À L'école

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Je me suis dirigée vers notre appartement, la tête baissée, toute honteuse. Je me suis sentie souillée et incomprise. Mais je gardais le silence malgré moi. Je suis allée me laver en frottant rigoureusement mon corps, espérant me débarasser de ce sentiment de dégoût. Quelques minutes après mon frère m'appela et me dît d'aller lui acheter des cigarettes à la boutique. Aly, est le frère aîné de ma famille maternelle. Malgré son humeur de chien et son caractère difficile, c'était une figure paternelle à mes yeux. Il m'avais mise à l'école et m'incrivais à des cours supplémentaires du soir et du week end chez ses amis, qui dispensaient des cours à domicile. Sur le chemin vers la boutique, je ne pouvait m'empêcher d'ajuster ma robe décolorée. Je croyais que ce que je venais de vivre avec tonton Ciss été visible. J'étais terriblement timide, au point de longer les murs quand je sortais dans la rue. Je n'osais pas lever les yeux sur les autres. J'étais incapable de soutenir leur regard.
Les semaines se succédaient, monotones, et rien ne changait dans mon quotidien et tonton Ciss continuait de plus belle avec ses attouchements.
La rentrée des classes était dans la première semaine du mois d'Octobre. Les jours se succédaient et j'apréhendais mes journés d'école que je devais alligner avec les travaux ménagères et surtout le rejet de mes camarades. Tout d'un coup ces moments d'apréhension m'avaient donné une force rebelle de tout faire pour être bien traitée à l'école. J'étais très studieuse à l'école.
La veille de la rentrée, mon frère m'appela à son retour de l'entrainement.
-Aly: Salla viens ici. Dit-il d'un ton sec.
-j'arrive Aly dis-je en accourant vers lui.
-Aly: demain sera la rentrée des classes et tu passeras en CE1 et je veux que tu travailles bien.
-oui. Dis-je machinalement.
-Aly: je n'ai pas encore la sommes complète pour ton inscription mais d'ici la semaine prochaine ce sera faite. Maintenant n'oublies surtout pas que tu dois bien te conduire et obtenir de très bonnes notes.
- oui
Cette conversation ou plutôt ce sermon étaient une routine de tous les ans. Et je gardais toujours à l'esprit ses parole et m'attelais aussi à les exécuter.
Le jour de la rentrée, j'avais enfilé la robe que maman m'avait achetée pour la fête de Korité. C'était une belle robe marron de style Gracie Lindsay avec un chapeau et un petit sac en bandoulière assortis. Sur le chemin de l'école il y avait toujours certains de mes camarades qui me provoquaient. Mais je me trouvais trop belle dans ma robe pour me battre avec qui que ce soit. Mes nouvelles tresses avaient donné une lueur à mon visage d'ange.
Devant la porte de la classe, nous nous sommes mis en rang et le maître tenait une liste et appelaient chacun pour entrer dans la classe. Il nous a ensuite ordonnés de recopier la liste des fournitures à acheter qui était écrite au tableau.
Il a pris le soin d'acheter petit à petit les outils pédagogiques les plus nécessaires. Quelques mois plus tard, je suis sortie première de ma classe. Quand mon frère a récupérer mon cahier en tant que tuteur, je me suis précipitée pour raconter la bonne nouvelle à maman dans le but de la rendre un peu plus fière de moi afin d'avoir un peu de paix. Le lendemain soir, mon second grand frère avait appelé à la maison et moi toute joyeuse j'ai demander à maman de me le passer.
-Salut Dev je suis première de ma classe, lui annoncé-je toute excitée
-Dev: Légui nak (et alors)
- Pour rien je voulais juste te faire part de la bonne nouvelle répondis-je le visage assombri par la tristesse.
Je me souviens encore de cette discussion plus de 10 ans après. Surtout quand je vois ses enfants obtenir d'excellentes notes grâce à mon encadrement. Et ça me réjouis surtout parce que ces mots m'ont blessée mais ils m'ont donner le courage de me sentir fière pour moi-même et pas pour les autres. Aujourd'hui, je suis fière de l'universitaire que je suis devenue grâce à mes efforts et à ma force. Et pourtant, j'allais à l'école le ventre vide. L'après-midi, Fatou retardait le repas pour que je ne puisse pas déjeuner. Je restais avec un ventre qui criait famine pour toute la journée. Mais un jour alors que j'étais en CM2, je l'ai vu sur le trottoir de la route en face de l'école. Oui c'était lui...

Labyrinthe de la vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant