Amoureuse de la différence

Papa

Ses cheveux noirs, ses yeux verts emeraude, son teint pâle et ses joues creuses. Il était magnifique. Jamais je n'avais observé un si beau garçon. La véritable question est : Pourquoi est-il venu m'aider ?
Je ne l'avais jamais vu dans le quartier ou même dans la ville. Lorsqu'il m'a tendu sa main, son regard était si profond et honnête... J'aurais dû lui donner ma main, et voir sa réaction. Avec le temps, mes réactions face au monde me dégoûtent. Je rejette ceux qui me tendent la main et ceux qui me crache dessus. C'est injuste. Présentez moi une personne qui sera briser ma carapace, me comprendre, quelqu'un de confiance, qui ne me jugera pas, et m'écoutera. Donnez moi ça, je voudrais être heureuse juste 5 minutes dans ma vie. Juste pour voir ce que ça fait, d'être heureuse et folle amoureuse.
Je sors de mes pensées. Quelques gouttes de pluies tombent sur mon velux, ça fait du bruit. J'observe chaque gouttelettes. Une fois mon velux fermé, je me couche et ferme les yeux. Le bruit de la pluie me berce. Il fait froid et humide.
Mon réveil sonne, il est 7h00. Mes yeux s'ouvrent lentement, j'observe la lumière du jour. Des larmes coulent le long de mes joues. J'entend les escaliers grincer.
- Chérie ? Tu ne te réveille pas ? Tu vas être en retard.
- Je veux pas aller en cours, je suis pas très bien.
- Qu'est-ce que tu as ? Je travaille et ta belle-mère aussi. Tu te sens de rester toute seule à la maison ?
- C'est l'histoire d'hier avec maman, ça m'a un peu chamboulé... J'ai mal à la tête. T'inquiètes pas pour moi papa, je vais rester toute seule à la maison.
- D'accord, je te sors une boite de médicaments et je te prépare à manger pour ce midi.
- Merci, je vais me reposer.
Il referme la porte de ma chambre délicatement. J'ouvre ma fenêtre, l'air frais entre. Mon lit est sous ma fenêtre, c'est très agréable de se réveiller avec un léger parfum frais. C'est mon père qui a construit cette chambre il y a 6 ans. Avant je vivais chez ma mère et je ne voyais pas mon père. On vivait dans une toute petite maison, perdue dans la campagne. J'avais à peine de la place pour dormir. La maison contenait 3 pièces : un salon/salle à manger/cuisine; une salle de bain et 1 chambre. Je dormais dans la même chambre que ma mère, mais dans un "lit" séparé. Ce "lit" était enfait un tas de paille avec une couverture par dessus. Quand j'étais allongée dans mon "lit" je voyais ma mère dormir en face de moi, dans un lit 2 places, avec un sommier et sur un vrai matelas. Ma mère est une cruelle femme. Je pense tout le temps à elle, mais en mal. Je pense à tout ce qu'elle m'a fait subir, tout ce que j'aimerais lui faire subir, je réfléchis souvent à une vengeance mortelle. Un jour, j'étais partie dans la cuisine prendre une brique de jus d'orange. Je n'avais pas le droit d'en boire, mais j'avais 6 ou 7 ans. Elle m'avait vu prendre la brique. Elle me fixait, avec un regard si noir, que j'en avais déjà les larmes aux yeux. Elle ferma toutes les fenêtres de la cuisine. Je me demandais ce qui se passait. Elle me disait "ne bouge pas". Je ne bougeais pas. Elle alluma le gaz, parta et ferma la porte à clé. J'étais seule dans une cuisine, fermée à clé, avec du gaz qui se répandait dans toute la pièce. Je perdais mon équilibre peu à peu. Et puis plus rien. Je me rappelle de rien. Je me suis réveillée dans un lit d'hôpital, aux côtés de mon père. Il embrassait mes petites mains et souriait. Je ne l'avais jamais vu auparavant. Ses cheveux mi-longs et lisses tombaient sur mes joues et me chatouillaient. Il me fixait comme une merveille avec ses yeux bleus. Il était si bon. Depuis ce jour, je vis chez mon père et il me traite comme une princesse, je sais qu'il est prêt à faire beaucoup de choses pour moi.
*bruit*
Je sors de mes pensées noires et aperçois mon poster. Il est tombé.
Je descend prendre un bol de céréales. Mon père m'a fait une omelette avec des haricots verts pour ce midi. Cool, j'aime pas. Il a également laissé 5 euros sur la table avec un petit mot : "Je sais que tu es difficile, tu peux te payer quelque chose à manger si le plat ne te plaît pas. Bonne journée ma fille."
Adorable. Je monte m'habiller, je vais sortir pour me changer les idées et prendre l'air. Je vais appeler mon père.
- Allo papa ?
- Oui ?
- Est-ce que je peux prendre le métro pour aller voir tata ?
- Oui mais tu reviens à 18h.
Je sors. La station de métro est à 10 minutes de chez moi.
En arrivant, je croise une tête que je connais bien...