Je l'ai rencontrée en fin d'été, un matin où le soleil n'avait daigné se lever. Je marchais dans les rues bien trop désertes pour que ce soit réel. La pluie s'écoulait le long des trottoirs, éclaboussant mes chaussures à chacun de mes pas. L'eau ruisselait sur mes épaules couvertes d'une simple veste qui n'avait pas la chance d'être imperméable.
Perdue dans mes pensées, m'interrogeant dans le plus profond de mon âme.
Et c'est alors que je l'ai vue. Jeune femme au corps si fin, se balançant dans une longue robe noire qui découvrait ses bras, ses épaules et une partie de son dos. Ses yeux gris plein d'une sensualité aguicheuse, ses longs cheveux de jais tombant en cascade dans son dos. Pieds nus, elle dansait comme seules savent le faire les déesses.
Je fus subjuguée par la grâce de ses mouvements, par son regard et ses mains virevoltant au dessus de sa tête. La pluie elle même semblait s'accorder sur la chorégraphie quand elle s'écrasait silencieusement sur sa peau blanche.
Je m'approchai doucement, curieuse, mais méfiante. Une douce mélodie résonna en moi, parfaitement synchronisée avec la danse de ma sombre déesse. Celle ci fait un pas vers moi. Nos yeux se rencontrent. Un courant électrique passe, j'ai mal une première fois. Sans cesser de danser, elle m'entraîne avec elle. Un ballet débute. Elle me frôle parfois. Ce léger contact s'accompagne d'une nouvelle douleur.
Nous avons dansé sans nous arrêter jusqu'au début de l'hiver.
Nous avons dansé même quand le froid et l'humidité mordait ma peau avec violence.
L'automne fut destructeur, rasant le reste de mes pensées, ne laissant que cette femme dans ma tête. Et la douleur. J'ai cessé de danser. J'ai reculé. La tentation de la toucher me démangeait depuis trop longtemps, mais je savais que si je tombais dans ses bras, en sortir serait impossible.
Je suis partie.
Je l'ai laissée là, à tournoyer seule sur une musique invisible. Mais ce fut une victoire trop simple. Ma déesse avait envahi mon esprit. Je suis retournée la voir, et maintenant, même sans avoir succombé, j'ai l'impression d'être piégée.Chaque maudite fois où elle danse près de moi, je tressaille, elle me frôle volontairement, un sourire aux lèvres.
- Je sais ce que vous essayez de faire, je murmure.
Elle sourit simplement, en réponse à ma remarque.
- Sortez de ma tête, je n'en peux plus.
À nouveau elle garde le silence, ses yeux braqués sur moi. Elle poursuit sa danse en avançant dans ma direction. Mon cœur s'arrête de battre. La jeune femme se poste à quelques millimètres de moi, nos corps sont presque à se toucher. Je ne respire quasiment plus.
- Madame, permettez moi de vous dire que vous êtes une danseuse dangereuse, je dis dans un souffle doux et mélancolique.
Le sourire de ma déesse s'agrandit au point de dévoiler des dents parfaites et blanches. Elle pose doucement le bout de ses doigts sur ma taille. Je frissonne en grimaçant de douleur.
Je lutte pour ne pas céder, pour ne pas me laisser glisser contre elle.
Femme fatale aux cheveux nocturnes.
Spleen Infernal.
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Spontanéité
RandomRecueil imprécis, improvisé. Recueil plein de mots pas forcément ordonnés. Recueil de l'intérieur de ma tête. Recueil d'impatience, parce que mes projets sont longs à venir. Recueil d'attente. Recueil tout simplement. [TW : pas de thèmes particuli...