Chapitre 1

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Vendredi
17h30 :

C'est le moment creux de la journée au travail. Ce moment particulier où je n'arrive plus vraiment à me concentrer et où je m'attèle plus à des tâches d'ordre pratiques, voire, manuelles.

Et puis, c'est aussi à ce moment que j'en profite pour écrire. J'écris ce qui me passe par la tête, comme en ce moment même, ou alors je peaufine des textes déjà rédigés auparavant.

Pour le coup, je ne me suis pas lancée dans une nouvelle histoire, depuis quelques semaines. Je lis et relis encore et encore celles que j'ai écrites et je n'en finis plus de les modifier... je tourne un peu en rond.

L'heure passe, enfin la délivrance, je me remets à écrire. Je suis contente, l'inspiration me vient au fur et à mesure que mes doigts courent sur le clavier de mon ordinateur.

Là, une idée me vient en effet, et je me mets à la développer... Avec un peu de chance, en relisant plus tard, j'aurai de quoi me motiver pour étendre encore plus le sujet.

Il est l'heure de partir. Et je suis déjà prête à quitter le bâtiment, un dernier coup d'œil pour vérifier que je n'ai rien oublié : fenêtres et volets fermés, lumières éteintes, cafetières et la bouilloire aussi... je sors.

Ma voiture est garée juste devant le bâtiment où je travaille, c'est pratique. Je m'installe au volant et démarre le moteur. Ca ronronne gentiment et je quitte ma place de parking doucement, car ici, il y a toujours des piétons... Je mets la musique.

Heureusement que je ne travaille pas au centre-ville, ce qui me permet je pense, je pouvoir éviter les bouchons habituels aux horaires de pointe. J'arrive très vite en périphérie et en moins de 15 minutes, je suis en pleine forêt. Je roule en mode automatique, je suis un peu dans mes pensées, et j'aime bien ça. C'est souvent en voiture que des idées me viennent pour écrire. Je suis en train de me figurer un scénario mentalement quand la file de voiture devant moi freine.

Je fais pareil.

On est presque à l'arrêt, ... j'attends un peu, pas la peine de s'énerver, ... une voiture tourne apparemment au niveau de la maison forestière. D'accord...

Et la file de voiture repart pour atteindre son allure normale. Soudain, dans l'accélération, j'aperçois sur le bas-côté droit une personne qui se tient debout, immobile, vraiment sur le bord de la route.

Je serre les dents et fais un écart pour ne pas la raser de trop près. Mais en faisant cela, nos regards se croisent. C'est rapide, je ne sais pas si c'est un homme ou une femme, juste une silhouette noire, habillée d'un pantalon et d'une veste, dont la capuche est rabattue sur la tête.

J'ai soudain une sorte de vertige qui me prend, c'est bizarre, comme un déjà-vu. Je ralentis instinctivement, je regarde dans le rétroviseur, la personne à pivoté et semble regarder dans ma direction aussi. J'ai toujours le pied sur le frein. Je dois vite réagir, derrière moi il y a aussi une voiture.

Je mets le clignotant à droite et essaie tant bien que mal de m'immobiliser sur le bas-côté. J'ai dû parcourir au moins 200m... ou plus, et je regarde dans le rétro, est-ce que la personne est toujours là ? Mon cœur bat très vite, et je déglutis pour me calmer. Oui, elle est toujours là, tournée vers moi. Elle ne bouge pas.

Je fixe le rétro, le cou tendu en avant, bloquée comme ça, je commence à ressentir une douleur au niveau des tendons de ma nuque. Je n'arrive pas à voir distinctement si la personne avance ou non... J'ai encore un pied sur le frein et l'autre sur l'embrayage. Je tiens la voiture en arrêt comme ça.

Rien ne bouge de « son » côté. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je baisse la musique pour me concentrer et je me repasse la scène : je passe devant, je l'évite, je croise son regard, mais j'ai la sensation qu'il faut que je m'arrête ... C'est presque de l'inconscience, et si c'était un tueur en série ? Je reviens sur terre. Apparemment, je ne gêne pas les autres voitures qui passent ? OK. C'est déjà ça. Je ne vais pas sortir de la voiture non plus. Je regarde encore dans le rétro et soudain, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. La personne a bougé, là-bas au loin, elle s'est avancée très vite d'un seul coup. Je trouve qu'elle est très proche de moi... j'hésite : je passe la première et je repars ? Ou j'attends de voir ce qu'il en est. Si ça se peut, c'est un simple auto-stoppeur. Mais je n'ai pas vu son pouce levé ... je passe au point mort, car la tension se fait aussi ressentir dans mes mollets !

Ma RéalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant