cette maison. Je me précipite vers la poignée, mais à cause de ma petite taille, il faut que je me mettre sur la pointe des pieds pour atteindre mon but. J'abats ma main sur la poignée et donne un coup de pied dans la porte. Elle s'ouvre en grand et un vent frais s'infiltre dans la chaleur de la maison. Je crois que je suis en plein délire, car devant moi se tient Ink. Enfin, "se tient", c'est vite dit, vu qu'il est recroquevillé par terre. Je m'accroupis à côté de lui et pose ma main sur son épaule. Il lève la tête difficilement. Son état est lamentable. La fissure qui me rappelle que je n'ai pas tenu ma promesse s'est amplifiée. Sa pupille droite grésille dans un affreux bruit métallique. Des larmes coulent abondamment sur son visage. J'approche mes mains de ses joues pour pouvoir empêcher des larmes de couler, mais son visage part en fumée, ainsi que son corps entier. Seule son écharpe reste.

"Je suis désolé."

Je me réveille en sursaut. Par habitude, je pose ma main dans le haut de ma poitrine, là où se trouve mon ÂME, pour essayer de la calmer. Je sens ma main être engluée dans quelque chose et baisse la tête. Là, précisément où la Frisk d'Underswap m'a poignardé se trouve un trou, rempli d'une sorte de gelée rose-violette. Je me disais bien que mon corps n'aurait pas pu être normal.  Je retire ma main, un peu sous le choc.

C'est bon, tu t'es enfin réveillée ?

Oh la ferme Ran, j'ai pas envie de te parler. Elle ne me répond pas, tant mieux. Je dois trouver Ink. J'enfile mes bottes et attache ma cape. Je sors de la maison sans réveiller mes frères, qui dorment encore. Je sors de la route de Couveneige pour m'enfoncer dans la forêt. Une fois sûre que je suis seule, je crée un portail pour le Wish-Voïd. Mon univers est comme d'habitude, toujours aussi magnifique. Je me concentre afin de créer un corps physique à Ran. Ma magie s'active un brief instant et je ferme les yeux afin de pouvoir plus me concentrer. Quand je les rouvre, une femme aux cheveux rouges et aux yeux noirs me regarde. Deux tatouages bleutés brillent doucement sous des yeux.

"Tu es vraiment têtue comme gosse.

-Nan, sans rigoler ! Bon, tu me la fous cette raclée ?

-Pas de problème !"

Elle tape son poing dans sa paume, prête à en découdre. Mon naginata apparait dans sa main, alors je vais simplement faire appel à mes pouvoirs. À peine ai-je le temps d'invoquer un bouclier que Ran est derrière moi, me bloquant la respiration avec le bâton. J'ai une idée. Je me concentre et me disloque pour échapper à son emprise. Je réapparaît dans son dos et donne un coup de pied dans celui-ci, la faisant tomber en avant. Alors, je me sens projetée vers l'arrière. Je dérape longuement sur le sol, écorchant la peau de mes bras. Une fois arrêtée, je relève la tête pour foncer vers Ran. Mais elle n'est pas devant moi. Je sens une grande force fondre sur moi et roule sur le côté difficilement. Ran n'anticipe pas mon esquive et frappe le sol inexistant. Sa peau brille d'une intense lueur rouge et le reste de son corps voit ses couleurs s'inverser, ses cheveux bleus et ses habits noirs. Elle prend appui sur le sol et saute. Comme si la gravité n'agissait pas sur elle, elle reste à flotter dans les airs. Puis je sens une force immense me plaquer au sol. Cette fois-ci, je suis carrément paralysée, impossible d'éviter le coup qui fond sur moi. Ma propre arme se plante dans la cage thoracique, parfaitement là où la Frisk d'Underswap m'a porté ce coup qui était sensé être fatal. La sensation de la lame froide de mon arme transperçant cette étrange substance n'est pas particulièrement désagréable, mais ça ne me plaît pas plus que ça.

"Que ?!"

Je savoure l'expression surprise de Ran quand je me relève et retire le morceau de métal de ma poitrine. Je profite de son moment d'inattention pour envoyer des disques lunaires et la projeter sur le côté. Je crée un mur pour l'arrêter. Bloquée au niveau des poignets, chevilles et gorge, elle ne peut pas se débattre. Mon arme ruisselle encore de ce liquide rosâtre.

"Ne jamais sous-estimer son adversaire.

-Arrête de faire ta maligne la mioche.

-D'ailleurs, pourquoi tu m'as frappé avec une telle violence ? Ce coup n'était pas fait pour me maîtriser, mais pour me tuer.

-Hehe. Je suis... Plutôt incontrôlable pendant les combats, les vieux réflexes reviennent.

-Quels vieux réflexes ?

-Ceux qui datent de quand j'étais vivant. Enfin à l'époque j'étais un homme, mais un corps de femme ne me déplaît pas.

-Attends. Ran ? Ran du Clan de la Lune ? Un des sept sorciers qui ont scellés les monstres sous terre ?

-Leur capitaine pour être plus précis !

-Mais que faisais tu dans l'arme de la Martyre ?

-Hinoka ? C'est... C'était ma fille. Pour rester auprès d'elle, je me suis scellé moi-même dans son arme, afin de pouvoir la protéger.

-Et les autres sorciers ? Ils sont eux aussi scellés dans des armes ?

-La seule à être encore vivante est Wellan du Clan des Ombres.

-Tu n'es pas vivant ?

-Si enfin... Plus ou moins.

-Que veux-tu dire par là ?

-Tu comprendras bien assez vite. En attendant, vas rejoindre ton stupide ami arc-en-ciel.

-Le stupide ami arc-en-ciel il a un petit nom très facile à se rappeler."

Ink se tient derrière moi, tête baissée. Je me dirige vers lui et le prends dans mes bras, rassurée qu'il ne soit pas dans le même état que dans mon cauchemar. Malgré tout, j'ai encore quelques doutes.

"Ink ? Montre moi tes bras.

-Tiens, toi tu te rappelles de mon nom.

-L'idiot là bas s'en rappelle, c'est juste qu'il n'a pas envie de t'appeler normalement. Mais ne change pas de sujet. Montre moi tes bras.

-Tu as fait un cauchemar c'est ça ? Ne t'inquiète pas je vais bien.

-Ink...

-D'accord..."

Il enlève ses longues mitaines et je ne peux retenir un hoquet d'horreur quand je vois les profondes entailles dans ses avants bras.

{ Comme Des Frères } [ UNDERTALE ] | EN RÉÉCRITURE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant