XI. Rencontre et ouverture d'esprit

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Il ne se fit pas prier une seconde fois et détala, mi- rassuré. J’avais eu ma petite vengeance. La prof arriva sur cette entrefaite et je rentrai sagement en classe.

Une fois le cours d’allemand fini, je sortis soulagé. Je pouvais enfin rentrer chez moi. Pendant que je passai aux toilettes, je vis les lumières s’éteindre. Je ne m’en inquiétais pas : c’était courant à 18h30 passée. Les cours de LV2 faisaient souvent la fermeture du lycée. Je me lavai rapidement les mains, nullement dérangé par la coupure de l’électricité : on était en avril et il faisait assez lumineux dehors pour qu’assez de lumière passent par les minuscules fenêtres des toilettes.

Pour les couloirs, c’était une autre histoire, les seules fenêtres se trouvant aux extrémités.

Il y avait deux silhouettes dans le couloir, sur mon chemin. Un garçon à en juger sa morphologie e une fille aux cheveux très longs. Et à leurs pieds, une marée de feuilles, des polycopiés. Je restai sur le pas de la porte, jaugeant la situation.

Le jeune homme plaqua la jeune fille contre le mur, visiblement énervé et agressif, lui faisant lâcher une plainte. Elle semblait terrifiée

« Pour qui tu te prends ? Tu as cru pouvoir passer entre les mailles du filet ? »

Elle ne semblait pouvoir répondre. J’avais envie d’intervenir, je détestais les gars qui utilisaient leurs forces contre les faibles. J’avais toujours choisi des adversaires de mon niveau, par principe. Je m’avançais alors silencieusement à travers le tapis de photocopies. Ils ne semblaient pas me remarquer.

« Répond ! Tu te crois où ici ? »

Elle gémit et il leva le poing, sans doute plus pour la terrifier plus que pour vraiment la frapper. Mais dans le doute :

« Hey ! Laisse-la tranquille veux-tu ! »

Il se tourna vers moi, surpris que j’aie pu l’approcher autant sans qu’il ne s’en rende compte. Il la lâcha et je la vis glisser contre le mur, encore sous le choc. Je reconnus une fille de ma classe, une de celles dont j’avais zappé le prénom. Lui, c’était un des trouble-fêtes du lycée. Il me toisait du regard, me jaugeant.

« Ne te mêle pas des affaires des autres, c’est mauvais pour la santé.

- Regarde-la, je pense qu’elle a compris la leçon. Laisse-la tranquille. »

IL lui jeta un coup d’œil, leva les épaules avec dédain. Il prit alors son sac au sol, le balança sur son dos et repartit. Cela me parut un peu trop simple. Depuis quand la diplomatie permettait de résoudre les problèmes ?

Je dirigeai mon regard vers la fille et m’accroupis devant elle.

« Ça va ? »

Elle hochait la tête, toujours muette. Je me rappelai alors pourquoi je ne connaissais pas son nom : c’est une de ces filles au physique banal, toujours silencieuse et suivant comme un mouton son groupe de copines.

Elle bascula à quatre pattes et commença à ramasser dans cette position soumise les polycopiés éparpillés au sol. Je la regardais faire, elle ne semblait pas blessée.

Je me relevai alors et la laissai à sa tâche. Je rentrai tranquillement chez moi.

J’arrivais le lendemain en avance en maths. Je me mis à ma place habituelle, celle du fond, pour attendre Matthias. Je regardai les circonvolutions et arabesques que formaient les nuages.

J’entendis un petit bruit d’une chose qu’on pose sur une table. Je me retournais, étonné de tant de discrétion de la part de Matthias. Je fus d’autant plus étonné que ce n’était pas Matthias mais la fille d’hier qui se trouvait à l’origine de ce bruit. Elle avait posé un sac FNAC sur la table à côté de la mienne, celle de Matthias, et regardait ses pieds.

« J’ai oublié de te remercier hier » murmura-t’elle presque inaudiblement.

Je tentais alors minimiser, ne voyant pas trop ce que j’avais fait qui mérite des honneurs. Je n’avais même pas élevé la voix contre le gars hier.

« T’inquiète pas, je n’ai pas fait grand-chose. 

- C’est pour toi »murmura-t’elle prestement faisant glisser le sac et son contenu vers moi.

Curieux, j’attrapai le sac sans autre forme de procès et y glissai ma main. Un bouquin. Je l’attrapai et le sorti. « La Malerune » de Pierre Grimbert.

« J’ai vu que tu lisais du David Eddings en anglais au lieu d’écouter. Je me suis renseignée et on conseille aux lecteurs d’Eddings de lire du Grimbert, expliquait-elle à toute allure, regardant ses pieds.

- Merci » répondis-je tout simplement, trop étonné pour aligner plus de mots.

Elle tourna alors sur ses talons et rejoignit son groupe de filles. Et je les entendis la questionner.

« Emi, qu’est-ce que tu foutais avec Jean-Baptiste ?

- Il te plait Emi ?

Et je l’entendis mentir le plus naturellement du monde.

« Non, j’avais renversé de l’eau sur un de ses bouquins. Alors je lui en ai racheté un autre pour me faire pardonner. C’est tout. »

Matthias arriva sur ce fait et je ne pus écouter la suite.

°voilà notre petit Jean qui se lance dans le monde

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