Sa langue a fourché, le FDP!

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Quand je vis Malicka de retour de mon excursion, je me suis sentie subitement mal à l'aise. Elle ne dormait toujours pas. Elle avait pris l'habitude d'attendre que je sois rentrée avant de dormir.

- Alors, ça a été ? me demanda-t-elle innocemment.

- Oui. Comme dab.

Pas besoin de s'étaler. Je me déshabillai, m'allongea et lui souhaita bonne nuit. Je fis semblant de dormir. Mais quand je fermai les yeux, je ressentais encore dans mon bas-ventre les choses qu'il m'avait faites. J'aurais dû me sentir honteuse, coupable mais ce ne fut pas le cas. J'étais plutôt excitée.

Par la suite, la vie reprit son cours. Même si bien des choses avaient changé.

D'abord, Ismaël et moi n'avions plus envie de parler de ce moment de faiblesse. C'était arrivé qu'une fois et d'un accord tacite, nous avions convenu que c'était la première et la dernière fois que nous couchions ensemble. Nous tenions beaucoup trop à Malicka. Le lui avouer, ce serait risqué de la perdre. Elle se rendrait compte qu'Ismaël est un homme comme les autres, qu'il porte un masque comme le loup qui se faisait passer pour la grand-mère du chaperon rouge. Mais surtout, elle verrait que je ne suis pas une bonne amie et qu'elle a tort de faire confiance à qui que ce soit. Sortir cette bombe fera du mal à chacun d'entre nous et encore plus à Malicka.

Ensuite, comme si elle le savait, Malicka revint vers lui. Elle devait être lasse de refouler des sentiments qui étaient bel et bien présents. Ismaël était donc de plus en plus en chambre, chez nous. C'était extrêmement pénible. Je devais supporter de les regarder s'amouracher sans rien laisser paraître. J'étais perturbée. Je ne pensais pas être amoureuse de lui. Ismaël n'était pas mon genre d'hommes. C'était par curiosité que je m'étais si facilement laissé tomber dans ses bras. Alors pourquoi ne pouvais-je m'empêcher d'être jalouse ? Pourquoi je ne pouvais supporter qu'il lui accorde tant d'attention ? Je le savais qu'il l'aimait. Je savais qu'elle l'aimait. Pourquoi donc a-t-il fallu que je me mette dans un tel pétrin ? J'avais emmêlé les pinceaux Amour et Amitié et maintenant j'en payais le prix fort.

Enfin, Malicka revenue à lui, je n'existais plus pour Ismaël. Il n'avait d'yeux que pour elle. Je n'étais plus sa confidente, son amie des faux coups. J'étais juste la meilleure amie de Malicka. Je refusai de lui montrer qu'il me faisait de la peine. J'encaissai donc chacun de ses coups avec le sourire, espérant qu'il se passe quelque chose entre lui et Malicka et que je n'ai plus à le supporter. J'emmêlais à nouveau les pinceaux Amour, Amitié et Haine.

Et puis un jour, tout bascula. Comme si la secousse déjà vécue n'avait pas fait assez de dégâts.

Malicka rentra en chambre, furieuse. Je la voyais rarement dans cet état. Elle était généralement calme en apparence même quand ça bouillonnait à l'intérieur. Ça devait être une sacrée chaudière pour qu'elle exprime sa colère.

- Tu as couchée avec Ismaël ? Me lança-t-elle au visage.

J'étais tellement surprise que j'éteignis la télévision et m'assis sur le lit. Je prenais mon temps surtout pour analyser et décider de comment je répondrais.

- De quoi tu parles, Mali ?

- Ismaël m'a dit que vous aviez couché ensemble.

- Et tu le crois ? Qu'est-ce qui s'est passé ? A quelle occasion te l'a-t-il dit ?

Elle pleurait.

- Je lui ai dit que je n'étais pas prête pour une relation ; que j'avais déjà tout donné sans rien recevoir et que j'avais peur. C'est là qu'il s'est emporté et je ne me souviens plus de la conversation sauf du moment où il a hurlé que je pensais être entourée de bonnes personnes alors que ma meilleure amie même avait couché avec lui.

- Il était en colère. Normal qu'il dise n'importe quoi. Il voulait te blesser.

- Sauf qu'il s'est tu par la suite. Il s'est rendu compte qu'il avait dit une bêtise et a essayé de rattraper le coup. Mais c'était trop tard. Sa langue avait fourché et le reste de son corps avait acquiescé.

Elle était plus calme soudainement et me scrutait à la recherche d'un moindre signe qui pourrait constituer un aveu. Je baissai le regard et quand je la regardai à nouveau, je dis :

- Oui. Il s'est passé un truc dans le genre entre nous.

- Dans le genre ?

La colère suintait dans ses mots. Je me confondis en excuse, essayant de lui expliquer l'impensable. Elle, semblait apaisée maintenant qu'elle savait la vérité. Un peu trop à mon goût. Il n'y avait rien qui pouvait me faire encore plus de peine. Je me mis à ses pieds, lui criant que je ne veux pas la perdre. Elle rajusta son voile et sortit de la chambre. 

Le varanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant