L'Esprit Angélique _ Terminée _

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- Génial, marmonna Laureline, accroupie derrière un mur à l'entrée d'un grand bâtiment gris de plusieurs étages. Non seulement on est dans un repaire de Démons qui veulent notre peau, mais en plus il fallait qu'ils soient planqués dans un endroit où tous les couloirs sont identiques.

Bastien haussa les épaules en tâtant ses poches.

- Tu sais ce qu'on dit ; quand on sait pas où aller, faut toujours continuer tout droit.

Laureline le regarda avec étonnement. Elle secoua la tête et se glissa dans le bâtiment avec une facilité qui ne la surprit guère. Les Démons ne s'étaient pas donnés la peine de verrouiller l'entrée, étant persuadés qu'ils étaient les seuls à pouvoir y pénétrer.

- Je ne pense pas qu'on va vraiment être pris pour des Démons, siffla la jeune fille entre ses dents.

- Au contraire, regarde.

Laureline leva les yeux dans la direction indiquée et vit un petit groupe de Démons à l'apparence humaine, vêtus de noir de la tête aux pieds. Cependant, un petit détail d'une grande importance retint son attention : tous, sans exception, avaient les yeux rouge luisants.

- Baisse les yeux ! ordonna-t-elle à Bastien en s'accroupissant.

Elle fit mine de refaire ses lacets pendant que Bastien se plongea dans la contemplation de son poignet. Les Démons passèrent à côté d'eux sans leur accorder un regard, en parlant dans une langue que la jeune fille ne connaissait pas. Quand ils furent partit, elle se releva.

- On a de la chance qu'on ait réussi à camoufler nos pouvoirs d'esprits angéliques, sinon on était foutu. Mais s'ils voient nos yeux, ils vont savoir qu'on les a berné.

Bastien esquissa un petit sourire mystérieux et sortit de sa poche un écrin. Il l'ouvrit et la jeune fille y découvrit des lentilles.

- Le problème, c'est qu'elles sont éphémères, prévint l'adolescent. Il faut les renouveler toutes les demies-heures.

- Tu es un génie, s'exclama Laureline en lui déposant un baiser sur la joue, ce qui le fit rougir.

Elle attrapa deux lentilles et se les mit délicatement. Sa vision fut floue quelques secondes, avant de revenir à la normale. Bastien laissa échapper un petit sifflement.

- Wouah ! C'est flippant !

La jeune fille rit tandis qu'il l'imitait. Quand il releva la tête, elle eut un choc. Jamais le jeune homme ne lui avait paru aussi ténébreux. Elle rabattit la capuche sur sa tête et traversa le couloir sans réussir à se retirer la vision de ces yeux rouges.

En s'approchant d'une porte entrouverte, elle s'arrêta. N'osant pas regarder de nouveau son ami, elle dit :

- Je pense qu'on devrait essayer par là.

- Allons-y. Mais je pense qu'on devrait éviter de parler, ça pourrait attirer l'attention sur nous.

Les deux jeunes traversèrent la porte, qui menait à un couloir identique à celui qu'ils venaient de quitter. Une nouvelle porte s'ouvrit devant eux, puis encore deux autres, toutes identiques et menant au même couloir morne. Laureline sentit sa patience flancher. Les pas de Bastien se rapprochèrent et il se plaça à ses côtés.

- Tu marches trop vite, murmura-t-il. Les Démons ne sont pas si pressés.

La jeune fille tenta donc de ralentir. Mais peu après, elle se sentit agacée de traîner les pieds. Ils perdaient trop de temps, et la seule observation qu'ils avaient pu faire était que les Démons pouvaient garder forme humaine, ce qui ne les avançaient pas beaucoup.