TEXTE 16

112 10 41
                                    

31 mars 2011, Redmond.

Roxanne

« Si tu n'oublie pas ce pourquoi tu te bats, jamais tu ne pourras manquer ta cible. »

Autrefois, c'est ce que me disait mon père. Comme s'il avait peur que je l'oublie, il me le répétait sans cesse. Mais au contraire, ses paroles me reviennent sans cesse en mémoire. Ses mots, à l'époque, n'avait pour moi, pas vraiment de sens. Mais aujourd'hui, à mes yeux, ils résonnent comme une motivation impérissable.

« Hey, calme tes hormones, Roxy, me lance mon frère. On dirait que tu vas tuer quelqu'un. »

Je tourne brièvement la tête vers lui pour l'incendier du regard, comme je sais si bien le faire. Ce n'est clairement pas le moment de plaisanter. Pas aujourd'hui. Pas maintenant. Pour toute réponse, il hausse les épaules en signe de reddition.

Je les sens approcher, ils sont tout près d'ici. Je le sais, je le sens.

Alors que j'allais continuer ma ronde, un mouvement derrière un buisson me fait sursauter. Instinctivement, je sors mes griffes. Un simple coup de griffe peut être aussi décisif qu'une balle, mais la précision et la force requises à cet effet me demanderaient un effort inimaginable. Et pour cause, la venue imminente de l'alpha ennemi m'angoisse au plus haut point.

Je sais pertinemment que du haut de mes treize ans, il ne mettra pas longtemps à me mettre à terre. A partir de ce moment, ma vie ne dépendra que de sa volonté à me tuer pour son plus pur plaisir, ou à me laisser la vie sauve, au plaisir de se battre avec moi durant toute une vie.

Je fais un signe de tête à Alex pour lui montrer le buisson. Celui-ci devenu immobile, mon frère hausse les sourcils, me demandant silencieusement de clarifier la situation.

Je soupire en levant les yeux au ciel et lui fait comprendre en un signe de la main qu'il peut aller faire sa ronde de son coté. Je peux très bien m'en occuper seule.

En cette période d'Automne, les feuilles orangées jonchent le sol. Elles constituent la seule touche de couleur percevable dans cette forêt qui regorge de ténèbres et qui à elle seule, est semblable à l'obscurité même. Ces feuilles craquent inlassablement sous mes pieds alors que je me rapproche doucement du buisson.

Mon sang ne fait qu'un tour lorsque deux loups en surgissent brusquement. Je laisse alors ma véritable nature prendre le dessus et me métamorphose à mon tour en une louve plus agressive que jamais. Je saute sur l'un d'entre eux et il tombe lourdement sur le dos sous mon poids. Je grogne, faisant ressortir mes crocs d'un blanc éclatant, tout en plongeant mon regard dans le sien en m'attendant à y lire une haine inexplicable ou encore une crainte indescriptible qu'il essaie en vain de cacher. Mais je me surprends à reconnaitre ce regard. Ces yeux rieurs que je reconnaitrais entre milles, ce sont ceux de mon cousin, Léo. C'est pourquoi je ne suis pas surprise en découvrant ma cousine, Eliana derrière moi.

« Qu'est ce que vous faites ici ? Soufflai-je alors que nous reprenons notre forme humaine, vous m'avez fait peur.

- C'était l'effet escompté, Bulldozer, sourit fièrement Léo. »

Ce surnom date du jour ou j'ai dû faire mes preuves devant toute la famille, ce jour la, j'avais réussi à mettre à terre plusieurs de mes cousins. Depuis ce jour, Léo estime que je suis un véritable Bulldozer.

« Je tiens à préciser que c'était son idée, me dit Eliana. J'ai vingt deux ans, je n'ai plus l'âge pour ce genre d'idées.

- C'est drôle, ce n'est pas l'impression que j'ai, rétorque son frère.

Fais péter ton prologueWhere stories live. Discover now