08. Indiana

955 88 7
                                    

J'aurais aimé ne pas être aussi têtue.

J'entourai mes bras autour de mon corps et me glissai dans une ruelle au cœur de la nuit. Il faisait froid. Il y avait du vent. Mes cheveux commençaient à friser, je me sentais lamentable.

J'aurais pu simplement accepter d'un inconnu un trajet convenable à la maison (qui, en théorie, ne semble pas aussi fructueux, mais je peux vous assurer que cela aurait été un meilleur plan que de marcher en ce temps-là) mais, hélas, je n'en étais pas là.

Je marchais rapidement, mon cœur battait pendant mes déplacements. Je ne voulais pas courir car je tranchais avoir plus de chance d'être suivi si je courrais déjà, et cela attirait beaucoup d'attention. Au lieu de cela, ma capuche couvrait ma tête et mes mains étaient profondément enfouies dans mes poches. J'avais probablement l'apparence d'un homme.

Je sursautai - j'eus presque haleté, lorsque mon téléphone vibrait dans ma poche. Je le fis sortir prestement et répondis, sans vérifier l'appeleur téléphonique.

« Indiana, t'es où, putain ? » Je pouvais clairement comprendre que c'était encore Louis, sa voix marmonnant. Nous étions un Vendredi, il devait avoir bu quelque chose ce jour-là.

« Je n'en ai aucune idée, » murmurai-je à travers le combiné. Mes yeux balayaient prudemment mon entourage.

« _ Chérie, tu nous manque ici ! Je suis chez Liam et il y a cette grande fête-

_ Louis, je me fous de cette fête, » sifflai-je. Je marchai involontairement dans une flaque d'eau profonde et frémis lorsque ma jambe fut trempée.

 « Je t'en prie... dit-il d'une voix trainante. Y'a de la bonne musique et beaucoup d'alcool gratuit. Même ta sœur est là. »

Je trébuchai à cette nouvelle, me rattrapant à peine.

« _ Est-ce que tu viens de dire que Vivian est à la fête de Liam ?

_ Ouais, elle semble passer un bon moment avec ses amis. L'un d'entre eux semble se coller à moi plus que-

_ Ils ont seize ans ! M'exclamai-je avant de jeter un coup d'œil aux ruelles silencieuses et vides. Peu importe. J'arrive tout de suite. »

Je pouvais l'entendre faire la claque avant que je n'eus raccroché. Je n'allais pas danser ou rejoindre ses amis. J'allais renvoyer Vivian à la maison. Si les flics devaient débarquer à tout moment avant que je n'arrive et les feraient sortir... Cette sœur qu'est la mienne finirait par me tuer de façon lente et tortueuse.

Cela semblait prendre des heures pour voir enfin la grande maison de Liam au bout de la rue. Mes mollets brûlaient sous tension alors que j'avançais.

Je claquai la porte d'entrée derrière moi et poussai les ivrognes pour trouver cette fille oubliée par Dieu. Un de ces jours j'allais...

Je me figeai.

C'était la première chose que je vis en entrant. Mes mains se serraient en poings en voyant cela, en voyant ma sœur de seize ans rouler une pelle à un mec trop vieux pour elle contre un mur. Je l'ai reconnue immédiatement de dos alors qu'elle se penchait sur son nouvel ami. Ses mains étaient sur lui, glissant dans ses boucles foncées et volumineuses, le tirant davantage contre elle. J'émis une grimace, en passant devant les gens pour la retrouver.

Ils se séparèrent et je regardai son sourire s'éteindre quand elle se retourna en direction de son ami et me remarqua. Le type leva les yeux également, me donnant un aperçu de qui serait ma prochaine victime.

Il ne fallut qu'une seule seconde pour mon sang de ne faire qu'un tour. C'était impossible.

Styles modelait un sourire narquois sur son visage en me regardant, même s'il venait d'embrasser ma sœur.

Styles of Expressionism (hs) | VFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant