Vendredi (suite)
Finalement, je me suis endormie au beau milieu de mon paquet de feuilles. Il est tard, près d'une heure du matin et mon homme n'est pas encore rentré de sa soirée. Je me rappelle ma mission et je commence à ranger en réfléchissant. Je pourrais ne pas trop modifier les choses, si je pars du principe qu'il pourrait y avoir deux personnages portant le même prénom, il suffirait, pour les différencier, de changer leur description physique, et éventuellement, l'orthographe de leur prénom. Pourquoi pas. Ainsi j'éviterai de gêner les autres personnages.
Du coup, motivée, je prends ce que j'estime être le dernier chapitre de la vie de Giacomo et j'entame une suite.
J'imagine que Giacomo et Synalco trouvent du travail et qu'ils signent un contrat en CDI. Je les fais évoluer pendant quelques pages ainsi, en articulant leur vie de couple autour de leurs boulots et de leur famille. J'ai déjà développé plusieurs petits chapitres, et assez satisfaite du résultat, je regarde l'heure : presque 4h du matin. Est-ce que tout ce que j'ai rédigé a pu aider Synalco ?
Je regarde machinalement mon téléphone et je soupire. Non, je ne peux pas appeler un personnage fictif !! Bien qu'il l'a fait lui ... je suis folle. Non. Schizophrène. Tout ça se passe dans ma tête !
Je pense fort à Synalco en tenant mon téléphone et rien ne se produit. Je suis tout d'abord déçue, puis soulagée, et inquiète, car cela ne fait que confirmer que je suis bonne à être enfermée. J'attends encore un peu, et comme toujours rien ne se passe du côté de mon contact subliminal, je décide alors de tout mettre de côté et de me coucher. Je sais que je peux poursuivre toutes mes tergiversations en rêvant, encore un truc que je peux faire et qui me permet de « vivre » d'autres aventures en dehors de ma vraie vie, et pour tout dire, l'un des meilleurs moments dans la journée, pour moi, c'est quand je me couche le soir et que ma vie imaginaire commence...
Je rêve enfin. Je suis assise à la table de la salle à manger et je suis en train de rédiger une histoire. Je me sens bien, en confiance, mes doigts pianotent légèrement sur le clavier de mon ordinateur portable et je prends plaisir à l'écriture.
Il fait un peu maussade dehors, mais cela m'est égal. Dans mon histoire, le soleil brille et le bonheur est au rendez-vous. D'ailleurs, mes personnages semblent ravis également. Synalco et Giacomo se préparent pour aller à la piscine. Je les oriente vers un lieu qui ressemble plus à un lac, mais, à ce stade, ce n'est pas important. Ils sont ensemble et c'est ce qui compte. Dans mon rêve, ils interagissent avec mon écriture, en faisant apparaître des bulles dans lesquelles ils communiquent avec moi. Aussi, je dois reprendre certains passages pour les satisfaire. C'est vraiment génial. J'écris une histoire et mes personnages me guident pour les faire évoluer au mieux.
Synalco aime éperdument Gio, et c'est réciproque. Depuis peu je décris un peu plus les scènes d'amour et là, j'ai mis en scène un baiser entre mes deux amoureux. Trop innocent sans doute à leur goût car une bulle s'affiche en haut à gauche de mon document Word :
« C'est tout ? On n'est plus des enfants ! »
D'accord. J'efface le passage en question et je détaille le baiser avec plus de sentiments, et de profondeur. Le fait devenir plus voluptueux et très sensuel.
Autre bulle :
« C'est beaucoup mieux, merci ! »
Je souris et je continue sur ma lancée. Soudain, une autre bulle se matérialise au-dessus de mon ordinateur cette fois :
« On en veut plus »
Plus ? J'accentue mon récit sur un rapport charnel torride et renforce les descriptions façon « Fifty Shades of Grey » ... J'attends un peu pour voir la réaction de mes protagonistes. Rien. Je souris encore en me disant, que là, ils doivent êtres au 7ème ciel et donc, injoignables !
Puis une espèce de sonnerie retentit. Pas de bulle, mais un son, une clochette ? Ils m'envoient un sms ??
Je regarde mon écran d'ordi, rien. Je prends mon téléphone, toujours rien. Cette sonnerie s'amplifie, et bientôt, je ne la supporte plus. C'est vraiment désagréable ...STOP !!!
Je me réveille en sursaut, et je comprends : c'est la sonnerie de la porte d'entrée de l'appartement !
Prise de vertige je me lève, j'allume la lumière dans le salon, et éblouie, j'arrive à peine à ouvrir les yeux. Il est 5h du matin. Et je comprends petit à petit que c'est mon homme qui ne peut pas rentrer, mes clés sont dans la serrure et comme je ne réponds pas à ses sms, il sonne à l'interphone. C'est ce son horrible que j'entends.
Je me précipite sur l'interphone et actionne le bouton d'ouverture de la porte d'entrée du bâtiment et je l'entends :
- Merci Choupinoute !!
Vu l'heure, il se sent un peu coupable de me tirer de mon sommeil et moi je me sens stupide d'avoir oublié d'enlever mes clés... Enfin, je me recouche très vite. Je jette tout de même un coup d'œil à mon portable. Trois sms de mon Chéri et quatre appels en absence d'un numéro inconnu !!!
Je pousse un petit cri et je plaque ma main sur ma bouche très vite tellement je suis surprise. Que dois-je faire ? Je ne peux pas rappeler !
Quand j'y pense, je n'ai fait que ça, « penser » à lui, j'en ai même rêvé et je manque quatre appels ? Bon, ... pas de panique, il va insister, je commence à le connaître un peu, il est opiniâtre, et perspicace. Je reste en tension dans mon lit, allongée, le portable à la main que je regarde intensément, « Appelle-moi... Appelle-moi...Appelle-moi ... » je répète ça plusieurs fois en chuchotant, peut-être que ça va marcher.
J'entends mon homme se brosser les dents, il ne va pas tarder à venir se coucher aussi, et du coup, je réalise qu'il ne faut pas que mon téléphone sonne alors ! Très vite, je mets mon portable hors-ligne et pour être certaine, je coupe carrément le son. Tant pis Synalco, si tu essaies de me joindre laisse-moi un message. ... MESSAGE ?? Je n'ai pas vérifié ça ! C'est à cet instant que mon chéri vient pour se coucher. Saperlotte !!
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Ma Réalité
ParanormalMa réalité. Elle s'arrête là où mes rêves commencent, mais que se passerait-il si la frontière entre les deux disparaissait ? Lorsque le personnage principal d'une de mes nouvelles vient me demander de l'aide, je ne peux pas lui dire non...