I. Un combat de tous les jours

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 °N'hésitez pas à me laisser des commentaires, même négatifs : c'est ainsi que je pourrai progresser°

Un gout de sang dans la bouche, un poing qui s’enfonce dans mon ventre, une douleur naissante déjà étouffée par la colère et l’excitation. Et ta voix, toute petite dans ma tête qui me demande de cesser. Je suis encore en train de me battre. Un coude fusse vers mon visage, une esquive, je passe sous le bras menaçant et frappe d’un coup de poing dans les côtes. J’entends dans son souffle rauque un gémissement. La bête que je suis exulte. Plus rapide désormais, je mets mon adversaire à terre. Cela fait déjà longtemps que je ne réfléchis plus, dirigé par ma férocité. Je balance un coup de pied dans ses jambes. Il n’a pas l’air de vouloir se relever. Je rigole alors, lui assène un nouveau coup de pied dans le ventre, écoute son gémissement, et regarde un peu autour de moi.

« Il est chouette ton blouson, il me plait. »

Je l’enfile, mets les mains dans les poches : un portefeuille, un paquet de cigarette, et un sac plastique peu rempli.

« Bon, je le prend : il me va. La prochaine fois que tu as un beau blouson, n’hésite pas à revenir  me voir, ok?»

Je sors du tunnel, sous la pluie battante et prend la Coulée Verte pour rentrer. Je sors le butin de mes poches. Le portefeuille contient un beau billet de 50 euros et un de 10 euros. Je les prends et largue le portefeuille, ainsi que le paquet de clopes. Je sors alors le dernier objet, ce sac encore non-identifié. Merde ! De la poudre blanche ! Je balance le sac dans un buisson de ronce, dégoutté. Là-dessus je te rejoins : la drogue, c’est trop sale pour moi.

Avec un bilan de soixante euros pour quelques égratignures, je fourre mes mains de mes nouvelles poches et poursuis mon chemin. J’ai l’impression d’oublier quelque chose…

Je t’entends déjà me donner des leçons : j’ai une entaille au front, un hématome sur la pommette droite, sans parler du reste du corps, et je suis couvert de boue. Je continue de marcher, la tête remplie de tes réprimandes. Tu n’aurais jamais dû partir : il est trop tard maintenant pour me changer. Que pourrais-tu y faire

Une fois arrivé devant chez moi, je m’arrête. La lumière de la cuisine est allumée. C’est raté pour l’entrée discrète… quoiqu’il me reste encore une chance. Je sors mes clefs de la poche de mon jean. Je rentre.

« B’soir. »

- Bonsoir » me répondent-ils en cœur.

Je trace juste qu’aux escaliers, histoire qu’ils n’aient pas le temps de sortir de la cuisine. Je sais bien qu’ils ne sont pas dupes. Mais je n’aime pas leurs regards désolés et déçus dès qu’ils me regardent. Je m’enferme dans la salle-de-bain, fous mes affaires en vrac dans le lave-linge et le lance, effaçant le maximum de traces. Je commence à sentir les douleurs du combat qui reviennent. Une douche froide pourrait les calmer.

J’ai l’impression d’être ressorti sous la pluie glaciale. Mes pensées reviennent à eux. Je sais que, maintenant qu’ils me savent rentré, ils m’attendront avant d’aller se coucher. Je parie même que Maman est en train de réchauffer ma part du dîner. A ma place, tu aurais hâte d’aller les rejoindre, mais en même temps, à ma place, tu ne serais pas allé te battre non plus.

On aurait été mieux à deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant