Sortie avec Ismaël

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(Chapitre déconseillé en mois de Ramadan et aux moins de 18 ans. Merci)

Mars vint. Mars, comme le dieu romain de la guerre du même nom, fut un mois trouble. Dans la première semaine dudit mois, Ismaël m'attendait à la tombée de la nuit en bas de l'immeuble. Il m'invitait à sortir. Malicka n'y voyait aucun inconvénient. J'étais sa meilleure amie ; elle me faisait entièrement confiance. Elle reconnaissait que c'était de sa faute s'il préférait sortir avec moi. Après tout, c'est elle qui prétextait avoir du travail pour ne pas se retrouver seule avec lui.

- Aujourd'hui, on dîne Chez Ana. Tu connais ?

- J'en ai entendu parler, mais je n'y suis jamais allée. Il paraît que la nourriture y est bonne.

- Tu le découvriras par toi-même, ajouta-t-il en me faisant un clin d'œil.

Il démarra, inséra sa clé USB dans le lecteur et la voiture se remplit des vers du poète des temps modernes, Grand Corps Malade, notre slameur préféré.

Nous arrivâmes à Angré devant une enseigne affichant une femme noire ronde portant un tablier sur lequel était écrit « Chez Ana ». Le local était très éclairé et les nombreuses voitures garées soulignaient l'affluence à cet endroit. Après avoir longtemps cherché un créneau pour la voiture, nous sommes entrés dans une sorte de fast-food à l'américaine mais sans les plats américains. Chez Ana, on ne servait que des plats africains ; du thieboudienne sénégalais au fameux alloco ouest-africain en passant par le couscous marocain. Je trouvais cela tellement antipodal (américain et africain) que j'en tombai amoureuse. L'on trouva une table suffisamment à l'écart et commandions deux plats d'attieke et de poissons braisés.

Comme promis, la nourriture était excellente, l'ambiance charmante. Je le jurai à moi-même d'y inviter Malicka avant qu'Ismaël ne me devance. Elle l'adorera également. C'était une belle soirée ; Ismaël jouait au plouc et regardait ici et là s'il y avait de belles femmes.

- Euh...c'est pas Haram ça ? lui demandai-je.

- Bah non. J'admire l'œuvre d'Allah.

Nous rîmes et je l'aidai à trouver des perles rares.

- Eh ! tu viens visiter chez moi ? dit-il soudain. Je me rends compte qu'on n'y est jamais allé ensemble.

- Comme aujourd'hui, tu as fait le ménage là, tu veux bien me laisser venir. Depuis le temps que je t'interpelle.

Il sourit juste, régla l'addition et nous sortîmes du restaurant.

Nous arrivâmes devant un immeuble en plein centre de la Riviera Palmeraie. C'était un immeuble commun, comme il y en a plusieurs à Abidjan. Je ne m'attarderais donc pas sur la description. La porte de l'immeuble s'ouvrit automatiquement lorsque nous fûmes en face. Ismaël salua le vigile/portier et je fis de même.

Ismaël vivait au deuxième étage. L'ascension fut épuisante mais je ne fus pas déçue. Galanterie oblige, il tint la porte de son appartement jusqu'à ce que je sois à l'intérieur. L'appartement était très spacieux et la décoration était la même que celle de l'immeuble, c'est-à-dire banal. C'était un homme qui vivait seul, pas la peine de dépenser en décoration.

- Je peux comprendre que tu es célibataire mais s'il te plaît, soigne la décoration de ton appartement.

Il était à son bar et me regardait bizarrement.

- Eh ! Il y a un bar rempli et c'est tout ce dont j'ai besoin.

Je ris de bon cœur.

J'étais en pleine contemplation d'une photo de famille posée sur une étagère quand je sentis sa main sur mes hanches. Il était juste derrière moi. Il posa sa tête sur mon épaule. Je pouvais sentir son souffle. D'un coup de bras sec, je me retrouvais face à lui. J'étais à deux centimètres de ses lèvres. J'étais tellement troublée que je respirais à peine. Je ne saurais dire combien de temps nous restâmes dans cette position mais pour moi ce fut un supplice que d'être aussi proche de lui et de ne pas avoir ce courage de l'embrasser, de le toucher. Subitement, il s'en alla. Il tenait sa tête entre les mains en avançant vers le bar. Il semblait frustré. Il avait enlevé sa veste et déboutonné quelque peu sa chemise. Il n'en fallut pas plus pour éveiller ma curiosité. C'était mon ami, presque mon frère mais j'avais envie de lui. J'avais envie de savoir ce qu'il offrait à toutes ces filles pour qu'elles en soient aussi folles. Mais ma morale me rappelait que Malicka en était amoureuse et que je ne pouvais lui faire ça. Pas à ma meilleure amie. Mon varan avait fait son apparition.

Il nous servit un peu de vin et vint s'asseoir près de moi, de l'autre côté du bar. Je tombais encore plus sous le charme. Je bus quelques gorgées de vin. Il me dévisageait. D'une manière assez spéciale. Comme s'il me voyait nue. Le vin commençait à me faire de l'effet. Il se leva de son siège. Je fis de même. J'avançai vers lui jusqu'à ce que nos corps ne soit plus que séparer par nos vêtements. J'avais soudainement une montée d'adrénaline et de courage. Je voulais plus. Je LE voulais. Je chuchotais donc dans ses oreilles : « Je veux que tu me fasses la même chose qu'à toutes ces filles ». Il me prit par la taille et me tira encore plus en avant vers lui. Et c'est là que le moment que j'attendais le plus se produisit. Ses lèvres douces se posèrent sur les miennes. Je mis un certain temps avant de répondre à son baiser. Puis mes lèvres fondirent entre les siennes. Il prit ma tête entre ses mains pour encore plus sentir mes lèvres. Ma langue chercha la sienne. J'avais envie de plus. Ma main descendit instinctivement sur sa taille. Il retira ma main et me prit par la taille avant de me poser sur le bar. Il me regarda avec une telle intensité que j'étais mal à l'aise. Puis il recommença. Son baiser était cette fois-ci exigeant, ferme, impatient. Il me désirait plus que jamais. Impatient, il me fit descendre, me prit par la main et me conduisit à sa chambre. Elle était plongée dans l'obscurité. Toutefois, je pouvais distinguer un grand lit qui s'y trouvait au centre.

Je n'arrivais pas à croire que j'allais coucher avec Ismaël ce soir. Je ne pouvais pas faire ça à Malicka. C'était ma meilleure amie ; elle l'aimait et aux dernières nouvelles, lui également. Où est passée sa foi ? Où est le musulman que Malicka croit qu'il est ? Et puis fuck la morale !

Il me jeta sur le lit puis vint me rejoindre. Nous étions face à face. Il m'embrassa à nouveau avec fougue tandis que ses doigts pianotaient le long de mon corps. Ils agrippaient ma fermeture éclair et la fit descendre. En dessous de ma robe, je ne portais pas de soutien-gorge. Il la retira. A mon tour, je déboutonnai lentement sa chemise. Il ne portait pas de débardeur. Ses abdominaux était à couper le souffle.

_ Fatima , tu es trop bonne. Laisse-moi te faire l'amour. Tu ne seras pas déçue. Promis.

Il s'attendait à une réponse ? Vraiment ? Comme réponse, je l'embrassais. Mes mains agrippaient sa nuque. Ma main se dirigea à nouveau vers sa taille. Il frotta son érection contre mon bas-ventre. Puis il posa ses mains de chaque côté de ma tête. Et enfin, il tint sa promesse. Je ne fus pas déçue de cette partie de jambes en l'air.

Dans le noir, je parvenais à distinguer son sourire. Il semblait être satisfait. Un silence s'abattu entre nous. Nous voulions profiter de ce moment intime. 

Le varanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant