Amoureuse de la différence

Bouclette

Les pas s'approchent de plus en plus. Je reconnais l'ombre de mon père. Il s'installe mes côtés. Ma tête se pose sur son épaule, il me tient la main.
- Je t'ai vu partir en courant et je t'ai suivie. Raconte moi tout.
- Elle essaye de négocier avec moi pour que je retourne chez maman.
- Tu n'iras pas, je ne veux pas te perdre à nouveau.
- Merci papa.
Je me blottit contre lui, en sanglot.
- J'ai quitté ta belle-mère.
Un sourire se lit sur mon visage.
- Ça n'allait plus entre nous, et c'était la chose en trop.
Il me prend dans ses bras, nous sommes immobiles. Pendant 5 bonnes minutes, nous restons par terre, sous la pluie et dans les bras.
- On y va. Tu es tremblante.
- Oui.
Il me lève et me porte jusqu'à la voiture. J'ai l'impression d'avoir 6 ans. De retour à la maison, je monte me coucher. Demain je retourne en cours et j'appréhende. Je vais essayer de me faire discrète. Mon téléphone vibre. Une notification. Le numéro est inconnu, je répond pas. Cette nuit est douce, je me sens légère, mes yeux se ferment et je me sens partir pour la nuit.
Mon réveil sonne. Je prend une douche fraîche et m'habille avec des vêtements pris au hasard dans mon armoire. L'arrêt de bus n'est pas loin de ma maison, j'ai 3 minutes de marche. Les écouteurs en main, les cheveux en bataille et ma sacoche sont 3 choses qui me représentent bien. Le bus arrive, je monte, il est plein. Je reste debout près des portes. Les gens me fixent. Après plusieurs minutes de bus, il s'arrête devant mon lycée, je descend. Dans le hall je vois Liam et ses amis. Ils me regardent de haut en bas et crachent à côté de moi. Une jambe se tend. Je tombe parterre.
- Alors ? On tient pas debout ?
Je prend mon sac et me relève seule. Liam me fixe en rigolant. Mes jambes sont lourdes, je ne suis pas très bien. Tout résonne autour de moi, je m'installe dans un coin pour respirer un bon coup. La sonnerie retentit. Je me dirige lentement vers la salle de maths. La prof nous dit bonjour, on s'installe, et comme d'habitude je suis seule au fond de la classe, je ne veux personne avec moi.
- Aujourd'hui nous avons une grande nouvelle les enfants.
Les élèves se regardent tous, tandis que je n'y prête pas attention.
- Nous allons reçevoir un nouvel élève, anciennement descolarisé, je vous demande donc d'être gentils avec lui.
Le "anciennement descolarisé" me laisse perplexe.

Je lève la tête, c'est bien lui, je reconnais ses cheveux bouclés et en bataille...